Paris est déjà libéré. Les troupes alliées
approchent. Avant de quitter la ville, les Allemands détruisent ce qu’ils
peuvent, notamment les installations du port et ils incendient le palais de la Première Présidence
où ils avaient installé une centrale téléphonique souterraine pour la marine.
J’ai vu le départ des Allemands, c’était même drôle, ils avaient des vélos, ils étaient en haillons, ils marchaient, ils cherchaient les Canadiens pour se constituer prisonniers. André, 28 ans.
Le 30 août, dès 8h15, des éléments
canadiens sont à Mesnil-Esnard, puis Bonsecours vers 9 heures. Le drapeau
français, surmonté d’un petit drapeau de l’Union Jack est hissé sur le château
d’eau de Bonsecours. Les Rouennais qui aperçoivent le drapeau, comprennent
qu’ils vont être enfin libérés.
Et
puis un jour, depuis mon grenier, j’ai vu le drapeau français flotter sur le
château d’eau de Bonsecours. Jean, 16 ans.
A 15 heures, sur ordre du Maire, le drapeau
français flotte au fronton de l’Hôtel de Ville. A 16h30, un premier
motocycliste canadien, couvert de fleurs, casqué et armé, débouche par la rue
de la république et s’arrête sur le parvis de la Mairie.
On avait su le matin par un de mes camarades, que le drapeau allié flottait sur le château d’eau de Bonsecours. L’après-midi, je suis descendu avec mon père, nous avons croisé quelques allemands… (…) Et puis, en revenant vers le centre de Rouen, par la rue de l’Hôpital, nous avons vu une jeep arriver sur la place de l’Hôtel de Ville. Evidemment, il n’y avait personne, mais nous nous sommes naturellement précipités vers elle, il se trouve que c’étaient des correspondants de guerre canadiens. Des canadiens de langue anglaise – moi, étant lycéen, j’avais quelques notions d’anglais. Il y avait aussi des membres de la résistance, et j’ai servi en quelque sorte d’interprète. Michel, 18 ans.
Un
jour, c’était l’été, mon cousin courait comme un petit fou de la place Saint-Hilaire
à la maison, jusqu’au moment où il dit : « Ca y est, ca y est, voilà
les Alliés ! », alors mes grands-parents m’ont prise par la main,
nous sommes allés place saint-Hilaire, en bas de la rampe et des tas de soldats
sont arrivés, sont passés… Ma grand-mère m’a dit alors : « Ceux-là,
tu as le droit de les regarder ». Chic alors, j’ai foncé tête baissée pour
en voir un de près, et il m’a donné deux bonbons. J’ai dû lui dire quelque
chose, car il m’a souri et il m’a répondu, mais bien que ce soit un allié, il
ne parlait pas français, je n’y comprenais rien… Nicole, 4 ans.
La Libération, c’était la joie parce que tout le monde s’embrassait, et je me souviens de ce marchand de tissus à l’encoignure de la rue Guillaume le Conquérant et de la place du Vieux Marché, c’était la maison Léger. Tout le monde allait y acheter des drapeaux, bleu, blanc, rouge, et ça m’est resté, tout le monde sortait avec des drapeaux, bleu, blanc, rouge pour mettre aux fenêtres et tout le monde s’embrassait, nous étions heureux… Françoise, 10 ans.
c'est vrai que tout est très bien écrit, que les photos sont incroyables, que chaque témoignage est poignant. Cette page d'Histoire devient "vivante", plus réelle au travers des souvenirs de chacun. Merci à vous pour ce remarquable travail, Merci également à ceux qui ont fait part de leurs souvenirs. Ces "chroniques" sont d'une très haute qualité et très interessantes. Merci de partager...
Rédigé par : Florence | 26 avril 2008 à 00:06