C’est bien connu, en famille ou entre amis, pour préserver l’harmonie d’un repas convivial, il y a trois sujets à ne jamais aborder : la religion, l’éducation et la politique. Pas plus tard qu’hier soir, j’ai pu vérifier comme cette règle, dès qu’elle est transgressée, déchaîne les passions et les ressentiments.
Hier soir donc, nous célébrons chez l’un de mes frères, en villégiature actuellement sur la côte normande, l’anniversaire de ma sœur aînée. Assistaient également à ce dîner, une amie d’enfance, aujourd’hui brillante avocate en droit social, et ses enfants, jeunes adultes démarrant dans la vie active.
L’expérience des dernières campagnes (présidentielle et législatives) m’a permis de développer un sixième sens, celui de déceler immédiatement chez mes interlocuteurs, l’amour inconditionnel de notre nouveau président. Ne partageant pas, et de loin, cet enthousiasme illuminé, je me garde bien, en général, d’amener tout sujet de conversation qui pourrait provoquer matière à fâcherie respectant ainsi la règle énoncée plus haut, d’autant plus que j’ai pu repérer en l’épouse de mon frère une ardente sarkolâtre.
Mais notre amie avocate, par ignorance ou par naïveté, n’hésite pas à lancer la conversation sur les présidentielles, son vote inconditionnel Bayrou du premier tour, son vote Royal du second tour par horreur de Sarkozy. Voilà les hostilités qui démarrent...
Ma belle-sœur, avec une certaine aigreur, et, je lui reconnais, une foi inébranlable dans l’avenir radieux de notre pays, lui rétorque immédiatement que Sarkozy va sauver la France avec toutes les réformes remarquables qu’il entreprend, réformes qu’auraient bien été incapables de conduire la créature socialiste (immédiatement vouée aux gémonies) et ce mollasson de Bayrou (gangrené par la chienlit socialo-communiste depuis qu’il eut l’outrecuidance entre les deux tours, d’affirmer qu’il ne voterait pas Sarkozy).
Nous aurons droit ensuite à tous les poncifs véhiculés par les médias aux ordres et l’opinion publique hypnotisée : l’emploi et le pouvoir d’achat seront sauvés grâce à la réforme sur les heures supplémentaires ; tous ces flemmards de fonctionnaires à commencer par les enseignants et les cheminots vont voir ce qu’ils vont voir avec la loi sur le service minimum (elle n’utilise jamais les transports en commun, pas même le train et ses gosses ont toujours été scolarisés dans des établissements privés) ; les infirmières bulgares doivent leur salut à Nicolas Sarkozy qui a bien eu raison de vendre du nucléaire et des armes à la Lybie puisque c’est ce que la France a toujours fait ; notre président bien-aimé est un grand démocrate, la preuve il a nommé (tout seul) une commission de 13 sages chargée d’une réforme des institutions (à qui il a lui-même fixé la feuille de route…).
Autour de la table, à part mon frère qui baissait le nez dans son assiette pour éviter une scène de ménage ultérieure, l’ensemble des convives a tenté d’apporter une contradiction étayée par des arguments tout en s’écharpant à qui mieux-mieux.
Croyez-moi ou pas, je suis restée zen, ou presque… Il y a bien juste un moment où de manière pas très courtoise, il est vrai, j’ ai affirmé à ma belle-soeur qu’elle ferait bientôt partie des cocus du sarkozisme.
Au prochain épisode, je vous raconterai un dîner chez les ségolâtres, s’il en reste !
Dites nous Laure, vous semblez oublier les Bayroulâtres voire ex-Albertinilâtres, de moins en moins nombreux il est vrai, mais tout aussi passionnants que les autres.
Vous savez ces fougueux qui, en 2001, venaient de prendre Rouen à la gauche, qui dansaient autour de la fontaine de la mairie pleins d'espoirs comme moi, s'embrassaient, se préparaient à 6... euh 7 ans pardon (putain c'est long... et pour quel résultat)... de pouvoir, se voyaient déjà en néo-Jeanne d'Arc.
Aujourd'hui, que sont-ils devenus ces centristes enthousiastes, militants, élus, communicants, nouveaux venus ? Ben à Rouen ils semblent bien déçus. Certains peinent à boucler leur septième année de mandat ou de fonction municipale, d'autres ont jeté les amarres, quelques-uns regrettent déjà ouvrant peu à peu les yeux sur la vraie nature du maire...
Dites nous un peu Laure comment se passe un dîner chez les ex-albertinilâtres ? Les trompés, ceux qui ont cru aux 40 projets, ceux qui ont été déconcertés devant le revirement du maire entre les deux tours des présidentielles, ceux qui ne supportent plus certains adjoint(e)s UMP, de Guyard à Cheval, en passant par bien d'autres... Oui Laure dîtes nous un peu. Parlez nous de vos dîners avec ces gens qui portaient si bien le tee-shirt orange, de vos amertumes aussi.
Rédigé par : Perroquet | 14 août 2007 à 10:18
Que voulez vous, on ne choisi déjà pas sa famille, encore moins sa belle-famille....!
Rédigé par : Teddy | 14 août 2007 à 14:05
J'apprècie toujours cette arrogance chez les UMP. Mais tout particulièrment chez les militants et les adeptes, ce droit de dire et faire ce qu'ils veulent. Certainement les traces d'une droite décomplexée qui ose s'affirmer comme l'unique solution politique
Ecoeurant...
@Perroquet: je savoure chez vous ce gout d'amertume. Devenir triste et aigri en rabachant inlassablement les mêmes histoires, cela vous donne la nausée, hein ? tant mieux, restez dans votre cage avec les autres simples d'esprits à cogiter votre rancoeur et votre misérable haine.
C'est curieux chez les perroquets ce besoin de faire des phrases !!
Rédigé par : le paladin | 14 août 2007 à 14:47
@le paladin : aucune amertune au contraire. plutôt de l'ironie sans agressivité. à l'inverse de vos propos qui, eux, sont particulièrement imagés : amertume, écoeurant, nausée, rancoeur, misérable, haine... en si peu de lignes ! Un champ lexical qui résume bien votre univers : navrant... Et même la référence aux tontons flingueurs est navrante. vous savez pourquoi ? parce que vous voulez blesser, faire mal, enfermer les propos des autres dans des cages pour qu'ils ne s'expriment plus.
Dans MoDem, il y a démocrate. vous, votre place est plutôt à l'UMP. et vous n'hésitez pas à le confirmer avec cette attaque sur les adeptes et les militants qui osent avoir "ce droit de dire et faire ce qu'ils veulent". Ce qu'on nomme couramment la liberté... Rarement vu un centriste autant liberticide, adémocratique et catégorique dans ses jugements.
Rédigé par : Perroquet | 14 août 2007 à 16:03
Merci de tout coeur.
Je comprends votre grandeur d'äme et votre grande sollicitude envers les autres pour ne point blesser autrui par des propos disgracieux. Il est vrai que l'Ironie est joyeuse et apporte la sérénité à ceux qui lisent une telle prose.
Votre tolérance et votre à propos sur mes vilaines paroles vont chagriner de tristesse ma fin de journée. Vais je me repentir de ma triste vilainie ?
NON !!
Et je n'ai aucune leçon de démocratie à recevoir de vous qui connaissez si bien le verbe critiquer mais qui visiblement ne semblez pas connaître celui de construire.
Rédigé par : le paladin | 14 août 2007 à 17:25
C'est vrai que les commentaires de Paladin sont constructifs ;-) bizarrement je n'ai pas trouvé celui de Perroquet agressif ou critique, il exprime au contraire une interrogation de beaucoup de centristes à Rouen, déboussolés depuis les présidentielles, déçus par le maire. c'est un débat qui mérite d'être lancé et non mis en cage par des crétins comme Paladin. dans un an, il y a des élections et j'ai envie de savoir ce que nous allons devenir.
Rédigé par : Marie Gund | 14 août 2007 à 17:55
Marie Gund:
Toutes personnes voulant lancer un tel débat comme vous dites, est ce que cela en est un ? à bien des idées derrière la tête, surtout celle de diviser notre mouvement.
C'est un débat qui appartient au passé désormais et nous devrions penser à celui qui devrait maintenant nous regrouper autours de nos valeurs, celles exprimées lors de la campagne présidentielle.
Ceci est un débat bien plus constructif.
Le crétin vous salue.
Rédigé par : le paladin | 14 août 2007 à 18:30
Laure, je ne peux que vous encourager à tester le thème de la religion la prochaine fois. Vous verrez, c'est sympa aussi. J'ai commis l'erreur une fois au Maroc d'affirmer haut et fort au cours d'un repas que j'étais athée..., je le regrette encore!
Pour ce qui est de l'idolâtrerie vis-à-vis de Sarkozy, peut-être que les choses commenceront à évoluer dans un autre sens à partir de la rentrée. Le personnage présente à mon sens la caractéristique très particulière de susciter la "passion". Le problème avec la passion, c'est que les sentiments peuvent s'inverser du jour au lendemain...
Rédigé par : DarthVader | 14 août 2007 à 18:44
Mais notre mouvement est déjà divisé à Rouen. Entre Laure qui affirme que le maire est enterré au fond du jardin et Catherine MD qui continue de soutenir le maire. Je veux bien croire que c'est le passé mais les faits comme les propos de chacun prouvent le contraire. Pour ma part, je suis l'idée de Laure et tire un trait sur la sincérité ainsi que la crédibilité de l'actuel maire de Rouen (qui n'est plus ni UDF ni Modem ceci dit).
Rédigé par : Marie Gund | 14 août 2007 à 19:25
Votre article est juste. J'ai parfois vécu ce genre de situations. Très embarassante dans la mesure où la "sécurité familiale" indique de taire ses remarques anti-sarkozystes. Et je regrette de constater souvent que les pro-sarkozystes sont bien souvent ignorants des vraies idées de leur idole.
Sarkozy et ses "fans", des gens démocrates ?
Rédigé par : Pierre | 14 août 2007 à 20:03
Ces fameux dîners... nous les avons tous connu, mais j'ai rajouté aussi ce que j'ai entendu: sur les marchés, en collant, et en faisant mon footing (et oui !) le tout dans la rubrique "humour".
Mon beauf lui aussi a voté Sarkozy "pour qu'on se débarasse de cette racaïlle" alors qu'il parle comme eux, pas capable d'aligner trois phrases :-)
Rédigé par : jeunemodem31 | 15 août 2007 à 12:23
J'ai lu plusieurs fois votre article. Il relate en effet ce que chacun de nous a déjà vécu une fois dans sa vie : le dimanche en famille où tout se passe formidablement et puis...à un moment une personne parle du sujet tabou.
Et là, comme dans la célèbre caricature sur l'affaire Dreyfus..."Ils en ont parlé".
La famille n'est plus la même.
Les 35heures ont fait du tord à l'économie, ces fainéants de fonctionnaires sont bien trop payés ,l'école n'est plus ce qu'elle était, la justice laisse en liberté des tordus...et l'inusable "On paye trop d'impôts en France", sorte de grand classique des conversations avec les neuneus bourgeois.
J'ai pour ma part lors de ces discussions le don de contredire mes interlocuteurs : je suis de gauche avec des gens de droite et vice versa...c'est plus sympa, ça met de l'ambiance. C'est peut être ça être du centre ;-)
Sinon le commentaire de Perroquet est très intéressant. Je m'étonne que vous ne lui ayez pas répondu.
Bien à vous chère Laure.
Rédigé par : Monsieur Julien | 15 août 2007 à 14:39
Vous devriez peut-être essayer aussi le sujet de la religion lors d'un repas entre centristes, Laure. Si je peux me permettre, bien sûr. Notamment au sujet de la position des religions sur des thèmes tels que la liberté des femmes vis à vis de l'avortement, la liberté des adolescent(e)s vis à vis de la contraception, et la liberté des homosexuel(le)s vis à vis de la parentalité... Juste pour voir ;-) Enfin, je dis ça, je ne dis rien... Mais à la lecture de certains forums et blogs centristes, il me semble que l'expérience pourrait être... intéressante.
Rédigé par : guy76 | 15 août 2007 à 16:27
@ guy
Heureuse de vous revoir dans ce blog.
J'ai aussi en famille à une autre occasion lancé le sujet de l'homoparentalité et ça revient à peu près à faire exploser une bombe atomique dans le bol de punch. Beaucoup de haine, d'ignorance aussi et tolérance zéro.
C'est dans ces cas là que je me rends compte que j'ai bien élévé mes gamins, ils sont les seuls à défendre avec moi des positions qui semblent encore aujourd'hui peu ou pas du tout acceptées.
Rédigé par : laure leforestier | 15 août 2007 à 16:46
Bonjour Laure,
je découvre ton blog, que j'aime beaucoup, très bien écrit, et drôle ! Quel talent pour raconter les repas de famille : j'espère seulement que tes proches ne lisent pas ton blog, sinon le prochain rendez-vous familial risque d'être encore plus assaisonnés ;-)
amitiés,
Luc
Rédigé par : Lancelot | 15 août 2007 à 16:57
Nous ne serions pas de la même famille par hasard ? J'ai l'impression d'avoir assisté au même repas... Mais non, nous êtions en Bretagne...
Rédigé par : Leroy-Morin | 15 août 2007 à 17:10
Sympa, le repas de famille... j'ai presque vécu la même chose hier soir... le seul sarkozyste du lot, le plus agressif, plantait ses arguments, sans les étayer, comme s'ils étaient des axiomes.
Lorsque les autres lui démontraient qu'il avait tort, il bloquait toute discussion... peu crédible...
Rédigé par : Danièle Douet | 15 août 2007 à 17:55
Hier, dîner de famille mais pas de Sarkozyste en vue! Vous en auriez pas un ou une à nous prêter!
Rédigé par : Florence | 16 août 2007 à 10:14