Le peuple? Disparu. Les masses? N’en parlons pas, sauf lors des départs en vacances et des grèves. Restent "les Français" (Éric Besson), "les gens" (Ségolène Royal), les "multitudes" (quelques révolutionnaires rangés), "la France d’en bas" (Jean-Pierre Raffarin) et, pour tout le monde, les usagers, les clients, les consommateurs.
Charles Wright Mills voyait comme corrélatives la montée de l’élite de pouvoir et celle d’une foule indifférenciée de consommateurs préoccupés d’eux-mêmes et de leur bien-être, sans pouvoir politique réel en dépit de la prétendue tyrannie de l'opinion publique. Ces consommateurs ne sont pas forcément si idiots qu’on croit mais ils sont coincés dans un système de compétition et d’incitations, en d'autres termes manipulés en douce par les faiseurs d'opinion. Ils se mettent volontiers "dans la queue comme tout le monde", mais sont aussi prêts à resquiller s’ils en ont la possibilité, ou, beaucoup mieux, à bénéficier d’une carte privilège donnant accès réservé et accéléré aux souverains biens.
via traverses.blogs.liberation.fr
On n'entend plus Yves Michaud à la radio mais il écrit et ça vaut le détour...
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