Pourtant, l’explication psychologique, par les ambitions débridées du transfuge, a toujours quelque chose de facile et surtout d’un peu court. Elle n’explique pas pourquoi ce phénomène prend cette ampleur maintenant – sauf à croire que l’ambition moyenne des élus et candidats a soudainement monté d’un cran. Il ne suffit pas non plus de dire que « maintenant, les partis osent tenter le débauchage », car cela n’explique pas le fait que ces débauchages fonctionnent si bien. Si un brusque changement de la nature humaine n’est pas en cause, si un changement stratégique de la part des partis débaucheurs n’élucide pas tout, peut-être faut-il regarder du côté des … victimes (ou supposées telles) : les partis quittés par les transfuges.
Il est intéressant d’écouter ce que disent ces transfuges. Leur diagnostic est souvent convergent sur leur ancien parti. Une idéologie absente, une ligne politique flageolante, un péché d’individualisme dont l’exemple est donné au sommet, et surtout l’absence d’une perspective globale claire, sans laquelle la solidarité interne à un parti ne peut exister. Pour avoir le courage de refuser une place offerte par la concurrence, ou inversement pour accepter de passer son tour, encore faut-il avoir le sentiment de participer à un projet d’ensemble, qui à la fois justifie des sacrifices, et laisse espérer que l’on aura soi-même des opportunités personnelles à l’avenir. Suer sang et eau dans les tréfonds de la ixième division pour participer à la lente construction d’un club d’avenir, passe encore ; mais cirer le banc dans un parti aussi stable que le PSG des années 2000 …
via www.variae.com
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