Mai 68 ? J’avais 9 ans.
Alors, je n’ai pas de souvenirs d’ancien combattant à vous raconter. Non, je me
rappelle surtout de longues et belles semaines de vacances, parce que ma mère,
née à Paris en 1918 et qui avait peut-être
gardé un souvenir de février 34, n’avait qu’une trouille : que
je me fasse piétiner dans une
manif. Sachant qu’il y avait 500
mètres pour aller de la maison à l’école des jeunes filles de bonne famille de
la gare, j’en conclus que l’angoisse a toujours été un sentiment viscéral chez elle. Et je me souviens aussi,
cette angoisse là venait des privations de la guerre, qu’elle avait rempli la
baignoire d’eau, et le placard de la cuisine de sucre et autres denrées non périssables en cas de rationnement…
Mai 68 ? Ce fut une révolution culturelle dont je me suis nourrie avec avidité dans les années 70. Sex and drugs and rock’n roll. Dans mon cas, les expériences s’énoncent à l’envers. D’abord la musique. Puis la drogue. Faut dire que les bonnes sœurs nous faisaient lire un bouquin, L’herbe bleue, sorte de journal d’Anne Franck de la défonce. Sur moi, ça a eu l’effet inverse. De cette histoire bidonnée du soi-disant témoignage d’une jeune fille de quinze ans, je n’ai gardé que la description des paradis atificiels, ça m’avait l’air d’être top. Alors j’ai ouvert les portes de la perception. Et puis les 70s, la pilule, pas d’IST, et youp la boum ! Sûr que cette période n’a pas pu calmer les angoisses de ma mère…
L’héritage de mai 68 ? Ben, j’ai élevé mes enfants avec.
Nan, je vous rassure, je ne leur pas appris à rouler des pétards, mais ça a été très peace and love, et
dans l’amour de la liberté, de leur liberté. Au moins deux sur trois (le
dernier n’est pas encore tout à fait fini, il n’est pas encore d’âge à quitter
le nid) sont devenus de beaux adultes curieux de la vie et des autres.
Héritière de mai 68 moi ? Aucun doute là-dessus, comme la plupart de mes potes. Sommes nous ces bobos qu’à droite on fustige ? Peut-être bien. Parce que l’année dernière, le 6 mai, c’est sûr que je n’ai pas voté pour le fossoyeur de mai 68. Sans regrets !
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