Hier, samedi matin, devant mon poste de télé à regarder BFM TV pour assister au débat entre François Bayrou et Ségolène Royal que cette dernière avait proposé à l’issue du premier tour. En préambule, c’est réjouissant de voir, même ci cela en agace certains, que le leader centriste est toujours présent sur la scène politique. Ses 7 millions de voix y sont bien sûr pour quelque chose…
En tour de chauffe, nous avons droit à un affrontement violent entre Valérie Pécresse (UMP) et Christophe Caresche (PS). Invectives, crachats de venin, ils s’excitent autour de la dette et des prélèvements obligatoires. Personne ne s’écoute, ça se coupe la parole, part dans la surenchère, ça fatigue et prend la tête. Présente également sur le plateau, une jeune UDF assainit l’atmosphère en décrivant ses attentes du débat à venir. « Nous ne passons pas à la trappe » déclare-t-elle. Comme beaucoup d’électeurs de François Bayrou, je m’en félicite.
L’entretien démarre enfin. Les deux interlocuteurs rappellent, chacun son tour, qu’ils sont là pour éprouver les points de convergence et de divergence de leurs deux programmes et les questions porteront sur les institutions et les garanties de la démocratie, l’Europe, l’économie et l’emploi, les retraites et les thèmes de société liés à la sécurité, l’immigration, l’éducation. Très rapidement et à plusieurs reprises ensuite, Ségolène Royal s’affranchit du PS et répète qu’elle se libère des dogmes, qu’il faut sortir de l’affrontement bloc contre bloc. Artifice de séduction ? En tout cas, pour un électeur centriste, ça fait plaisir à entendre…
Le premier thème abordé, la réforme des institutions dégage un véritable consensus. J’en retiens surtout que pour l’un comme pour l’autre, la démocratie ne peut s’exercer que dans des conditions de pluralisme et d’équilibre et que le dialogue social doit être inscrit dans la loi.
L’approche de la question européenne est assez partagée, notons tout de même une nette dissonance sur l’idée d’un salaire minimum européen que François Bayrou juge à ce stade pas sérieux. Un véritable débat d’idées s’engage alors et se poursuit autour de l’économie et de l’emploi. Là, c’est sûr, deux conceptions se font face sur l’intervention de l’Etat dans la sphère privée et le rôle des puissances publiques. C’est beau un débat d’idées, on aurait bien aimé le même avec le candidat UMP ! C’est moderne surtout, nous comprenons bien que le débat démocratique et républicain vient de changer de style et d’époque.
Bon, sur les retraites ça bloque, entre une qui veut abroger la loi Fillon et l’autre qui veut aller plus loin. Les questions de société et de solidarité ramènent les deux débatteurs à une unanimité de vues. Sur la sécurité et la justice, je retiendrai ces deux affirmations : « Le tout premier acte de transgression doit déboucher sur une sanction immédiate et proportionnée » (Ségolène Royal). « Il n’y a aucune chance d’obtenir un pays en sécurité si on ne l’apaise pas » (François Bayrou).
Décontraction, courtoisie, tolérance, respect, le débat s’achève avec une note d’humour et de galanterie de la part de François Bayrou : « J’essaye de vous rendre votre débat de mercredi plus facile ! ». Sûr que ces deux là viennent d’esquisser devant nous un pas de deux chaloupé, sur un rythme ternaire aux consonances latines et métissées, mambo, cha-cha-cha, tango ou rumba. Mercredi soir, n’en doutez pas, ça sera binaire et rock and roll !
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