C’est ce que s’exclame Cidrolin, le héros du
roman de Queneau Les Fleurs bleues à
la fin de chacun de ses repas. C’est
aussi ce que j’ai eu envie de m’écrier en sortant de chez Hardy.
La maison située place du Vieux Marché est
surtout réputée pour sa boutique charcuterie-traiteur. Je découvre qu’il y a
aussi un restaurant vanté sur un site publicitaire : Fondée en 1935, la maison Hardy est aussi précieuse que le patrimoine
architectural rouennais. Ses spécialités sont, entre autres, la galantine de
canard aux pistaches, l’andouillette de la maison, le pied de mouton farci.
Depuis quelques temps, la maison Hardy propose de la restauration sur place à
l’heure du déjeuner.
Il ne se porte décidément pas bien le
patrimoine rouennais. A l’entrée, je surmonte ma phobie des fleurs et plantes
en plastique qui m’inciterait à aller me jeter directement dans la Seine et je
m’installe dans une salle dont la décoration ne m’inspire guère.
Parmi les plats du jour, je commande un
petit salé aux lentilles, ce qui a priori, ne représente pas une grande prise
de risques. Las ! On m’apporte une assiette sur laquelle trône une tranche
de petit salé où le gras est aussi majoritaire que le nombre de députés UMP à l’Assemblée
nationale… Pas le moindre petit bout de Morteau ou autre saucisse pour accompagner
cette bidoche plantée au milieu d’une sauce relativement solide couleur rose
gerbi. Côté présentation, il faudra que l’on m’explique l’intérêt de surmonter
la viande et les légumes d’une salade assaisonnée et de deux rondelles de
citron.
Je tente péniblement d’ôter le gras de la
viande tout en me lamentant sur des lentilles pas assez cuites, qui n’ont à l’évidence
pas mitonné avec le petit salé et n'offrent aucune saveur.
Ce n’est pas une consolation mais la sauce
rose gerbi accompagne aussi le plat de poisson servi à la table voisine.
A chaque fois qu’un dessert est commandé,
une chape glacée me tombe dessus car j’ai eu la mauvaise idée de m’asseoir dos
à ce que je croyais être une vitrine et qui s’avère être une énorme armoire
réfrigérante dans laquelle sont entreposés quelques gâteaux.
La serveuse en retirant mon assiette n’a
pas l’air chagrinée qu’elle soit encore bien remplie. « Un dessert ? »
Non merci, je suis assez déprimée et frigorifiée comme cela.
Ainsi se termine cette première chronique
gastronomique de la p’tite normande futée. La prochaine fois, promis, nous
irons visiter une meilleure table.
Une nouvelle vocation qui se révèle!
Vive la critique gastronomique sans concession.
Et merci de m'avoir rappelé ce texte de Queneau ... ce sera ma lecture du week-end.
Rédigé par : annnieday | 04 avril 2009 à 18:09
mais tu l'as faite pour de vrai ta chronique !!
Rédigé par : olympe | 04 avril 2009 à 19:24
@annieday : cette phrase me vient toujours à l'esprit après un mauvais repas. J'en ai profité moi aussi pour me replonger dans le bouquin.
@olympe : oui et ce n'est pas la dernière !
Rédigé par : Laure | 04 avril 2009 à 19:48
Certains ont eu des ennuis pour moins que ça... ;-)
Rédigé par : SB | 04 avril 2009 à 20:17
Tu avais sélectionné le pire exprès ?
Rédigé par : marie laure | 04 avril 2009 à 22:48
Enfin on a pas idée d'aller se perdre dans de tels établissements où l'on sent dès l'entrée l'ombre fugace mais vive d'une rance conservation des moeurs bourgeoises provinciales du XIXème telles que les imagine un diplômé d'école de commerce du XXIème !
Et ça à quelques centimètres du petit zinc !
;-)
Rédigé par : Franpi | 05 avril 2009 à 11:37
@ Franpi : j'ai aussi testé le petit zinc. Ce n'est pas le même budget. Hardy : plat du jour à 7 Euros - petit zinc - plat à 18 euros. je ne suis pas une nantie moi Monsieur -:)))
Rédigé par : Laure | 05 avril 2009 à 12:23
Damned, j'aurai pensé que c'était du même tonneau.
Ca doit bien faire 10 ans que je suis pas allé au Petit Zinc... les prix ne se sont donc pas amélioré !
Rédigé par : Franpi | 05 avril 2009 à 14:10
Ainsi vous nous faites rire en un duo avec ce charcutier qui se fit ombrageux sur votre repas. Moralité: l'ombrelle est Hardy.
Rédigé par : Ghost of Election Past | 05 avril 2009 à 19:06
@ ghost : dimanche fatiguant ? on dirait du fred quillet -:)))
Rédigé par : Laure | 05 avril 2009 à 19:20
Oui j'aime rendre hommage aux grands de ce monde. Besoin d'une dose d'antivirus peut-être.
Rédigé par : Ghost of Election Past | 05 avril 2009 à 20:19
Faites attention aux jeux de mots, Ghost. C'est dangereux ces trucs là.. N'allez pas nous faire une O.D !
;-)
Rédigé par : Franpi | 05 avril 2009 à 22:44
Hello,
Ah, si on me prend par les sentiments, je vous propose de partager les information de ce blog fort intéressant.
http://www.cuisine-campagne.com/index.php?2007/03/23/230-parce-qu-il-n-y-a-pas-que-mon-blog-a-decouvrir
Rédigé par : Antivirus | 06 avril 2009 à 08:35
"mais c'est de la meeerddeeee" (voix de JP Coffe)
Rédigé par : LCDM | 06 avril 2009 à 18:16