Les 2 et 3 mars, dans la plus stricte opacité, un train emportant des déchets nucléaires suisses traversera plusieurs régions françaises.
Mercredi 2 et jeudi 3 mars, un train transportant des déchets nucléaires suisses va traverser la France d'ouest en est. Trois conteneurs CASTOR transporteront ces déchets suisses qui ont été "traités" à l'usine Areva de la Hague.
Acheminés en camion de la Hague à Valognes, les déchets nucléaires suisses quitteront le terminal ferroviaire de Valognes, dans la Manche, à 14h06, pour rejoindre celui de Würenlingen en Suisse (Canton d’Argovie) où se trouve le centre d’entreposage Zwilag, leur destination finale. Ce train traversera la Basse-Normandie, la Haute-Normandie, la Picardie, la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l'Alsace avant de rejoindre l'Allemagne. Il devrait notamment passer par les villes suivantes : Caen, Sotteville-lès-Rouen, Amiens, Tergnier, Laon, Reims Bétheny, Chalons en Champagne, Vitry le François, Bar le Duc, Toul, Nancy, Lunéville, Sarrebourg, Saverne, Colmar, Mulhouse. En France, il traversera la Manche, le Calvados, l'Eure, la Seine Maritime, l'Oise, la Somme, l'Aisne, la Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin.
Comme à l’accoutumée, les populations concernées sont laissées dans la plus totale ignorance des risques inconsidérés que ce type de transport de déchets nucléaires leur fait courir. Aucune information officielle n’a été diffusée à deux jours de la circulation du train ! Les élu/es régionaux écologistes constatent une fois de plus le silence officiel qui est la marque de fabrique de l'industrie nucléaire française et le mépris dans lequel les pouvoirs publics et les acteurs de la filière nucléaire tiennent nos concitoyens.
Les élu/es écologistes rappellent à nouveau les termes de la Constitution française : " Toute personne a le droit, dans les conditions et limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques " ainsi que ceux de l’article L 125-2 du Code de l’Environnement : " Les citoyens ont droit à une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. " La filière électro-nucléaire ne saurait se soustraire encore une fois à la loi commune.
Dès lors, elles et ils considèrent que tous les habitants des régions traversées doivent être informés par les pouvoirs publics du passage du train de déchets nucléaires, notamment par le canal des médias grand public ainsi que par celui des élus locaux.
Dans l’attente, et comme elles et ils l’ont déjà fait à l’occasion du passage du " train d’enfer " des 5 et 6 novembre dernier, ils publieront sur les sites webs de leurs groupes d’élus le parcours du train de déchets nucléaires qui traversera leurs régions dans la nuit du 2 au 3 mars.
Elles et ils soutiennent toutes les initiatives associatives non violentes qui jalonneront le parcours du convoi contribuant à sensibiliser les Françaises et les Français aux dangers inhérents à la production d'énergie nucléaire.
Alors que le développement des énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, est menacé par les décisions du gouvernement français et qu’une hausse sévère des tarifs du gaz mais aussi de l’électricité va à nouveau frapper nos concitoyens, les élu/es écologistes rappellent l’urgence à repenser le modèle énergétique de notre société, ainsi qu’à privilégier la sobriété énergétique et la production d'énergies renouvelables.
Les président/es des groupes Europe Ecologie des Conseils régionaux :
Cécile Duflot(Ile de France) - Mickaël Marie (Basse-Normandie) – David Cormand (Haute-Normandie) – Thierry Brochot (Picardie) – Jean-François Caron (Nord-Pas-de-Calais) – Eric Loiselet (Champagne-Ardenne) – Guy Harau (Lorraine) – Jacques Fernique (Alsace)
Vendredi matin, nous étions un bon nombre de candidats réunis pour présenter le programme d'Europe Ecologie Les Verts aux cantonales de Seine-Maritime. Le même exercice se déroulait au même moment dans l'Eure. 27 candidatures pour les 34 cantons renouvelables du 76, c'est une première. Jusqu'alors, les écolos présentaient surtout des candidats dans les centres urbains. Signe de croissance, on nous trouve désormais aussi sur les cantons ruraux.
Tout comme pour les régionales, le programme s'est écrit de manière collective. Et c'est aussi collectivement que nous avons évoqué les uns et les autres les propositions que nous formulons pour le département. Le programme est consultable en ligne (clic). Nous proposons de changer d’approche dans la gestion du département. Moins de «politique.com» et plus de prévention et d'investissement dans des politiques qui préservent l’avenir et redonnent toute leur place à l’humain.
Je l'ai déjà dit, ces cantonales n'intéressent pratiquement pas la presse nationale, un peu plus la presse locale mais qui adooore se focaliser sur le bi-partisme et les duels de second tour UMP/PS avant même l'issue du premier tour. Vous pouvez retrouver l'ensemble des candidats Europe Ecologie Les Verts sur le site départemental. Beaucoup de candidats écolos ont aussi un site, regardez la liste qui suit, il y en a sans doute un près de chez vous :
Six candidats en lice pour les élections cantonales à Bacqueville en Caux. Petit tour d'horizon :
UMP - Martial Hauguel (suppléante Virginie Serre) : C'est le conseiller général sortant et le maire de Luneray. En 2004, il était élu d'un cheveu ( 15 voix d'écart) face à Gérard Fuchs. Pour une raison que j'ignore - tout lecteur mieux au fait que moi est le bienvenu pour donner l'info - l 'élection de mars 2004 a été annulée et Martial Hauguel a du se représenter aux suffrages des électeurs lors d'une cantonale partielle en décembre 2004. Cette fois-ci sa victoire face à son adversaire PS était beaucoup plus nette, puisqu'il gagnait son siège dès le premier tour avec 55,2% des suffrages. Il est vrai que cette élection avait moins mobilisé d'électeurs qu'en mars 2004. Sa réélection n'est pas assurée dans un canton où, au fur et à mesure des scrutins, la gauche gagne du terrain. Ainsi, aux élections régionales de 2010, l'ensemble des listes de gauche totalisait plus de 55% des voix. En parallèle, le socle électoral de l'UMP s'effrite avec le temps. Elu sous l'étiquette divers droite en 2004, Monsieur Hauguel a cette fois-ci l'investiture de l'UMP. Ce qui n'est pas non plus gage de réussite en ces temps de rejet profond de la politique gouvernementale et de son président par une énorme majorité de Français.
PC - Pauline Masson (suppléant Karim Kedimallah) : Cette jeune étudiante de 22 ans est la benjamine de cette élection. Le score du PC est généralement assez modeste sur ce canton, sauf aux dernières élections régionales où la liste bénéficiait sans doute de « l'effet locomotive » de sa tête de liste, le maire de Dieppe, Sébastien Jumel.
FN - François Delahaye (suppléante Fabienne Watrowski) : Ce parti de l'extrême, du repli identitaire et de la stigmatisation de l'autre se porte malheureusement plutôt bien en cette période de crise... Est-il besoin de rappeler que les valeurs défendues par les écologistes sont aux antipodes de l'idéologie véhiculée par le FN ?
DVD - Jean-Michel Leforestier (suppléante Evelyne Fizet) : L'homonymie n'est pas un hasard, Jean-Michel Leforestier est un de mes (nombreux) cousins. Le berceau familial est situé à Tocqueville en Caux, commune du canton de Bacqueville où l'un de mes autres cousins est maire. Nous avons tous les mêmes arrières grands-parents. A la génération de mon grand-père, les frères et soeurs essaimèrent dans le pays de Caux. Lors d'une grande cousinade qui eut lieu en 1990, plus de 450 descendants se retrouvèrent. Pour nous reconnaître, on nommait le prénom du grand-père (ou de la grand-mère), puis celui du père. Vous suivez ? Par exemple, Jean-Michel est de la branche Adrien-Michel. Edouard, maire de Tocqueville est de la branche André-André. Moi je suis de la branche Paul-Paul. Même si nous portons le même nom, nous ne défendons pas les mêmes politiques. Jean-Michel Leforestier a choisi de se présenter sans étiquette (mais à droite tout de même) et d'après ce que j'ai compris, milite activement contre les éoliennes.
EELV - Laure Leforestier (suppléant Bertrand Noël) : conseillère régionale de Haute-Normandie et candidate dans un canton pas vraiment acquis aux principes de l'écologie politique, j'espère pouvoir faire progresser nos idées sur cette terre plus favorable à l'énergie nucléaire qu'aux énergies renouvelables.
J'aurais l'occasion prochainement d'évoquer les programmes des candidats (si je les trouve). A ce jour, seul le programme du PS est sorti. Nous présentons le nôtre demain à la presse à Rouen et mercredi prochain, j'aurais l'occasion de le présenter à la presse de Dieppe avec les copains de Longueville sur Scie et de Dieppe Est. Je sais bien que je suis une geek, mes enfants m'appellent serial mother, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que cet amour des nouvelles technologies de communication n'est pas partagé par les autres candidats pour lesquels j'ai eu bien du mal à trouver la trace sur internet.
Le Comité de pilotage de la ligne grande vitesse Paris-Normandie a annoncé mardi dernier ses estimations du coût des différents scénarios du projet de ligne nouvelle. D’ores et déjà, il est admis que ces hypothèses devraient varier entre 7 et 12 milliards d’euros (M€). Les élus Europe Ecologie– Les Verts (EELV), évidemment favorables au développement du rail, rappellent en premier lieu un ordre de grandeur utile au débat : le coût moyen, estimé par RFF, de construction d’un kilomètre de LGV est de l’ordre de 20 millions d’euros (m€), alors que le coût moyen de modernisation d’un kilomètre de ligne sur le réseau secondaire est estimé à 1 million d’euros, soit un rapport de 1 à 20.
Pour les élus écologistes des trois régions concernées par le projet, Basse-Normandie, Haute-Normandie et Ile-de-France, la mobilisation de tels moyens dans ce projet passe clairement à côté des enjeux urgents du transport ferroviaire.
Cécile Duflot, présidente du groupe Europe Ecologie – Les Verts au Conseil régional d’Ile-de-France, rappelle « la situation intenable vécue au quotidien par des millions de franciliens dépendants de transports collectifs dégradés par des années de sous-investissement. La priorité, pour la région Ile-de-France, est de répondre à ce problème, pas de nourrir une nouvelle fuite en avant sur les lignes à grande vitesse, sur lesquelles la France a déjà beaucoup misé ces vingt dernières années, laissant son réseau secondaire à l’abandon. Les politiques de transport et d’aménagement du territoire doivent s’appuyer sur les besoins de vie quotidienne, sur les situations concrètes des usagers, pas sur la préférence des grands aménageurs pour les projets colossaux ».
David Cormand, président du groupe EELV en Haute-Normandie, ajoute : « Il n’y a pour l’heure aucune hypothèse de financement crédible du projet. L'État, une fois passées les déclarations fracassantes du Président de la République au Havre, n’a rien dit depuis 2009 ! Et il n'a pas mis le moindre euro sur la table. Notre priorité : l’amélioration à court terme de l’existant, la réalisation du Mantois et le noeud ferroviaire sur la rive Gauche de l'Agglomération de Rouen afin de garantir au plus grand nombre des trains qui partent et arrivent à l’heure. Le « fantasme LGV » retarde d'autant les initiatives à prendre d'urgence. L’enjeu du rapprochement de la Normandie à Paris ne peut pas conduire à sacrifier encore les lignes intermédiaires. »
Pour Mickaël Marie, membre de la Commission Transports du Conseil régional de Basse-Normandie et président du groupe EELV, « il est temps de se concentrer sur ce qui pourra effectivement être fait.. En l’occurrence, les besoins sont clairs : à court terme, l’amélioration du service sur les lignes existantes (un cauchemar aujourd’hui sur Paris-Cherbourg et, plus encore, Paris-Granville !) ; à plus long terme, dans un contexte de pétrole plus cher, à la réhabilitation des lignes de proximité supprimées dans le passé. Et ça ne coûtera pas plus cher : les travaux préalables à la réouverture de la ligne entre Caen et Flers sont estimés entre 60 et 70 millions d’euros, soit 3 à 4 kms de LGV. »
Le classement du Littoral et de la Vallée de la Seine au patrimoine mondial de l'UNESCO:
véritable projet de territoire ou " développementdurable.com "?
Le Président du Département de Seine-Maritime a annoncé son intention de déposer les candidatures de la Côte d’Albâtre et de la Vallée de Seine au titre du classement au patrimoine mondial de l’Unesco, au regard de leur valeur historique, culturelle ainsi que la richesse écologique de ces sites.
Le classement de la Seine au patrimoine mondial de l'UNESCO est un enjeu régional. Mais faut-il rappeler à Didier Marie que la Seine, comme tous les fleuves, a deux rives, et qu'elle ne s'arrête pas à Caudebec les Elbeuf ?
Un projet de classement de la Seine au patrimoine de l'UNESCO, notamment si celui-ci vise à s'appuyer sur la valeur patrimoniale du territoire liée aux impressionnistes, doit associer - a minima - le Département de l'Eure car il est évident qu'un éventuel classement de la Seine devra inclure dans son périmètre d'étude la vallée jusqu'à Giverny, ainsi que les paysages de la rive sud situés sur le département de l'Eure.
Le portage adéquat d'un tel dossier ne peut être envisagé, si l'ambition réelle est de parvenir à un résultat, qu'au niveau régional. Voire inter-régional si on considère que la rive sud de l'embouchure de la Seine avec Honfleur et la côte fleurie (qui pourrait faire parti d'un périmètre de classement intéressant) jusqu'à Houlgate sont en Basse-normandie.
En plus d'être une " mauvaise manière " faite à la Région, cette initiative qui méprise la moitié des territoires concernés par ce classement risque d'handicaper la réussite même du projet en affaiblissant sa cohérence.
L'UNESCO, cache-misère de la " bétonisation " de la Seine conduite par le Département 76 ?
Comment ne pas lier une candidature de classement au Patrimoine Mondial de l'UNESCO et le processus actuel de classement (national) des boucles de la Seine ?
Et c'est là que le bât blesse... Le Vice-Président du CG 76, Frédéric Sanchez (en charge de la valorisation économique, environnementale et touristique de la Seine...), sous la casquette " Vice-Président de la CREA au développement durable ", écrivait au Préfet le 24 décembre 2008 pour demander de sortir du périmètre de classement les zones U et AU (urbanisation future) de la boucle de Roumare. Cette demande a, naturellement, été rejetée par la Préfecture, représentante de l'Etat et donc d'un gouvernement qui ne brille pourtant pas par ses ambitions écologiques...
Frédéric Sanchez, maire de Petit-Quevilly, 1er vice-président à la CREA, vice-président au Conseil Général de Seine-Maritime. Il a comme une ressemblance avec Jean-François Copé, je trouve, mais ce serait un Copé PS...
Plus grave. Dans le cadre du " fameux " projet " Grand Seine 2015 ", porté par le CG 76, on constate que la quasi-totalité des fiches actions ne concerne que l'aspect " développement économique " de l'axe seine. Pire, " Grand Seine 2015 " a été l'occasion pour le Département de surseoir à ses engagements en portant à la baisse les crédits dédiés à " la restauration des berges de la Seine et de ses annexes hydrauliques ". En effet, dans le Contrat de projet 2007-2013, le Département s'était engagé, dans le cadre des mesures environnementales liées à l'arasement du chenal de la Seine, à participer à hauteur de 54 millions d'euros (1).
Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Rien. Ou quasi. Ce sont 50 millions d'euros d'engagement sur des mesures environnementales en faveur de la renaturation de la Seine qui ont été abandonnés par le Département.
Si le Département 76 souhaite agir en faveur de la préservation de la Seine, il nous apparaît utile qu'il commence par respecter ses engagements et assume les compétences qui sont les siennes.
La stratégie du " développementdurable.com " a ses limites. L'environnement subit déjà de la part du Gouvernement une politique d'affichage " bling bling " sans action réelle. Il est déplorable de voir un beau projet servir d'alibi à une collectivité locale de Gauche pour masquer une politique environnementale exsangue.
La richesse naturelle et historique de la Vallée de Seine et sa place dans le vécu et l’imaginaire de ses riverains (et au-delà) méritent mieux que le cynisme consistant à porter aux nues ce, qu'en réalité, on bétonne et l'on détruit
(1) Sur un budget global du Département de 85M€ pour les actions de dragage et les mesures environnementales.
Communiqué de presse de David Cormand, président du groupe Europe Ecologie à la Région Haute-Normandie
Ci-dessous, mon intervention en séance plénière du Conseil Régional Haute-Normandie de ce jour concernant le budget de la Culture.
Monsieur le Président, cher(e)s collègues,
Le budget de la cultureque nous allons voter aujourd’hui, amène de la part du groupe Europe Ecologie Les Verts quelques remarques.
Tout d’abord une satisfaction, celle de voir maintenus à niveau constant, les efforts de la Région en matière de développement culturel. Cependant, tout en reconnaissant qu’au cours des dernières années, le budget en faveur de la culture a connu une augmentation significative, force est de constater que ce traitement n’a pas été appliqué de manière vraiment égalitaire. Le grand gagnant étant l’EPCC Opéra de Rouen qui a bénéficié sur les trois dernières années d’une augmentation qui a plus que doublé entre 2008 et 2010, la dotation qui lui était allouée, passant d’un peu plus de 2 900 000 à 6 000 0000 d’euros. Autrement dit, aujourd’hui, au sein d’un budget de fonctionnement de 16 millions, le seul budget de l’Opéra représente près de 38 % des aides allouées à l’ensemble de la politique culturelle ! Dans le même laps de temps, l’aide au spectacle vivant professionnel a progressé de 10 % et l’aide aux territoires n’a pas bougé.
Face à ce constat, nous demandons une nécessaire réflexion sur l’orientation à venir des politiques culturelles de la Région et nous plaidons pour plus de diversité culturelle.
Personne ne conteste la qualité des productions de l’EPCC Opéra de Rouen. Toutefois, malgré des efforts méritoires à l’attention notamment des publics empêchés, la fréquentation des spectacles lyriques et symphoniques ne représente qu’une infime part des pratiques culturelles des publics. L’art revêt différentes formes qui se sont toujours construites dans une relation dynamique entre sociétés et territoires. En France, l’héritage des politiques culturelles donne le plus souvent lieu à une vision de la culture restreinte au champ des arts et des lettres. Une vision de la culture étendue au-delà de la culture savante trouve difficilement sa place dans ce modèle. C’est le cas dans la majorité des collectivités françaises aujourd’hui, comme notre Région, où le substrat de la politique culturelle est donc constitué des équipements culturels et des festivals. Cela illustre la place très importante qu’occupent toujours les objectifs de démocratisation de la culture dans les politiques culturelles des collectivités, tels qu’ils ont été énoncés par Malraux.
Or, les caractéristiques sociologiques de la population française ont considérablement évolué depuis les années 60. Cette vision de la démocratisation se fondait à une époque où la culture était relativement homogène et où les gens n’avaient pas de doute sur la question d’une culture française héritée. Une richesse que les envies de justice sociale menaient naturellement à souhaiter un juste accès à cette richesse, et pour le plus grand nombre. Un demi-siècle plus tard, on se retrouve dans une société où il est certes primordial de donner de l’importance à l’assimilation de l’héritage “catégorie œuvres d’arts” mais où il est fondamental de prendre en compte la nouvelle répartition des acteurs de la production des signes qui a considérablement évolué depuis ces dernières décennies.
L’enquête menée tous les dix ans par le Ministère de la Culture le démontre. Depuis 40 ans, ce sont toujours les mêmes catégories sociales qui fréquentent les théâtres, salles de concerts, musées, bibliothèques. Celles qui bénéficient déjà dans leur contexte familial de cette ouverture au monde de la culture, la fréquentation par d’autres publics restant toujours à la marge.
C’est pourquoi nous proposons plutôt que la démocratisation, de placer la démocratie culturelle davantage au centre des problématiques. Cette réflexion autour d’un autre positionnement de l’intervention publique émerge depuis quelques années, au sein de quelques collectivités. Ainsi lesdépartements du Nordou de Seine Saint Denis ont entrepris une démarche de ce type par le biais d’unagenda 21 de la culture. Qui dit agenda 21 implique aussi de faire appel à la démocratie participative. C’est une démarche salutaire dans un secteur où en matière de décisions, il n’y a plus qu’un face-à-face entre des professionnels et la sphère politique, les habitants ont été évacués du dialogue. La démocratie participative représente ainsi une part de la méthode pour re-légitimer l’action publique en la matière, et incarner les politiques. Cette étape nous apparaît en tout cas absolument nécessaire avant d’envisager d’engager la Région dans un futur investissement telun nouvel opéra sur les quais de Rouen. Nous nous inquiétons des dérives budgétaires qu’un nouvel établissement pourrait entraîner et sommes très sceptiques quant aux supposées économies d’échelle que pourrait représenter ce nouvel investissement. Nous considérons également que la pertinence d’un tel projet ne peut s’évaluer à l’aune d’une simple étude et demandons une large concertation via la démocratie participative.
Plutôt que de s’engager dans un super investissement, nous plaidons pour que dans les années à venir la réflexion au sein de notre collectivité s’oriente vers un rééquilibrage des subventions en faveur des petites et moyennes structures. Ce rééquilibrage peut se faire progressivement et sans préjudice pour qui que ce soit. Actuellement, la comparaison est insoutenable et les financements sans communes mesures entre les indépendants et les institutions. Il ne s’agit pas de déshabiller Paul pour rhabiller Jacques, mais bien de porter le subventionnement des structures culturelles indépendantes au niveau du secteur institutionnel. Le développement des pratiques artistiques est un enjeu sociétal dont le tiers secteur porte le dynamisme. Il peut être le vecteur d’autres modèles du vivre ensemble (durables, démocratiques, solidaires) à contre-courant du tout marchand, du tout profit que l’on observe dans certaines industries culturelles ou dans la conception libérale de l’économie en général.
Plutôt qu’un lieu unique, nous incitons la Région à soutenir et à favoriser la création de lieux culturels de proximité par un aménagement et un financement adéquats de petits lieux partout sur le territoire. Une politique d’aménagement du territoire concertée avec les artistes et les populations pour simplifier et amplifier l’implantation d’artistes dans tous les secteurs urbains (quartiers, villes, agglomérations, départements, etc.) et ruraux (villages, communautés d’agglomérations, etc.).
Nous ne saurons jamais où l’art, son jaillissement voudra bien voir le jour. Dans un champ, sur la toile d’Internet, au bout de la rue, sur un mur, sur un plateau, sur un coin de table ? Qui peut prétendre le savoir ? Ce serait des plus suspects. La seule chose dont nous pouvons être certains c’est que ce jaillissement ne peut advenir que dans l’ordre de la stimulation, du dynamisme et de l’effervescence. Soutenons donc les lieux culturels de proximité comme les nouveaux territoires de l’art à venir ! Car ces lieux et leur multiplication traduisent une réalité nouvelle de la pratique artistique et du mode d’échange avec le citoyen.
Bonsoir Manu, bonsoir Malik, bonsoir à vous toutes et tous, auditrices et auditeurs d’HDR. Pour cette 9e chronique du Speedball, dédiée aux accrocs de la politique et d’internet, je vous embarque pour un voyage entre la pointe du Cotentin et le Nord de l’Allemagne, un voyage en train.
Un train pour un convoi très spécial, genre Salaire de la Peur qui durerait des millions d’années. Au départ de La Hague, 11 wagons plombés transporteront des CASTOR vers Gorleben en Allemagne. Dit comme ça, Castor, ça parait plutôt gentil. En fait, c’est l'acronyme de cask for storage and transport of radioactive material. Et si je vous le dis en allemand, Behälter für Lagerung und Transport radioaktiven Materials, tout de suite ça jette un froid… En français, comprenez containers pour le stockage et le transport de matériaux radioactifs. De nombreux pays dont l’Allemagne, envoient leurs déchets nucléaires au centre de retraitement de La Hague dans la Manche. Après avoir été traités, les éléments les plus radioactifs y sont fondus dans du verre et déposés dans des containers spéciaux, nos fameux CASTORS. Les CASTORS sont ensuite envoyés dans des centres de stockage temporaire. A Gorleben, en Allemagne, c’est un hangar de dépôt qui sert à cet effet.
Les 5 et 6 novembre prochains, un train convoyant onze conteneurs, également appelés CASTORS, va donc traverser la France d’ouest en est, puis une partie de l’Allemagne. Acheminés en camion de la Hague à Valognes depuis le 25 octobre, ils quitteront la Manche vendredi 5 novembre pour être transportés, en train, jusqu'en Basse-Saxe. À l'arrivée, ils seront à nouveau chargés sur des camions, pour rejoindre le site de Gorleben où ils seront entreposés, en attente d'un stockage définitif. Ce « train d'enfer » constituera le transport le plus radioactif connu à ce jour dans le monde. Ce transport comporte des risques, il est pourtant tenu secret. Les rayonnements radioactifs émis par les onze conteneurs CASTORS entraînent un risque d’irradiation des cheminots et des riverains. Comme tout transport de matières radioactives, ce convoi présente également des risques en termes de sûreté et de sécurité. Et pourtant, les autorités ne fournissent aucune information sur ce type de transport. Elles taisent également sa dangerosité pour les riverains, la population et les salariés impliqués.
Mais il y a pire. Parce qu’à ce jour, aucun pays, n'a trouvé de solution pour le devenir de ces déchets qui, pour certains d'entre eux, demeureront toxiques pendant des millions d'années, et dont la gestion pose d'énormes problèmes à l'industrie nucléaire. Ainsi, en Allemagne, on a stocké des déchets de bien moindre dangerosité entre 1967 et 1979 dans la mine de sel d’Asse II, en Basse-Saxe, dans la région de Brunswick : 126 000 barils de déchets nucléaires entreposés, dont 1 300 fûts de déchets de moyenne activité. Aujourd’hui, les autorités de surveillance du nucléaire recommandent l’évacuation rapide de ces 126 000 barils car la mine de sel de Basse-Saxe est rongée par les infiltrations. Depuis des décennies, 12 m3 d’eau, soit 12 000 litres, ruissellent en moyenne, chaque jour, sur les parois de la mine de sel. La montagne exerçant une pression gigantesque, certaines galeries s’effondrent. Des barils, encastrés dans le sel, ont été endommagés sans que l’on sache précisément lesquels, contaminant la saumure. Ce qui se passe confirme ce que les écologistes assurent depuis belle lurette dans la région. La saumure qui ruisselle vers le fond de la mine peut être radioactive dans des proportions qui dépassent jusqu’à dix fois la norme. Recueillie dans une « piscine » à plus de 500 mètres de profondeur, elle est évacuée vers la surface. Mais les infiltrations régulières pourraient provoquer une inondation qui serait fatale. Une vraie « catastrophe nucléaire ». La nappe phréatique contaminée rendrait la région voisine inhabitable. Les autorités se renvoient la balle des responsabilités. Le bureau des mines du Land, au courant du danger, n’aurait pas jugé utile de sonner l’alarme au ministère de l’environnement, qui aurait peu tenu compte de ses observations. Les spécialistes de l’atome et des déchets seraient « tombés de haut » en découvrant l’étendue du désastre. Et pourtant, l’opinion publique n’a rien su ou presque pendant trente ans.
Les CASTORS, transportés par notre fameux train sont d’une plus haute teneur en radioactivité. Il faut en effet distinguer ces déchets «ultimes» des TFA à très faible activité ou même des MAVL (Moyenne Activité à Vie Longue). Pour écrire ce billet, j’ai pris le soin de bien me documenter. Quand on tape une recherche sur le traitement des déchets nucléaires, on commence par tomber sur une pléthore d’articles bien lénifiants et rassurants qui nous assurent que 96% des déchets à vie longue sont recyclables et réutilisables. Oui, le lobby pro-nucléaire est très actif sur le net ! Restent les 4% de déchets dits «ultimes», qui concentrent à eux seuls 95% de la radioactivité avec une durée de vie qui, à l’échelle humaine, s’apparente à l’éternité : 700 millions d’années. Ces déchets vitrifiés entreposés sont dans l’attente du moment où la recherche aurait trouvé le moyen de les traiter, de réduire leur dangerosité et leur durée de vie. Un drôle de pari sur l’avenir qui a comme présupposé une foi aveugle en la science et sa capacité à résoudre tous les problèmes qu’elle a elle-même généré…
Mais revenons à notre train omnibus entre La Hague et Gorleben qui suscite une mobilisation sans précédent en Allemagne. La population allemande est extrêmement hostile à l’arrivée de ce train et devrait se mobiliser très massivement à partir du weekend end prochain. De grandes manifestations sont prévues à l'occasion du passage du convoi de déchets. Les élus Verts appellent à bloquer les rues pour empêcher ces transports. Quelque 30 000 manifestants sont attendus autour de Gorleben pour «organiser la résistance».
Les anti-Castor allemands se sont rendus célèbres dans les années 1990 en s'enchaînant sur les voies ferrées, n'hésitant pas à couler leurs chaînes dans le béton pour empêcher le passage des convois de déchets atomiques. Ils ont d'ores et déjà annoncé leur intention de saboter les chemins de fer, en retirant les pierres entre les rails, pour paralyser le transport de déchets allant à l'usine de retraitement de Gorleben, prévu le 6 novembre. Un groupe opposé à cet acheminement a d’ailleurs revendiqué mardi un acte de sabotage qui perturbe le trafic sur le réseau ferré berlinois.
En France aussi, on se mobilise. Greenpeace et le réseau « Sortir du nucléaire » ont rendu public vendredi dernier les trajets potentiels du convoi jusqu’à la frontière française et les horaires du train. Afin de faire toute la lumière sur ce type de transport, et de dénoncer l'impasse que constitue le recours à l'électricité d'origine nucléaire, ils appellent à des mobilisations tout au long du trajet. Ils organisent des rassemblements dans six grandes villes : Caen, Rouen, Amiens, Arras, Nancy et Strasbourg.
Les élus régionaux Europe Ecologie (dont je fais partie) de Basse et Haute-Normandie, Picardie, Nord-Pas de Calais, Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, autant dire toutes les régions traversées par le convoi, ont publié ce matin un communiqué de presse où ils constatent une fois de plus le déni de démocratie qui accompagne l'industrie nucléaire française et le mépris dans lequel les pouvoirs publics et les acteurs de la filière nucléaire tiennent nos concitoyens. Ils soutiennent toutes les initiatives associatives non violentes qui jalonneront le parcours du convoi entre le 5 et le 6 novembre et qui contribuent à sensibiliser les populations aux dangers inhérents à la production d'énergie nucléaire.
De tout cela, nous ne saurions à vrai dire rien si Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire ne nous en avaient informés ; du côté du gouvernement, c'est le silence. Ces déchets vont d'un endroit où on ne sait quoi faire de ceux qui s'y trouvent, la Hague, vers un endroit où on les stocke en surface, Gorleben, sans savoir qu'en faire. Il était prévu de les enfouir, mais cela se révèle impossible, pour des raisons aussi bien géologiques que politiques- le refus déterminé d'une majorité des citoyens allemands. Cette impasse n'est propre ni à la France ni à l'Allemagne : aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Espagne, on ne sait quoi faire des déchets nucléaires, dont la radioactivité durera des milliers d'années. Pourtant, presque tous les gouvernements encouragent la "renaissance du nucléaire", en repoussant aux petits-enfants le soin de se débrouiller avec ce tas de déchets.
Refus d'envisager les économies d'énergie, refus de reconnaître qu'il n'y a pas aujourd'hui de réponse à la question des déchets nucléaires : nous filons tel un train ivre dans la nuit épaisse, en feignant de croire qu'il n'y a pas de terminus et que le voyage ne s'arrêtera jamais. Mais les passagers sont-ils bien d'accord avec les chauffeurs de la locomotive ?
Vous pouvez retrouver cette chronique ainsi que les liens vers les sources que j’ai citées sur mon blog laureleforestier.com. A mercredi prochain pour une nouvelle chronique et d’ici là, gardez les yeux et les oreilles ouverts et sachez que le réseau associatif STOP EPR organise une protestation à l'occasion du passage du train, vendredi 5, entre 18h et 20H, devant la gare SNCF de Sotteville les Rouen.
Bonsoir Manu, bonsoir Malik, bonsoir à vous toutes et tous, auditrices et auditeurs d’HDR. Puisque nous en sommes aujourd’hui à la 5echronique du Speedball, dédiée aux accrocs de la politique et d’internet, j’en conclus que j’ai réussi mon mois d’essai ! Aujourd’hui, nous allons revenir sur une décision de la maire de Rouen qui agite le Landerneau politique depuis un bon mois. Et s’il y avait un endroit où il fallait être, the place to be, c’était le conseil municipal de vendredi dernier. Spectacle et émotion garantis.
Mais que se passait-il donc, allez-vous me demander chers auditeurs, attentifs certes, mais pas toujours au fait des subtilités de la vie municipale. Début Septembre, dans un arrêté municipal, Valérie Fourneyron, notre maire à tous, retirait à son adjoint Guillaume Grima, élu écologiste, ses deux principales délégations voirie et espaces verts, lui laissant seulement le portefeuille de l’environnement.
Une personnalité, un tempérament parfois rétif aux codes de la communication politique moderne. Atypique dans la forme comme dans le fond - un franc-parler inédit et une philosophie à part qui lui font dire sans rire : « Je ne suis pas là pour le pouvoir, pas un professionnel de la politique. » Taxé de radicalisme par ces détracteurs, quand l'expression « ayatollah vert » n'arrive pas sur le tapis, il incarne aussi et surtout un homme de dossiers à la compétence et à la force de travail reconnues. Venu du monde associatif avec Campus Actif il rejoint les Verts de Rouen en 1998. En 2001, il est tête de liste aux municipales et réalise un joli score (plus de 10 %). Avec, en toile de fond, une bataille rangée contre le socialiste et candidat malheureux Yvon Robert. En 2008, bien qu'opposé à l'origine à une fusion des listes PS-Verts, Guillaume Grima décroche un portefeuille important en mairie. Tout juste nommé, il déclarait au sujet de sa collaboration future avec les socialistes : « Des désaccords ? Il y en aura toujours, mais ça n'empêche pas de travailler. »
Il semblerait que si en fait... Les raisons de la suspension de ses délégations ? L’expression libre de l’adjoint dans la presse et en conseil municipal, notamment sur la réorganisation des services et les moyens qui lui étaient alloués pour fonctionner correctement. Pas vraiment de quoi crier au scandale quand on prenait connaissance des propos de l’élu dans notre quotidien régional. Au point que je me demande quelle est la part de calcul politique et quelle est la part d’irrationnel dans cette décision de la Maire.
Etrange revirement en effet de Valérie Fourneyron qui, en décembre dernier, s’envolait avec Guillaume Grima pour aller assister à Copenhague à la conférence sur le climat et qui six mois plus tard, dès le mois de juillet menaçait de lui retirer ses délégations. L’adjoint aurait-il démérité, commis un énorme impair sur l’un de ses dossiers ? Que nenni et les réactions qui n’ont pas tardé à fuser après cet arbitrage insensé de Valérie Fourneyron ont toutes consisté en des témoignages de sympathie et de respect pour l’élu et le travail qu’il accomplissait à la Ville.
Pendant tout le mois de Septembre, le groupe des élus Verts de Rouen, soudés derrière leur camarade, a tenté de raisonner la maire. La solution qu’elle proposait était inacceptable : répartir les délégations ôtées aux autres adjoints Verts, une manière de distribuer les bons et les mauvais points. Une mauvaise manière surtout pour tenter d’enfoncer un coin dans la cohésion des écolos. Les discussions ont été âpres et après plusieurs changements de pied de la part de Valérie Fourneyron, il a bien fallu se rendre à l’évidence : elle ne reviendrait pas sur sa décision, soucieuse peut-être en cela de ne pas montrer trop d’atermoiements comme elle a pu déjà le faire sur des sujets tels que la Médiathèque ou la fermeture des marchés après 13 heures.
Valérie Fourneyron pendant un conseil municipal dont elle se souviendra - Photo J.M. Thuilliez issue d'un article de Paris-Normandie
Et le conseil municipal est arrivé qui a permis à Guillaume Grima de s’exprimer longuement sur toute l’affaire. Il a tenu à revenir sur ce sur quoi on l’accusait, remarquant au passage que les griefs avaient pu varier au gré des réponses embarrassées de la mairie dans la presse. Il a évoqué la difficile réorganisation des services de la Ville, très mal vécue par les agents. Malaise dans les services dont le groupe centriste s’était fait le porte-parole dans une motion en début de conseil. Réorganisation tellement mal vécue qu’elle a provoqué l’irruption de 250 agents en colère lors de la commission qui, en juin, décidait d’un nouvel organigramme des services techniques. Réorganisation que d’ailleurs les élus Verts ne cautionnaient pas et qu’ils avaient refusé de voter. Et si c’était cela que l’on fait payer aujourd’hui à Guillaume Grima ?
Une sanction individualisée, une tentative de semer le trouble au sein du groupe des élus Verts de Rouen, à quoi joue Valérie Fourneyron ? A un jeu bien risqué en tout cas… Elle permet à son opposition municipale de claironner sur les divisions de sa majorité. Ne soyons pas faussement naïfs. Toute majorité, composée forcément de plusieurs sensibilités politiques connaît des débats, des points de vue qui s’opposent. Ces conflits se régulent normalement en interne, par la négociation, et c’est plutôt un bon signe de santé démocratique.
En décidant de porter sur la place publique des divergences de vue sur la gouvernance, en sanctionnant de manière disproportionnée et abusive l’un de ses élus, la Maire de Rouen n’apporte-t-elle pas la preuve de ses difficultés à mener son équipe ?
Après cette décision où elle n’a pas hésité à stigmatiser un adjoint écologiste, qu’est-ce qui retiendra la parole des Verts désormais ? Voilà un bon moment déjà qu’ils ont tenté en interne de tirer la sonnette d’alarme sur les errements, les anomalies, les manipulations et le dysfonctionnement global. Ils ont rarement été entendus…
Vendredi soir, au conseil municipal, Guillaume Grima a volontairement transformé la fameuse phrase de Jean-Pierre Chevènement : un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne en Un adjoint ça ne démissionne pas ça l’ouvre. Je le cite in extenso :
Je ne démissionnerai pas car je reste légitime démocratiquement pour être là. Des citoyens me l’ont rappelé. Cependant, et en accord avec mon groupe, je considère qu’une étape nouvelle est passée en ce qui concerne la liberté de ton.
Alors si j’avais un conseil à donner au Maire de Rouen, c’est qu’un personnage tel que notre fougueux écolo lui serait bien plus utile à bosser concrètement sur les dossiers de la Ville comme il le faisait jusqu’alors. Et que s’il a eu le malheur de lui déplaire pour une ou deux réflexions qu’elle a jugé intempestives, elle risque de goûter encore moins la parole de Guillaume Grima et de sa liberté retrouvée.
Vous pouvez retrouver cette chronique ainsi que les liens vers les sources que j’ai citées sur mon blog laureleforestier.com . A mercredi prochain pour une nouvelle chronique et d’ici là, gardez les yeux et les oreilles ouverts et vive la liberté !
Jusqu’au Major qui, au printemps dernier, baptisait ainsi ce portrait de Guillaume Grima : Guillaume Grima en 2014, enfin libéré de sa charge d’adjoint.Quel visionnaire ce Major !
Bonsoir Manu, bonsoir Malik,
bonsoir à vous toutes et tous, auditrices et auditeurs d’HDR. Pour notre 3e
rendez-vous sur l’antenne du Tchatcho
dans la chronique du Speedball, dédiée
aux accrocs de la politique et d’internet, j’avais envisagé dans un premier
temps de vous parler de la menace terroriste puisqu’il en est beaucoup question
dans l’actualité ces jours-ci et que même mon journal local m’interpellait hier dans
les rues de Rouen avec cette affichette titrant : « Normandie, menace terroriste, les zones
sensibles ». Beaucoup d’effets
de manche pour nous apprendre que chez nous, les
zones à risque d’attentats sont les zones Seveso.
Mais une bonne nouvelle est
tombée hier soir, et aujourd’hui je n’ai pas envie de bouder mon plaisir. Dans
un communiqué de presse, Uralchem
annonce l’abandon du projet de construction d’une usine de transformation des
granulés d’engrais, sur le port de commerce de Dieppe. Mais c’est quoi ça
Uralchem et c’était quoi ce projet allez-vous me demander… Ural pour la région
russe du même nom et chem non pas pour méchant mais pour chemical autrement dit
en bon français pour chimie. Cette société russe projetait de s’implanter sur
une friche portuaire de Dieppe pour y installer une unité de production d’engrais
chimiques. Projet ardemment soutenu par le maire communiste de Dieppe,
Sébastien Jumel, mais unanimement décrié
par l’ensemble des autres formations politiques ainsi que par une association
citoyenne Uralchem
non merci ! Je leur laisse la parole : Vous avez aimé AZF à Toulouse ? Vous adorerez Uralchem à Dieppe! La
mairie a pratiquement vendu un terrain de 23 000m2 en plein centre-ville à la
société russe Uralchem, filiale de Gazprom, qui fabrique des engrais à base de
nitrate d'ammonium comme à AZF Toulouse ! Non seulement l'usine rejettera du
nitrate dans la mer (algues vertes) et dans l'air (ça pue, c'est toxique), mais
la peur vient des transports qui peuvent se transformer en bombe! Explications :
l'engrais arrivera par bateaux russes dans un port à écluse, il y en aura à peu
près 24 par an chargés de 8 000 tonnes d'engrais environ (AZT a explosé avec 40
tonnes!). La seule manière d'éviter la catastrophe quand un bateau de ce type
est en feu c'est de l'éloigner en mer. A Dieppe il sera dans un bassin à
écluse, même en feu il faudra attendre la marée haute pour sortir! Et s’il n’y a
rien du côté des bateaux il y aura un trafic de 1 000 camions par mois, et les
camions ça prend feu aussi! Et ça explose aussi! Et si ça explose Dieppe
disparait…
Vous pensez que l’association
exagère ? C’est exact que si l’on va sur le
site officiel de la société russe, on pleurerait presque de bonheur à lire
toute cette belle sollicitude affichée devant les préoccupations
environnementales et sociales. Ons’émerveille
déjà de cette jolie photo d’un tournesol jaune qui nous ferait quasiment prendre
l’entreprise pour une filiale des Verts… Ah ben non, en fait on apprend qu’Uralchem
Holding PLC est une société constituée à Chypre. Uralchem Groupe est le
deuxième plus grand producteur de nitrate d'ammonium dans le monde, numéro un
en Russie et deuxième producteur d'engrais azotés. Il est vrai que longtemps
Chypre a été un paradis fiscal pour les
capitaux russes mais j’y reviendrai… Je lis toujours sur le site officiel un
fabuleux article sur la responsabilité environnementale qui m’apprend, je cite,
que la compagnie fait très attention aux
questions de conservation et de protection de l'environnement ainsi qu’à la
sécurité écologique. Dans ce contexte, à partir de l'année 2008 en plus des
systèmes existants, l'entreprise se prépare à introduire des nouveaux
systèmes de gestion basés sur les bonnes pratiques dans le domaine de la
qualité et de l'écologie, telles que ISO 9000 et ISO 14001.
L’entreprise Uralchem investit dans des usines vétustes, sans les
mettre aux normes, pour la production de produits pourtant dangereux et
explosifs. Les employés ne sont pas équipés (ils manipulent à main nue les
produits). Les accidents se multiplient entraînant des blessures graves et parfois
la mort (ex. : le 5 mars 2009 dans l’usine Kirovo-Chepetsk, un mort et un
blessé grave suite à une explosion). Par ailleurs, de nombreuses émanations
toxiques mettant en danger la santé des employés sont à déplorer.
Installées sur des sites pollués de longue date (avec des déchets radioactifs
notamment), les usines de l’entreprise Uralchem sont à l’origine de pollutions
atmosphériques, pollutions des eaux (par des rejets directs dans les rivières)
et des sols confirmées par une association environnementale, la NERA, reconnue
et financée par la Banque mondiale. Ces pollutions sont même dénoncées par le
Ministère de l’environnement russe qui déplore de ne pouvoir rien faire
vis-à-vis de cette entreprise.
Pendant la campagne régionale, réunion d'information organisée sur les dangers d'Uralchem. De gauche à droite, Guillaume Grima, Claude Taleb, les deux écologistes russes Maxim Shingarkin et Roman Yushkov encadrent leur interprète.
La venue de ces militants
écologistes russes avait d’ailleurs déclenché un excellent reportage de la part
de TF1 au titre évocateur de l’usine
qui fait peur.
Bon mais la France n’est pas
la Russie et nous avons des organismes de contrôles sérieux pour vérifier que
ce projet d’implantation ne nuirait pas à la sécurité. Eh bien, justement, nous
avons là peut-être une première explication pour ce renoncement. En février
dernier, le directeur d’Uralchem France, M. Thyebaut, informait de la
saisine de la Direction Régionale de
l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Haute Normandie, autrement appelée DREAL, quant à une demande
d’autorisation d’implantation d’une usine de transformation d’engrais par
l’entreprise Uralchem à Dieppe. Aujourd’hui, la préfecture confirme dans un
communiqué que la Dreal n'a jamais reçu de dossier déposé par Uralchem. Est-ce
à dire que nos normes environnementales sont trop contraignantes ? Je pose
la question à tous ceux qui vivent près d’une raffinerie de pétrole…
En préparant mon papier ce
matin, j’ai déniché un blog dieppois que je vous recommande et qui commente avec impertinence les dessous chics
et chocs de la vie politique, sociale et mondaine, Pandora.
Sa rédactrice se réjouit à sa manière, toujours caustique, de la nouvelle :
On n'aura pas les pipe-lines sous les maisons du quartier de l'avenue
Vauban ? On ne contemplera pas les big bags pleins de merde amonitratée sur
les quais ? Les algues vertes
dans le bassin du port ?What
else ?On ne connaîtra
pas la voie ferrée, ou encore la noria de camions pour un
remake du "Salaire de la Peur ?On ne connaîtra pas les joies des cuves exhalant une exotique odeur
d'ammoniaque sur Neuville ?
Ben non, c’est dom-ma-ge…
Il y a encore un truc qui me titille quant aux explications sur ce
renoncement. Toujours dans ma pêche aux infos pour préparer la rédaction de
cette chronique, j’ai trouvé cette
nouvelle toute fraîche en direct de Moscou etdatée du 21 Septembre : Les amendements récemment adoptés à la
convention russo-chypriote relative à la double imposition permettront de
fermer le paradis fiscal de Chypre aux sociétés russes, a déclaré mardi aux
journalistes le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine. Afin d'optimiser
leurs impôts, de nombreuses grandes compagnies russes se sont fait domicilier à
Chypre. Les amendements à la convention fiscale russo-chypriote engagent les
parties à s'aider mutuellement dans la perception des impôts.
Et
le maire de Dieppe dans tout ça ? Il prend acte d'une décision qu'il regrette
et il est impatient de voir arriver sur
la table les projets alternatifsévoqués par les détracteurs du projet. Il veut
parler des éoliennes et il ajoute A moins que ce ne soit du vent… C’est
vrai que les communistes locaux préfèrent le nucléaire aux énergies
renouvelables…
Vouloir à tout crin l'installation d'une entreprise basée dans un paradis fiscal, est-ce bien raisonnable pour un élu communiste ?
Vous pouvez retrouver cette chronique ainsi que les liens vers les
sources que j’ai citées sur mon blog laureleforestier.com avec en prime des
bonus photos et vidéos. A mercredi prochain pour une nouvelle chronique et
d’ici là, gardez les yeux et les oreilles ouverts et n’oubliez pas que même si
Dieppe est débarrassée de son projet d’usine à nitrates, il reste encore un
projet de réacteur nucléaire dans les cartons à Penly.
Désolée, je n'ai pas trouvé de vidéo en VF à intégrer. Amis francophones, pour retrouver la version française, cliquez sur l'usine qui fait peur.
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