En décembre 2010, le Conseil d’Administration de l’EPCC Opéra de Rouen Haute-Normandie validait le lancement d’une étude stratégique d’opportunité sur la question du bâtiment abritant l’institution. Dès cette époque, attentifs au fait que la dépense de fonctionnement de la Région concernant l’Opéra de Rouen Haute Normandie était passée de 2 760 000 Euros en 2005 à 6 000 000 d’Euros depuis 2010, nous nous interrogions sur l’équilibre nécessaire à trouver au sein du budget culture de la Région vis-à-vis de l’ensemble des politiques culturelles. Nous nous inquiétions des dérives budgétaires qu’un nouvel établissement pourrait entraîner et nous montrions très sceptiques quant aux supposées économies d’échelle que pourrait représenter ce nouvel investissement. Considérant également que la pertinence d’un tel projet ne pouvait s’évaluer à l’aune d’une simple étude et demandait une large concertation via la démocratie participative, avec mes collègues David Cormand élu régional et Folrence Cordonnier-Rosée, élue à la Ville de Rouen,nous avions préféré nous abstenir.
L’étude, présentée aux administrateurs en juillet 2011, a avancé trois hypothèses :
- Un scénario « a minima » nécessitant un investissement de 15 à 20 Millions d’Euros, permettant un meilleur confort pour les spectateurs, la mise aux normes PMR et des circulations améliorées entre le bloc administratif et le bloc scène. Ce scénario présente toutefois l’inconvénient de rogner quelques dizaines de places mais pour un budget de fonctionnement identique.
- Un scénario envisageant la construction d’une super-structure au-dessus de l’existant, type Opéra de Lyon. Coût envisagé dans une fourchette entre 45 et 90 millions d’Euros. Budget de fonctionnement en augmentation de 4 Millions d’Euros. Pour rappel, l’actuel budget de fonctionnement est de 12 millions d’Euros par an.
- Un nouveau lieu rive gauche sur un emplacement qu’il reste encore à définir pour un coût estimé entre 135 à 150 millions d’Euros et une incertitude sur le devenir de l’actuel bâtiment. Un chiffrage « à la louche » du budget de fonctionnement annoncé comme dans le scénario 2 en augmentation de 4 millions d’Euros.
A l’ordre du jour du CA du vendredi 23 septembre, une nouvelle délibération proposait de prolonger l’étude en examinant seulement les scénarios 2 et 3, le premier scénario, le plus sobre, étant purement et simplement abandonné.
Nous nous interrogeons sur le devenir du bâtiment Théâtre des Arts si, la suite des évènements amenaient les fi nanceurs principaux (Ville, Région) à décider d’une nouvelle construction ; nous nous étonnons également qu’à l’heure où nombre d’associations culturelles se voient diminuer voire supprimer leurs subventions, on puisse envisager une aussi forte augmentation du budget de l’EPPC Opéra (+ 4 millions d’Euros dans les scénarios 2 et 3) qui entraînerait obligatoirement l’augmentation des subventions des collectivités locales.
Or en cette période de « décroissance » budgétaire, il y aurait fort à craindre que ceci ne se fasse au détriment des autres structures et acteurs du champ culturel. C’est tout l’équilibre des politiques culturelles qui serait menacé.
A Europe Ecologie Les Verts nous aimons bien sûr l’opéra, la musique symphonique ou la danse contemporaine. Mais nous militons aussi pour la diversité culturelle, le droit de cité de toutes les esthétiques, des plus académiques au plus innovantes. La pratique artistique, la proximité, l’expression créative sont des droits culturels permettant l’émancipation et l’épanouissement des individus. Ils méritent que l’on s’en préoccupe tout autant que du rayonnement des grands établissements culturels.
C’est pour l’ensemble de ces raisons qu'avec mes collègues élus Europe Ecologie Les Verts siégeant au sein du CA de l’EPCC Opéra de Rouen Haute-Normandie nous nous sommes abstenus sur la poursuite de l’étude, en plaidant pour le scénario 1, le plus sobre, du maintien de l’Opéra au sein du bâtiment du Théâtre des Arts.
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