Mais oui ! Moi aussi je suis allée assister à
cette grande messe célébrée de manière œcuménique par Messieurs Ruffenacht,
Fabius et Delanoë. Et devant ce concert de satisfecit et de congratulations à
droite comme à
gauche ainsi que dans la
presse locale, l’envie me prend de vous faire entendre ma petite musique
légèrement dissonante…
Rien à redire sur l’organisation de ce colloque Seine d’avenir,
réglée au quart de poil. Le mien de poil était passablement hérissé à la
lecture des intervenants. Mais allez donc jeter un œil à ce merveilleux casting
auquel Olympe a décerné l’épididyme
d’or de Mai. Pour ceux qui l’ignoreraient, l’épididyme, c’est un prix
décerné au truc le plus macho du mois. Là, c’est carton plein ! La seule
femme autorisée à s’exprimer fut Valérie Fourneyron, députée-maire de Rouen
mais gentiment écartée des puissances invitantes. Il est vrai que l’on est face
à cette incongruité où la Maire de la ville centre fut obligée de s’effacer
pour laisser la présidence de l’agglomération à Laurent le Magnifique voilà
deux ans…
Au chapitre du mépris, je me suis également laissé conter par un journaliste bien informé que le maire de Caen aurait été invité par raccroc, on avait un peu oublié de le convier… Ceci explique sans doute l’acrimonie de la presse bas-normande, que ce petit dessin résume bien :
J’ai été glacée d’effroi par les interventions d’Antoine
Grumbach, l’urbaniste en charge du Grand Paris. Faut dire qu’il participait à
une table ronde où il fut surtout question de compétitivité, du merveilleux
modèle chinois, où l’on put entendre à propos des ports des perles de ce
type : « La question de la fiabilité sociale, on ne va pas y revenir,
c'est réglé ! » Et Antoine Grumbach de s’émerveiller sur ces milliers d’hectares
réservés aux conteneurs pour le trafic des ports, déplorant qu’il n’y en eut
pas assez dans nos contrées et évoquant alors « un territoire de la
marchandise ». Je propose d’ailleurs que l’on offre à cet éminent urbaniste
un aller simple pour Shangaï en conteneur !
Il y eut aussi cette table ronde réunissant les trois présidents des régions Basse-Normandie, Haute-Normandie et Ile-de-France. Seul Laurent Beauvais tenait un discours porté par le souffle d’une seule Normandie. Alain Le Vern, qui à l’évidence est plus rompu au sport qu’à la diplomatie, s’est quant à lui payé le président de la SNCF dans les grandes largeurs. Au nom de tous les galériens du Paris-Rouen, je l’en remercie… Sinon, je n’ai rien compris à ce que racontait Jean-Paul Huchon dont le phrasé tient du yaourt.
Portrait d'Alain Le Vern, très déprimé après un voyage dans le Paris-Rouen
Collection particulière du Major
Petit bonheur d’après le déjeuner, cet exposé de
Jean-Christophe Victor, le formidable concepteur de l’émission Le Dessous des
Cartes. Et nous avons voyagé de port en port, au Brésil, en Chine, en Corée du
Sud, dans les émirats Arabes. Il fut le seul à tenir des propos écolos, à
déplorer que l’on ait omis de parler d’énergie lors de tous ces échanges, alors
que c’est bien là l’une des problématiques de cette région, qui concentre à la
fois l’industrie pétrolière et nucléaire.
Puis nous eûmes droit, en vidéo, à un message de
Jacques Attali, en grand prophète, imprécateur, style « grossissez ou vous
mourrez »… Next !
Enfin la conclusion avec trois discours successifs.
Celui d’Antoine Ruffenacht, solennel et chargé d’émotion. Celui de Laurent
Fabius, assez somnifère. Celui de Bertrand Delanoë, en total free-style,
charmant, tonique mais pas vraiment préparé. Et ils ont signé tous les trois une
déclaration
finale, fort sympathique mais dans la mesure où la plupart des points concernent
les transports ferroviaires et l’économie, je m’interroge sur l’absence dans ce
document des présidents de Région qui seuls ont les compétences pour agir dans
ces domaines. Mais qu’importe ! Embrassons-nous Folleville et la prochaine
fois, on remet le couvert à Rouen, pardon à la CREA. Comment ? Vous ne
savez pas ce qu’est la CREA (que je prononce creuha) ? Eh bien c’est un
territoire hybride, censé représenter une communauté de 71 communes dont 45 ont
moins de 5 000 habitants, avec des trous de gruyère au milieu et dont
Laurent Fabius est le maître.
Laurent Fabius expliquant à Valérie Fourneyron qu'il est le boss
Collection particulière du Major
On aura donc beaucoup entendu parler des ports, de
transports ferroviaires, d’économie. On aura dans la plus grande confusion
mélangé culture et tourisme, on n’aura pas échappé à l’impressionnisme. Et les
gens dans tout ça ? Je ne suis pas persuadée que la donnée humaine, peu
fiable par nature, intègre les critères de prévision et de planification de
tous nos éminents spécialistes.
Bravo pour ce superbe et bien drôle papier (le phrasé yaourt !). Voilà qui me console amplement d'avoir raté cette réunion si prévisible. Bises
Rédigé par : Claude Taleb | 06 mai 2010 à 20:03
Merci pour ces infos. Au plaisir de te relire sur ce blog !
Rédigé par : A Facebook User | 07 mai 2010 à 16:59
Bonjour,
Voici pour votre débat notre réflexion sur le Grand Paris.
- article paru dans le JDD :
http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Actualite/Le-Grand-Paris-comme-un-New-New-York-183380/
- Article paru dans le journal Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment :
http://www.lemoniteur.fr/155-projets/article/point-de-vue/700400-le-grand-paris-comme-un-nouveau-new-york
- Article paru dans le journal Agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-grand-paris-comme-un-new-new-72902
- Et aussi :
http://www.pierremansat.com/article-avant-le-debat-au-senat-le-grand-paris-dans-les-medias-47836846.html
http://parisinternational.blogspot.com/2010/04/comme-prevu-le-grand-paris-se-resorbe.html
Cordialement et bonne lecture.
David Orbach
architecte urbaniste
Rédigé par : David Orbach | 07 mai 2010 à 18:44