Blog de Laure Leforestier

A gauche ma ville ? Nan, c’est une blague…

Je fais partie des 5 839 membres qui soutiennent le cinéma d’art et d’essai Le Melville sur Facebook. Et je reçois la lettre hebdomadaire envoyée par son directeur, Jean-Michel Mongrédien qui nous tient au courant des difficultés qu’il rencontre à faire vivre sa structure. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les collectivités locales ne l’aident pas. Voici un extrait du message qui m’est parvenu aujourd’hui :

Chers spectateurs,

Nous avions prévu d¹organiser le 12 décembre 2009 avec  Les Verts  de la Ville de Rouen une journée de projections de films et de débats à l’occasion  du sommet de Copenhague. La Ville a repris ce projet à son compte en interdisant que cette manifestation se déroule au Melville. (…)
Encore une fois, nous constatons l'acharnement du Maire à vouloir faire disparaître Le Melville du champ culturel de la Ville.

La manifestation aura bien lieu en effet, mais elle se passera … au Gaumont ! Il faudra m’expliquer la logique qui pousse une municipalité à subventionner chichement, mais à subventionner tout de même encore cette année,  un cinéma d’art et d’essai qui tient une longue tradition de débat citoyen tout en privilégiant pour la circonstance l’un des plus gros groupes cinématographiques. Chronique d’une mise à mort annoncée ? J’en ai bien peur ! Enfin, il paraît que c’est une majorité socialiste qui dirige ma ville…

Soutien au Melville

Le 4 juin, un article paraît dans Paris-Normandie relatant les difficultés du seul cinéma d’art et d’essai en centre ville à Rouen, le Melville, menacé de disparition. La raison ? Le département de Seine-Maritime ne soutient plus financièrement la pérennité du lieu. Cycle infernal, le département se désengage car la Ville de Rouen aussi. La réaction est immédiate, un groupe de soutien se crée sur facebook. En une semaine, plus de 2 000 personnes se sont inscrites. Si vous voulez rejoindre le mouvement, c’est là que ça se passe.

4 Juin : Création du groupe de soutien au Melville.

5 Juin : 150 membres dans le groupe de soutien au Melville.

6 Juin : 400 membres dans le groupe de soutien au Melville.

7 Juin : 850 membres dans le groupe de soutien au Melville.

8 Juin : 1400 membres dans le groupe de soutien au Melville.

9 Juin : 1800 membres dans le groupe de soutien au Melville.

10 Juin : plus de 2000 membres dans le groupe de soutien au Melville.

 

So, they could !

Ils sont incroyables, ils l’ont fait, ils y ont cru... Le même peuple qui avait élu il y a 4 ans George W. pour tout un tas de mauvaises raisons, a donc élu hier Martin Luther King réincarné en Denzel Washington avec une voix de super héros ! Je ne sais pas si cela changera la face du monde mais j’ai déjà noté un truc trop cool. Cette nuit, la fête à Chicago ou à Central Park se dansait sur de la bonne musique. God bless black music !

Découvrez Gil Scott-Heron!

Mémoire sélective

Charlton Heston est mort. Et sa nécro, balayée par les télés et journaux internet met l’accent sur ses rôles dans les peplums de Cecil Billet de Mille et son rôle peu reluisant à la fin de sa vie, de président de la NRA de 1998 à 2003, bref un gros facho… 

J’ai plutôt envie de me souvenir du président du syndicat des acteurs, la Screen Actors Guild, et l'American Film Institute, du militant pour les droits civiques dans les années 50 qui a participé en 1963 à la marche sur Washington de Martin Luther King.

Et j’ai surtout envie de me souvenir de 3 films tournés dans les années 60-70 : La planète des singes, Soleil vert et Le survivant. 3 films de science-fiction qui méritent plus d’attention que la presse actuelle ne veut bien leur accorder.

En me baladant sur la toile, j’ai trouvé ce site qui parle à merveille de La planète des singes : Décors minéraux respirant le carton-pâte c’est certain, mais le film conserve toute sa force d’anticipation dans les séquences mettant en scène les bases de la société simiesque, à savoir le religieux, la justice et la science. Ces trois pôles, piliers de toutes organisations sociales, s’entrecroisent et s’entrechoquent pour peindre le tableau d’un monde proche de celui du Moyen Age, choix scénaristique en rupture avec les écrits de Pierre Boulle mais se révélant judicieux tant il met en avant l’universalité des travers humains. Ainsi, Taylor se voit traîné en justice par ces bêtes qu’il dominait jadis, dans un simulacre de procès que Schaffner nous offre comme la représentation d’une controverse, un reflet de différents procès historiques mettant en balance la Foi et la Science, l’Homme Blanc et le Noir. Date importante dans le cinéma de science-fiction et d’anticipation, la Planète des Singes reste aujourd’hui encore porteur d’un discours novateur, certes moins appuyé que celui de l’ouvrage, renvoyant à l’Homme un regard sur lui-même.

Avec Soleil vert, le réchauffement de la planète, les conditions de travail, la crise du logement, le pouvoir des classes dominantes sont déjà des questions d’actualité dans les années 70. Vision d’un futur possible ou caricature improbable ? Entre polar et SF, après Metropolis et avant Blade runner, j’avais 15 ans quand j’ai vu ce film à sa sortie, je crois que je ne m’en suis jamais remise…

Mais le film le plus traumatisant, tiré d’un roman de Richard Matheson que j’avais déjà lu, c’est assurément Le survivant traduction de I am a legend ou The omega man. L’histoire du dernier représentant de la race humaine sur terre après une catastrophe bactériologique, attaqué sans cesse par les mutants. Un remake est sorti récemment avec Will Smith. Plus de mutants mais des zombies. Le zombie d'aujourd'hui est enragé, il est encore plus celui avec qui aucun dialogue n'est possible, celui qui ouvre grand sa bouche pour vous mordre, pour vous blesser. La synthèse parfaite de ce qui fait peur dans les sondages, insécurité, terrorisme... Sans doute moins d’effets spéciaux dans la version avec Heston, où les méchants sont des mutants albinos regroupés dans une secte qui rejete toute technologie. Ils ne sont pas morts, ils sont totalement conscients de ce qu'ils font, ils ne mangent pas de chair humaine, bref, ce ne sont pas des zombies.

Alors il a sûrement très mal vieilli mais je m’en fous, j’ai juste envie de me souvenir de l’astronaute Taylor, du détective Thorn et du médecin Robert Neville.

Le charme languide de la province

Ah, les festivals de cinéma ! Il y a Cannes, le cinéma américain de Deauville et nous à Rouen, petits veinards, nous avons le festival du cinéma nordique, commis chaque année vers la mi-mars…

Loin du glamour et des paillettes d’un Brad Pitt et d'une Angelina Jolie ou d’un George Clooney, il faut un jour dans sa vie, assister à la remise des prix  de notre fameux festival pour goûter à fond le puissant sortilège de la vie de province.

Hier soir, donc, cérémonie de clôture de la 21^e édition de ce pétillant évènement cinématographique. La salle du Gaumont est pleine avec en guest stars un max d’acteurs et réalisateurs lituaniens et estoniens. Démarrage poussif puis projection d’une série de courts métrages d’Aki Kaurismaki avec les Leningrad Cowboys. Une chance que Kaurismaki soit finlandais ! Assez rapidement, la bande son se pourrit jusqu’à la limite de l’inaudible puis le film saute. Il est remis, le son est toujours aussi pourri comme la copie d’ailleurs, mais vaille que vaille, on arrive à la fin des 30 minutes de projection. La salle se rallume, et là, gros temps mort pendant dix minutes, on attend le seul technicien parti installer la suite de la soirée à la halle aux Toiles qui revient en courant rallumer les petites lumières en bas de l’écran, installer le pupitre et apporter les trophées.

Arrêtons nous un instant sur ces fameux trophées pendant que l’artiste plasticien élevé au rang de réalisateur, aux dires de l’animatrice de la soirée, vient nous expliquer la grandeur de sa conception. Un inextinguible fou rire commence à nous secouer, moi et mes petits camarades de ma rangée pendant ces explications, pouffements que nous essayons de contenir car assis juste derrière les « officiels » et nous finissons en larmes, voilà longtemps que je n’avais pas pleuré de rire ainsi… Pour traduire toutes ces visions conceptuelles (n’oubliez pas que nous sommes dans un festival international), la dame conclut avec un magistral « and ze trophies are in wood » qui finit de nous achever.

Nous passons à la remise des prix. Pas de son, pas d’image, dans un silence de mort, les heureux récipiendaires descendent longuement les marches de la salle pour venir récupérer leur prix. Dans un final époustouflant et un silence toujours aussi assourdissant, tous les membres des jurys et les lauréats remontent tous sur scène pour une grande photo de famille. Heureusement, à mes côtés, l’une de mes copines, facétieuse de nature, a animé cette soirée en lançant toujours à propos la claque qui se propage immédiatement au reste de la salle.

Cette grande fête du cinéma nordique se termine par une réception où étonnamment, mon camarade, ancien et estimé collègue, Edgar Menguy, se fait harponner par une jeune femme suspicieuse qui lui demande de prouver qu’il est bien invité à cette soirée. Je crois qu’Hélène Klein vient d’obtenir l’étude de son premier cas de discrimination…

Le cercle rouge

La culture ne peut être uniquement soumise à la loi du marché. Le rôle de l’Etat et des collectivités locales est de soutenir les formes d’expression indépendantes afin de permettre la pluralité de l’offre culturelle.

A Rouen, depuis 5 ans, la ville soutient le cinéma le Melville, seule salle d’art et d’essai de la région. Avec ses 4 salles, le Melville propose une programmation de qualité qui séduit les cinéphiles. Le Melville ne veut pas concurrencer les multiplexes, il préfère jouer la différence en programmant les films du moment en VO ou les longs métrages indépendants.

Aujourd’hui le Melville est en danger. En 2006, le cinéma a pu survivre grâce à des subventions exceptionnelles de la ville de Rouen, du département et de la région, chacune de ces collectivités lui versant 20.000 euros. Aucun soutien de la par de la Communauté d'agglomération rouennaise.

Alors qu’un audit récent demandé par la  Région  atteste de  la  saine  gestion  de  l'établissement  et évalue  entre  80.000  et  100.000  euros  les subventions  nécessaires  à  l'équilibrage  de  l'exploitation ,  seule  la Ville  de  Rouen  a  débloqué  30 .000  euros. La Région en revanche a opposé une réponse négative à la demande de subvention Si ces sommes ne sont pas obtenues, c’est clairement la fermeture du cinéma qui menace.

Etrange combat que celui mené par les élus socialistes visant à sacrifier les projets de Rouen au profit d’intérêts électoraux !

Vous pouvez soutenir l’action de l’association « Deuxième souffle » qui travaille de façon totalement indépendante à la sauvegarde du cinéma d’art et d’essai à Rouen.

Pour contacter l’association : [email protected]

Romanzo criminale

L’arrestation de l’écrivain italien et ancien terroriste Cesare Battisiti dimanche à Rio de Janeiro agite la sphère politique. Je ne saurais que trop vous recommander de faire un tour sur le wikipedia pour vous aider à vous forger votre propre opinion sur ce débat. Et si vous souhaitez avoir une idée de ce que furent les « années de plomb » en Italie, achetez ou louez ou empruntez à des copains le DVD de l’excellent film Romanzo Criminale de Michele Placido.

"Que la force soit avec toi!"

A lire absolument par les fans de Star Wars 
Hilarant pour les aficionados, non-initiés s'abstenir.
Sinon, j'ai pas tout à fait la même analyse puisque pour moi Luke Skywalker c'est François Bayrou...