Blog de Laure Leforestier

Le savant fou

Je continue avec ces chroniques d’Adèle et une difficulté croissante à trouver un titre adéquat. Hier soir donc, débat à  la Halle aux Toiles entre les deux aspirants à la mairie organisé conjointement par France 3 Normandie, France Bleu Haute Normandie et Paris-Normandie. L’enregistrement est réalisé en deux parties à la suite l’une de l’autre. Une première partie de 45 minutes qui sera retransmise à 22h35 ce soir sur France 3 Normandie puis une deuxième partie de 30 minutes, en ligne sur le site France 3 Normandie à partir de 19 heures ce soir.

La salle est pleine et il y a du beau linge. représentants du Port et de la CCI, commerçants, restaurateurs chics, quelques maires de l’Agglo, tout ce que la ville compte comme président de ceci ou cela. La table du débat est installée en plein milieu. A ma droite, la liste de droite, à ma gauche la liste de gauche. Quatre journalistes pour mener ce débat qui démarre avec quelques considérations d’ordre général. Une question de Marc Alvarez (France Bleu) à l’attention de Pierre Albertini qui s’affirme en candidat libre mais avec le soutien de l’UMP et du Modem : "Allez vous récupérer toutes les voix du Modem ?". Réponse de l’intéressé : "En tout cas les militants du Modem ont voté."  Certes, ce sera l’occasion de vérifier s’il y a un décalage entre les militants et les électeurs dimanche prochain.

Un reportage micro-trottoir interroge les Rouennais sur leur ville. Les sujets récurrents sont côté positif la rénovation des quais, l’extension des voies piétonnes, la mise en service de TEOR, côté négatif la saleté, le stationnement, la difficulté d’accès au cœur de ville, le stationnement. Jean-Pierre Boulais (Paris-Normandie) rappelle que les principaux thèmes de la campagne de 2001 portaient déjà sur la circulation et la propreté. D’où cette question : "Rouen est-elle indécrottable ?". Le maire sortant se défend en renvoyant à la décision prise en 1997 d’installer des bacs en centre ville sans se préoccuper de la possibilité des immeubles d’accueillir ce type d’équipements dans leurs halls et explique les désordres de la circulation par les nombreux chantiers dont celui de TEOR qu’a connu la ville ces dernières années. A juste titre selon moi, Valérie Fourneyron l’attaque sur la médiocrité des espaces publics, j’en ai déjà parlé de cette voirie rapiécée, sur le manque de lisibilité des espaces piétons et des pistes cyclables. Je note aussi au cours de la discussion qu’elle sera la seule à faire souvent référence à l’environnement et à la nécessité impérieuse de modifier les pratiques en matière de déplacement.

Deuxième reportage, celui-ci sur les chantiers du futur mandat. On passe au bilan du Maire qui se dit satisfait d’avoir réouvert des équipements fermés dans lesquels (est-ce l’émotion du débat) il inclut la médiathèque. Assez ironique pour ceux qui connaissent aujourd’hui les conditions d’utilisation de la bibliothèque Villon… Il est également fier de l’aménagement des hangars et de ce qui a été réalisé sur les hauts de Rouen grâce au GPV. Ses regrets portent sur la propreté, la circulation et l’embellissement de la ville, trois sujets qu’il se promet bien d’améliorer si les électeurs le reconduisent dans ses fonctions. Valérie Fourneyron l’attaque surtout sur la méthode et cite ainsi la médiathèque. Il lui coupe la parole, elle lui répond fine mouche : "Vous avez du mal à écouter sur ce dossier peut-être". Ses autres critiques du bilan porteront sur l’emplacement du palais des sports, les futurs docks qui appauvriront le commerce et le cinéma de centre ville et le manque de construction de logements sur les quartiers GPV.

Dernières escarmouches autour du palais des Congrès et conclusion de cette première partie télévisée. Le temps me manque ce matin pour vous décrire la partie du débat qui sera en ligne. Je vous recommande vivement le passage à propos de Laurent Fabius, les réponses de Pierre Albertini sont tout de même assez comiques quand on pense à l’agressivité de ses supporters sur les blogs.

Quand tout est terminé, je fais un petit tour des popotes pour recueillir des réactions. La plupart des spectateurs s’accordent à arbitrer un match nul, autant dire que ce débat n’influencera guère les électeurs dans leurs intentions de vote. Je me fais juste cette remarque. Il était communément admis dans l’entourage de Pierre Albertini qu’il était infiniment meilleur en débat que sa rivale, d’où l’excitation de ses partisans à réclamer à cor et à cri cette confrontation. Valérie Fourneyron s’en est très bien sortie, il ne l’a pas « éclatée » comme certains en rêvaient. Tout ceci me confirme ainsi qu’à d’autres observateurs de la vie politique rouennaise, que la candidate socialiste a énormément progressé et qu’elle s’améliorera encore si elle endosse l’habit de premier magistrat dimanche prochain. Maintenant, connectez vous sur France 3 ce soir et à vous de juger... 

Tous des monstres (mais c’est bien la dernière fois !)

Dernier dimanche de marché hier midi. Non, ce n’est pas la dernière fois que j’irai au Clos, j’adore ce rite social rouennais, mais la prochaine fois, les allées seront sans doute dégagées des tracteurs. Hier matin, je ne suis même pas allée jusqu’à la place. Je croise tant de monde rue Armand Carrel que je reste à papoter en terrasse.

Il est fort question du dernier Carnet de Route, le n° 8 dont le contenu (hum hum… comment dire ?) aurait gagné à moins d’agressivité pour la liste concurrente et plus d’espoir et d’envie pour Rouen. On y dénigre, on y pointe du doigt, on y stigmatise certains colistiers de la liste Rouen motivée. Toute cette vindicte qui cherche à l’évidence à pousser à la faute la liste concurrente m’inspire à contrario ces vers de Musset :

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,

Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

et la réponse d’Aragon :

On demande l’espoir du côté de Vincennes

Et je veux que l’espoir ait l’accent du midi

Les chants désespérés Niez ce qu’on en dit

N’ont que faire aujourd’hui sur les bords de  la Seine

Je croise les S. Tous deux retraités et conseillers de quartier, ils me disent leur désolation de cette situation dans laquelle se trouve le maire sortant pour qui ils avaient de l’estime. Ils font partie de cet électorat qui a voté Bayrou au premier tour des présidentielles, qui ne se sont pas reconnus dans la volte-face précipitée de Pierre Albertini et qui porteront leurs voix sur la candidate socialiste.

Et puisque j’ai l’humeur poète, je termine avec ces vers du rouennais Marc Antoine Girard de Saint-Amant, époustouflante météore de la poésie du XVIIe siècle et j’emmerde Malherbe !

Fagoté plaisamment comme un vrai Simonnet,

Pied chaussé, l'autre nu, main au nez, l'autre en poche,

J'arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche

Un coffin de Hollande en guise de bonnet.

Là, faisant quelque fois le saut du sansonnet,

Et dandinant du cul comme un sonneur de cloche,

Je m'égueule de rire, écrivant d'une broche

En mots de Pathelin ce grotesque sonnet.

Mes esprits, à cheval sur des coquecigrues,

Ainsi que papillons s'envolent dans les nues,

Y cherchant quelque fin qu'on ne puisse trouver.

Nargue : c'est trop rêver, c'est trop ronger ses ongles ;

Si quelqu'un sait la rime, il peut bien l'achever.

Momies en folie

Quand faut y aller, faut y aller… ce lundi soir, je dirige mes pas vers  la Baraque (comment ça vous ne savez pas ce qu’est la Baraque ?) pour aller assister à la réunion de quartier menée par Pierre Albertini. J’espère que vous appréciez mon souci de traitement égal des manifestations des deux candidats le plus à même de remporter ces élections municipales. C’est vrai, j’ai zappé les deux listes LCR et LO. Oui, je sais, ce n’est pas sympa mais je fais déjà preuve de beaucoup de bonne volonté et là, ce serait au-dessus de mes forces.

J’arrive donc juste à temps à  la Baraque. Autant de monde que pour la réunion de Valérie Fourneyron, le public est encore un peu plus âgé et nettement plus costard-cravaté, lodenisé, barbourisé.

A la différence de l’autre réunion, il n’y a pas de support pour dérouler le programme. Ce programme qui aurait été élaboré à partir du questionnaire aux rouennais. Une dizaine de co-listiers sont présents, dont la diva préférée de ces coquins d’albertinon.

Et la séance démarre : Pierre Albertini parle pendant une heure, un discours que j’imagine bien rôdé depuis qu’il anime cette campagne. Finalement, il ne sera pas tellement question de Rouen dans tout cela, mais d’abord et avant tout des considérations de politique générale avec de bonnes vieilles louchées de morale.

Au bout d’une dizaine de minutes, sans doute intriguée par le fait que je prenne des notes, ma voisine me dévisage avec attention : « Vous ne seriez pas Laure Leforestier ? Je lis votre blog tous les jours. » Une lectrice qui est une vraie lectrice ! Alléluia ! Nous sympathisons et commentons le discours. Nous le notons hors sujet à de nombreuses reprises.

On passe aux questions de la salle. Première question sur l’aménagement de la place Saint Hilaire et sur le Marité. On sent le public, même s’il est très bien élevé, assez nerveux sur le coût du rafiot… et je crois qu’il y a un truc qui ne passera jamais pour les Rouennais, c’est de vouloir les forcer à considérer ce bateau comme un élément de leur patrimoine quand leur patrimoine bâti s’écroule sous leurs yeux.

Deuxième question : le classement de Rouen dans la revue Capital. Eh oui, on est dans le quartier Jouvenet je vous rappelle. Troisième question : le prix des parkings. Quatrième question par une main gantée et féminine : « Je partage votre idée de l’éducation aux valeurs morales des jeunes. Il n’y a pas assez de contraventions, ce n’est pas très éducatif pour tous ces jeunes. »

Ma voisine (que je salue et qui se reconnaîtra quand elle lira ces lignes) est déjà partie depuis un bon quart d’heure. A mon tour, terrassée par l’ennui et tiraillée par la faim, je regagne mes pénates.

Le noyé à deux têtes (suite et fin)

Dernier chapitre de ce comparatif des programmes réalisé de la manière la plus empirique et la plus subjective qui soit. Il nous reste à trouver 3 différences essentielles voire radicales.

# 5 – la possibilité d’une île

Voici qu'une île est en partance
Et qui sommeillait en nos yeux
Depuis les portes de l'enfance

Le projet d’aménagement de l’île Lacroix, s’il est esquissé chez Pierre Albertini, semble prioritaire chez Valérie Fourneyron : construction d’une passerelle, aménagement en promenade des berges de l’île, création de squares de proximité, une plaine de loisirs dédiée aux activités nautiques, un café du bout du monde….

# 6 – I have a dream

Quel est le projet « plus », quel est le but que fixent les candidats qui pourrait donner un sens à l’action municipale pendant la future mandature ?

Rouen motivée nous propose les JOJ, à ne surtout pas confondre avec les JMJ ni  la JOC. Non, normalement, je pense que ce sera plus fun. J’en ai déjà parlé, il s’agit d’organiser la deuxième édition des Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2014, la première devant se dérouler en 2010. Cela consisterait à accueillir 3 200 athlètes âgés de 14 à 18 ans évoluant dans 28 disciplines dont certaines tout à fait dans le goût de nos gamins genre skate machin ou BMX truc… L’idée est intéressante, je laisse aux spécialistes le soin de nous dire si elle est réalisable.

Il est un autre projet en revanche, sur lequel je suis un peu spécialiste et là, je dis trop tard ! Proposer la candidature de Rouen au patrimoine mondial de l’humanité, sur le principe est séduisant mais il fallait se réveiller avant. Je m’explique. Depuis la création par l’UNESCO de ce label prestigieux, 851 biens constituant le patrimoine culturel et naturel que le Comité du patrimoine mondial considère comme ayant une valeur universelle exceptionnelle ont été classés. Parmi ces sites, l’Europe, le monde occidental et la France en particulier ont été largement servis en priorité. La tendance aujourd’hui est de classer des lieux situés sur d’autres continents. Il y eut une période favorable pour la candidature de Rouen au milieu des années 90. Un dossier fut présenté en 1993 mais retoqué pour plusieurs raisons, la médiocre présentation, le manque d’ambition qui se bornait à mettre en exergue le patrimoine médiéval et Renaissance et l’urbanisme « déchiré » de notre ville (c'est-à-dire les coupures trop nettes entre le centre ancien et la reconstruction). Aujourd’hui, l’état du centre ville (voirie rapiécée, pavés descellés), le manque de cohérence des espaces publics, l’encombrement des potelets et autres mobiliers urbains, l’absence d’une approche qualitative des abords de nos monuments historiques et l’état sanitaire de notre patrimoine que nous ne pourrons pas sauver en nous contentant d’espérer les subsides du mécénat ne dénotent pas jusqu’alors d’une préoccupation du maire. Et pendant ce temps là, la porte étroite du classement UNESCO se referme. Depuis 2001, seules deux villes françaises ont obtenu ce classement, Le Havre et Bordeaux. Autrement dit Antoine Ruffenacht (directeur de campagne de Jacques Chirac en 2002) et Alain Juppé, deux hommes bénéficiant d’un lien fort avec le précédent président de  la République. Ceci ne diminue en rien l’effort consenti par ces maires pour doter leurs villes d’un urbanisme digne de ce nom, mais pointe aussi l’aspect essentiellement politique de la présentation d’un dossier à l’UNESCO par la France. Et je ne crois pas que Pierre Albertini était invité au mariage de Nicolas avec Carla…

# 7 – it’s up to you

Pour la septième différence, je tire ma flemme. Et pourquoi je serais la seule à bosser dans cette histoire ? A vous, chers lecteurs perspicaces, de nous dire quelle est selon vous la dernière différence notoire entre les deux candidats. Déplacements, espaces publics, solidarité, jeunesse, santé ? Mais on est bien d’accord, on se concentre sur des vraies questions pour la ville, on ne part pas en sucette sur des faux débats. Je dois m’absenter quelques jours et je n’aurai sûrement pas accès à ce blog. Alors je compte sur vous pour le tenir gentiment, courtoisement jusqu’à mon retour.

Le noyé à deux têtes (suite)

Dans mon dernier post, je vous entretenais de la difficulté pour le citoyen de s’y retrouver dans les programmes électoraux pour ces élections municipales. Juste après l’avoir publié, je découvre dans Marianne que le même problème est évoqué Municipales : des programmes « blanc bonnet » dans les grandes villes ?

En voici la conclusion :

Mais l'électeur dans tout ça ? A l'heure du choix, lui reste-t-il quelque argument rationnel pour appuyer son vote ? « La campagne reste locale dans les communes de moins de trois mille habitants, mais elle se nationalise par défaut d'enjeux urbains clairs dans les grandes agglomérations, décrypte Jacques Donzelot. Le scrutin se jouera donc en fonction des satisfactions ou des frustrations des électeurs par rapport aux réformes du gouvernement et de la personnalité des candidats. » Comme quoi, il ne suffit pas de décréter que la campagne sera nationale ou locale pour que cela soit. Une seule consolation : forts d'une telle harmonie avant le scrutin, les conseillers municipaux n'auront sans doute aucun mal à gouverner ensemble !

Ce matin, Grandrouen nous a déniché un nouvel outil d’analyse des programmes : des nuages de mots fabriqués en copiant tous les mots présents sur le programme de Pierre Albertini Téléchargement www.rouen2008.com.htm et tous les mots présents sur le programme de Valérie Fourneyron Téléchargement rouenmotiveeprogramme.pdf : le texte intégral imprimé sur chaque programme. Un genre de text mining.

Mais entrons enfin dans le vif du sujet, il est temps de jouer au grand jeu des 7 différences entre le programme du candidat divers droite et celui de la candidate socialiste.

# 1 - le poids des mots

Beaucoup plus de texte dans le programme de Rouen motivée qui me donne une impression globale d’un projet plus travaillé et plus facile à comprendre dans la présentation thématique par fiches. A mon goût, le projet Confiance en Rouen s’éparpille un peu dans tous les sens avec cette multitude de vignettes, ce qui ne remet pas en cause la qualité graphique du document.

Quels sont les mots que Pierre Albertini utilise à profusion quand sa rivale ne les emploie pas ou peu ? Trois mots surtout : objectifs, ouverture, durable. A l’inverse, on trouve chez Valérie Fourneyron les mots : aménagement, municipales, politique. Il est aussi très instructif de se pencher sur les deux mots les plus associés que l’on rencontrera chez l’un et pas chez l’autre. Chez Pierre Albertini : développement durable, cohésion sociale, vie quotidienne. Chez Valérie Fourneyron : centre ville, rive gauche, équipe Rouen, personnes âgées, Ile Lacroix. J’y vois deux approches de la cité : l’une conceptuelle, l’autre beaucoup plus concrète.

# 2 – le choc des cultures

S’il y a un domaine où les deux candidats divergent, c’est bien celui de la culture. Confiance en Rouen parle de la future médiathèque, d’un futur Centre Dramatique National, d’un espace d’art contemporain dans la bibliothèque Villon. Rouen motivée suggère un nouvel évènement les Arts d’assaut, maintient le hangar 23, envisage des commandes publiques aux artistes pour les opérations immobilières d’envergure (pourvu que ce ne soit pas Depas…), maintient le réseau des bibliothèques en centre ville.

# 3 – «  the » place

Quel devenir pour la place de la cathédrale, quelle construction pour remplacer l’actuel bâtiment appelé palais des congrès ? La bataille fait rage depuis des années, ce sujet sera-t-il déterminant pour des rouennais hésitants ?

# 4 – « …qui a deux maisons perd sa raison »

La maison internationale versus la maison des arts et des artistes. Pour un même lieu, le cloître des Pénitents, les propositions divergent : l’une y voit un outil de rencontre pour tous les créateurs, tous les publics, tous les rouennais, l’autre y envisage une vitrine de l’université pour les étudiants et chercheurs du monde entier ainsi qu’un lieu unique pour regrouper les comités de jumelage.

A suivre… 

Le noyé à deux têtes

Pas de chronique du marché d’hier, rien de spécial à en dire si ce n’est que d’y voir si tôt les vendeurs de jonquilles m’a rappelé que le réchauffement climatique est à l’œuvre. Non, aujourd’hui je me lance dans une entreprise qui demande de longues heures de lecture et de réflexion, la comparaison des programmes de Valérie Fourneyron et de Pierre Albertini.

Arrêtons nous d’abord sur la méthode, car il en existe plusieurs. Il y a la méthode de frère Bailly, qui retranscrit patiemment, thème après thème, les propositions des deux candidats. Il a ainsi déjà abordé les questions concernant Internet, la démocratie participative, le logement, les transports, l’économie et l’emploi et l’école. Sur les transports, il y eut un vrai débat entre les commentateurs. Sur la question de l’économie et l’emploi, qui a ce jour comptabilise le plus de commentaires, on y trouve malheureusement beaucoup d’interventions fâcheuses. La palme en la matière revient à un dénommé Fred, dont le souci principal est d’éplucher à la virgule la retranscription de Grandrouen pour en débusquer tous procédés (qui) visent simplement à masquer la faiblesse des propositions de Mme Fourneyron dans le domaine économique. Ils révèlent plus largement la manipulation, commencée avec le thème des Transports…

Autre manière de faire partir le débat en vrille, c’est de le détourner. Les marottes des aficionados de Confiance en Rouen, la semaine dernière, tournaient autour de la réunification de  la Normandie et la nomination de François Zimeray, ambassadeur pour les Droits de l’Homme par le gouvernement. Vous trouvez que pour un programme municipal, nous débattons là de sujets bien éloignés du pouvoir d’un maire et de son équipe ? Moi aussi…

Je salue le patient travail de bénédictin de Sébastien. Et comme il le fait, je n’aurai pas besoin de le faire, et je l’en remercie.

Il y a une autre possibilité qui vous est offerte pour comparer les programmes et vous aider à décider de la couleur de votre bulletin de vote, le 9 mars, c’est le site votons.infos/élections municipales. On y trouve Rouen. Vous bénéficiez d’un comparateur des programmes (je serai curieuse de savoir de qu’en pense le troll Fred), vous pouvez noter votre ville, débattre (aucun à ce jour, c’est plutôt sur Grandrouen que ça se passe), vous avez la possibilité de voter pour seulement deux candidats (à l’heure où j’écris Valérie Fourneyron l’emporte à 83,3 % à 5 voix contre une) ou tenter le quiz.

Et c’est là où cela devient marrant. Imaginez un instant : supposez que vous faites partie de l’équipe de campagne de l’un ou l’autre candidat et que vous faites ce quiz. Vous avez à choisir entre deux propositions et vous êtes naturellement persuadé que c’est celle de votre candidat(e) la meilleure. Eh bien je vous mets au défi d’obtenir 100 % d’adhésion aux propositions de votre champion(nne). Et je le prouve !

Sur le thème "Eau, énergie", avec quelle(s) proposition(s) êtes-vous en accord ?

•  Un bilan carbone, dans sa version la plus récente, sera réalisé sur l’ensemble des bâtiments municipaux dès le printemps prochain

• Un diagnostic carbone de tous les bâtiments publics sera effectué pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre

Alors ? On fait moins les malins maintenant ! Je me suis livrée à un petit jeu. J’ai répondu une première fois en favorisant toujours les options du programme Confiance en Rouen, puis j’ai refait le quiz en favorisant les options Rouen motivée. Impossible d’arriver à 100 %...

Ceci me rappelle un test paru dans Pourrie Normandie pendant la campagne municipale de 2001, à une époque où le journal satyrique existait sous formule papier. Il fallait reconnaître si la promesse électorale émanait du programme d’Yvon Robert (le maire sortant) ou de celui de Pierre Albertini (son challenger). Alors que fortement impliquée dans la campagne d’alors, j’eus bien du mal parfois à m’y retrouver.

Autrement dit, il y a, à l’évidence, beaucoup de points communs dans les programmes municipaux. C’est dû à la fois à la réalité des pouvoirs d’un maire et aux thèmes porteurs auxquels tout le monde se raccroche (le crû 2008 sera marqué par le développement durable et la démocratie participative).

J’en arrive à ma méthode pour aborder la comparaison de ces programmes. Déjà, mon présupposé est ambitieux ! Je pars du postulat qu’il existerait parmi mes lecteurs des citoyens rouennais qui ne seraient pas partie prenante dans l’équipe de l’un ou l’autre candidat, qui seraient assez éloignés des affaires publiques, de ceux qu’on appellerait des électeurs lambda. Oui, je sais, c’est gonflé…

C’est donc pour ces lecteurs absolument hypothétiques que je me suis plongée ce week-end dans les deux programmes et ai réfléchi à la manière dont je vous les présenterai prochainement. J’ai joué surtout au jeu des 7 différences : qu’est ce qui distingue l’un de l’autre, quelle est la marque « imprimée » par le(la) candidat(e) ?  J’ai fait le tri de ce qui ne relève pas du programme mais plus du bilan ou de l’héritage (selon le vainqueur). J’ai dégagé également ce qui ne dépend que peu ou prou de la Ville pour me concentrer sur les  questions où cette dernière a un rôle décisif à jouer. 

A suivre…

Tous des monstres (part two)

Deuxième dimanche à vous narrer la campagne sur le Clos (s’il y en a encore qui ne savent pas ce qu’est le Clos, j’en conclus 1) qu’ils ne sont pas rouennais 2) qu’ils ne me lisent pas assez souvent et leur conseille donc pour leur bonne information d’aller consulter le premier post du même nom.

Il fait un temps génial, à partir au bord de la mer. J’arrive sur la place, il y a foule et naturellement, tous les militants sont de sortie. Je remarque que ce dimanche les deux têtes de liste sont présentes. Ma curiosité me pousse ensuite à me diriger vers cette petite carriole, nouveau gadget de campagne, qui fait jaser la blogosphère rouennaise.

Au pied de ce nouvel engin de propagande, j’avise un co-listier de Pierre Albertini, mais surtout prof d’éducation physique de mon petit dernier trop gâté, chéri de sa mère. Or justement, l’intéressé, mon ado à moi qui fout rien à l’école, s’est plaint amèrement d’une injustice flagrante à son égard survenue lors du dernier cours de gym. Et il m’a fait le rebelle, « non, je n’irai pas à ces deux heures de colle, j’ai rien fait » et de se lancer dans une explication embrouillée que même une mère aimante a du mal à gober. L’aubaine est trop belle, je profite donc de la présence de l’enseignant pour lui demander sa version que j’imagine déjà assez contradictoire. J’en tire rapidement la conclusion que le lascar ira bien passer deux heures un mercredi après-midi en retenue. Quand, rentrée à la maison, je lui ferai part de cette conversation et de ma décision, ferme et irréversible, le petit fourbe tentera un «Oui mais enfin, ce mec est à l’UMP…» Et il croit qu’il va manipuler Maman avec des ficelles aussi grosses !

Mais revenons au marché. La foule est dense. En plus avec tous ces militants et leurs stands de campagne plus les bagnoles qu’à mon sens on devrait interdire sur la place le dimanche, on a du mal à avancer. J’entends une dame fort gracieuse lancer à son amie : « Mais qu’est ce qu’ils nous font chier avec leurs conneries d’élections, la droite et la gauche ! » On ne dira jamais assez la somme d’abnégation qu’il faut pour militer…

Le temps d’aller acheter le chèvre frais et quand je reviens, le maire a disparu. Je salue en bécotant dans le plus grand oecuménisme mes collègues UMP et UDF Modem, Verts et Socialistes. Désolée, aujourd’hui pas de potin à vous raconter.

La dernière que je saluerai sera Valérie Fourneyron que je trouve très en forme ces temps ci (merci Le Major pour la photo). La campagne la fait rajeunir. Ensuite avec un vieux pote qui est au moins aussi LDP* que moi, nous partons boire un café rue Armand Carrel car toutes les terrasses de la place sont déjà blindées. Dommage car nous quittons un poste d’observation avec une vue imprenable sur l’ensemble des impétrants.

 

*LDP : langue de pute et croyez moi, dans cette discipline je suis 1^ère dan.

Le secret de la salamandre

Mercredi 6 février, réunion de campagne de l’équipe Rouen motivée dans mon quartier. Vous vous souvenez, lecteurs attentifs de ces chroniques, que j’irai à la même mais version Confiance en Rouen. Il faudra pour cela patienter jusqu’au 25 février.

Un mot sur le quartier Jouvenet : c’est par essence celui que la droite appelle quartier de bobos. Ben oui, voilà un quartier de nantis, où l’immobilier s’arrache, on y achète sa maison par cooptation, où plus le temps passe, plus ça vote à gauche. Et pour couronner le tout, c’est celui où habite la candidate socialiste. C’est dire…

Hier soir à  la Baraque - c’est notre salle de quartier à nous les bobos ingrats -, il y avait à peu près une centaine de personnes. Des militants, des co-listiers, pas mal de personnes d’un certain âge (dans mon vocabulaire ça veut dire au moins dix ans de plus que moi), des curieux, des espions de l’autre liste, etc.

Valérie Fourneyron déroule son programme. Elle insiste à nouveau sur l’aspect collectif du travail, s’engage sur une fiscalité qui ne connaîtra pas d’augmentation. Je ne vais pas tout vous raconter, cela serait trop long, juste m’attarder sur son projet phare, celui avec lequel elle souhaite donner un souffle à Rouen : les Jeux Olympiques de  la Jeunesse en 2014. Il semblerait que ce projet soit critiqué par les partisans de la liste adverse, enfin, d’après ce que je peux en lire sur les blogs. Elle raconte bien l’intérêt qu’il y aurait à organiser la deuxième édition de cette manifestation, la première devant se dérouler en 2010. Il s’agirait d’accueillir 3 200 athlètes âgés de 14 à 18 ans évoluant dans 28 disciplines dont certaines tout à fait dans le goût de nos gamins genre skate machin ou BMX truc, moi j’y connais pas grand-chose, mais je sais que le petit dernier, il en raffole. En écoutant Valérie expliquer son projet avec flamme, je me fais la réflexion que cela lui ressemble bien, à cette fille qui a toujours eu la passion du sport (d’ailleurs c’était toujours elle la chouchou des profs de gym).

Après la présentation, on passe aux questions de la salle. Avec bien sûr cette question qu’agitent nombre de ses détracteurs : « Et le cumul des mandats ? Laisserez vous votre mandat de député si vous êtes élue maire ». Voilà sa réponse :

Je conserverai évidemment mon mandat de députée. Je ne veux pas devenir maire de Rouen pour abandonner mes convictions et l'influence nationale que je peux avoir. Au contraire, je veux mettre cette influence au service de la ville et de mes concitoyens. J'ai défendu une loi générale de non-cumul, elle n'a pas été choisie par les Français. Il faut donc que Rouen ait un maire (comme elle en a eu un avec Jean Lecanuet pendant 24 ans) qui soit connu et si possible respecté et entendu partout. Dans la compétition entre villes, c'est un grand atout.

Oups ! Mais comme je suis distraite ! Je viens de vous livrer la réponse de François Bayrou à la même question qui lui a été posée dans un chat…

A aucun moment il n’est fait par la candidate un bilan critique de la mandature qui vient de s’écouler, elle considère que chaque électeur a tous les moyens pour juger s’il est satisfait ou non du bilan du maire sortant.

Pour avoir été aux affaires municipales pendant ce mandat, je suis fascinée par le décalage entre la perception qu’ont les habitants de l’action municipale et la réalité des faits. Allez, je vous fait un lot des questions posées : l’Europe, l’aéroport (en a-t-on vraiment besoin ?), le palais des Congrès (mais ça, on en recausera), les camions sur les quais, le 6^e pont (personne ne dit pont Flaubert…), la présidence de l’Agglo (ouh ! le vilain Fabius en embuscade !), l’aménagement de la rue Beauvoisine et last but not least : « Les trottoirs sont sales, il y a tellement de crottes qu’on ne peut plus marcher et en plus maintenant il a les vélos qui roulent sur les trottoirs ! »

Fin de la réunion, je rentre chez moi à deux pas. J’en profite pour dire que je vends ma charmante maison, installée dans ce sympathique quartier, à proximité des commerces, petit jardinet, véranda, 3 chambres, parking dans box fermé, et tout et tout. On ne sait jamais, s’il y a des lecteurs intéressés, qu’ils n’hésitent pas à me contacter.

Tous des monstres

C’est bien gentil de vouloir faire la maligne et l’originale en déclinant la campagne municipale avec les chroniques d’Adèle. Seulement, si vous connaissez les titres des albums de la série de Tardi, vous m’attendez au tournant en vous demandant comment je vais réussir à faire coller cela à notre actualité électorale. Parce que utiliser Le démon de la tour Eiffel pour illustrer la venue de Bertrand Delanoë, c’était assez évident, mais maintenant ?

Par exemple aujourd’hui, je vais vous raconter les échos du Clos. Petit préambule pour mes lecteurs non rouennais sur le dimanche matin au Clos saint Marc : sur cette grande place se déroule un énorme marché qui le dimanche matin est aussi un rendez-vous rouennais. On vient chiner chez les brocs ou acheter son pain chez Osmont (notre Poilâne à nous), son chèvre frais et son poulet cuit quand on a la flemme de se mettre aux fourneaux mais surtout on y croise toute la ville. L’apéro en terrasse est inévitable. Autant dire qu’en période électorale, on n’échappe pas aux tractages sur le Clos.

J’arrive sur la place à une heure décente, vers onze heures du matin. Le soleil brille mais le blizzard souffle sur les militants gelés qui vous tendent leur prose. Les partisans de la liste Rouen motivée sont les plus nombreux. Ils distribuent le programme paru une semaine plus tôt. Je salue et discute avec un certain nombre d’entre eux, dont Valérie Fourneyron entourée de quelques co-listiers.

Pour Confiance en Rouen, la liste de Pierre Albertini, le maire sortant, je vois en arrivant une seule collègue conseillère municipale et d’autres militants distribuant le Carnet de route n° 4. Je discute avec deux d’entre eux. Ils se sentent un peu abandonnés par les principaux protagonistes de la liste. Vers midi toutefois, je verrai arriver deux de mes collègues adjoints.

Sur le marché aussi, on entend plein de potins. Je vous livre ma récolte d’hier : une de mes collègues adjointes, furieuse de n’être pas reprise aurait écrit une lettre assassine à Pierre Albertini. Parmi les adjoints qui repartent avec lui, ils sont nombreux à se regarder en chiens de faïence, chacun voulant la place de numéro deux sur la liste. Pour le moment, aucun ne savait à quelle place il repartait ni pour quelle mission. Ils devaient tous être contactés individuellement hier au téléphone par le Maire pour être fixés sur leur sort. Quand confiance rime avec ambiance…

Alors qui sont les monstres et pourquoi ? Eh bien quand hier, après avoir fait mes emplettes dans les allées, papoté longuement et pris un pot en terrasse, en repartant sur ce qui me semblait être deux moignons congelés, je me suis interrogée sur la dose d’abnégation que nécessitait le militantisme qui vous incite à vous geler les miches en distribuant des papiers dont presque tout le monde se fout. Et cela, n’est ce pas monstrueux ?

Le démon de la tour Eiffel

Pour ce premier billet des chroniques d’Adèle, je suis allée assister hier soir au meeting de Valérie Fourneyron qui accueillait le maire de Paris venu la soutenir pendant sa campagne.

La salle sainte Croix des Pelletiers est pleine. On y croise toute la gauche rouennaise, le président du Conseil Général, deux députés maires de l’agglomération, des maires, les candidats aux cantonales, des militants… et aussi un public nombreux qui lui, n’est pas forcément encarté.

Bertrand Delanoë et Valérie Fourneyron entrent ensemble. C’est Valérie Fourneyron qui démarre avec un discours construit en trois parties : l’accueil du maire de Paris puis un propos très politique sur le nécessaire rassemblement de la gauche dans le contexte national et enfin la déclinaison de son programme. Elle insiste sur la construction collective démarrée très en amont, sur le fait que les projets qu’elle présente ont été également discutés avec les autres partenaires de la ville que sont l’Agglomération, le Conseil Général et le Conseil Régional.

C’est ensuite le tour de Bertrand Delanoë. Vous pouvez écouter l’intégralité de son discours sur Grandrouen. Je dois dire que c’est un vrai tribun, son discours est fluide, sans aucune note, en impro totale. Et on comprend bien en quoi il a l’étoffe d’un présidentiable. Je me fais cette réflexion que ce n’est pas si courant d’entendre une grosse pointure politique en live. Jusque là j’ai bien sûr apprécié les qualités d’orateur de François Bayrou et je me souviens aussi d’un discours tenu par Nicolas Sarkozy au Parc Expo. Cela devait être vers 2003, une grande messe autour de la décentralisation. J’étais revenue impressionnée par l’animal politique et pendant des mois mes enfants m’avaient accusée des pires turpitudes pour avoir osé reconnaître que l’homme était brillant.

Mais revenons au maire de Paris. Dans son discours traitant de la politique nationale, il a des envolées lyriques sur les valeurs bafouées de  la France, il insiste sur les fondements de la laïcité. Lisez le blog du petit docteur, à l’évidence je n’étais pas la seule à être séduite par le bonhomme.

Quand Bertrand Delanoë parle de Paris, on le sent habité par sa fonction de maire et imprégné de la nécessité du vivre ensemble. Il insiste sur trois axes pour lui essentiels de son dernier mandat : le logement, l’environnement et l’économie.

Son discours est virevoltant, entrecoupé en permanence d’anecdotes et de digressions avec une dose d’humour très appréciable. Je terminerai avec cette petite boutade qu’il lance à Valérie Fourneyron : « Lorsque tu dis, Valérie, que tu prends tes exemples aussi chez des amis, ça me fait sourire parce que lorsque j’étais candidat à la mairie de Paris, j’allais prendre mes exemples, notamment à Nantes et Rennes. Donc, je me dis si tu fais comme ça, à mon avis tu vas gagner… »