Jean
de la Fontaine
était il lyonnais ? Non, il est né en Picardie, il a fréquenté les
puissants de la cour et il est mort à Paris. Nous avons tous en mémoire certaines
de ses fables, apprises à l’école primaire et qui demeurent, indélébiles,
gravées qu’elles furent dans la cire molle de nos neurones frais. Il en est une
ainsi, parmi les plus célèbres, que je n’ai jamais oubliée, celle du chat, de
la belette et du petit lapin. La vraie star de l’histoire, c’est notre bon gros
minet :
C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Un matou bien
matois :
Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.
Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.
Bon, vous connaissez tous
l’histoire, quel rapport vous demandez vous avec Lyon…
Je vais vous faire un
petit résumé de ce qui s’est déroulé au cours des trois derniers mois dans la
ville des traboules et de la bonne tambouille.
L’histoire commence juste après Seignosse lorsqu’Anne-Marie
Comparini, la mal nommée, décide de ne
pas mener de liste aux municipales à Lyon. Ce départ laisse la porte ouverte à
de nombreuses autres candidatures et, au-delà du choix des personnes, pose la
question des possibilités d’alliances au second tour.
Fin
septembre, ça commence à chauffer car les démocrates lyonnais s’inquiètent de
ce qui pourrait devenir une désignation d’investiture sans consultation
démocratique et ils commencent à ruer dans les brancards.
Ils lancent un appel début octobre qui sera largement
relayé sur les blogs démocrates dans toute la France (dont le mien). Cette ébullition donnera
quelques résultats puisque c’est à partir de cette époque qu’un semblant de
volonté de consultation des militants commence à poindre. François Bayrou fera
lui-même le déplacement à Lyon pour calmer le jeu et fixer les règles de la
consultation des adhérents.
Sept
candidats en lice au départ, puis après des péripéties rocambolesques, il n’en
reste plus que deux Azouz Begag et Christophe Geourjon. En gros, pour faire
vite pour ceux qui n’ont pas le courage de cliquer sur les liens, une tendance
à droite avec Christophe Geourjon, dans la ligne de Michel Mercier, sénateur et président de la fédération UDF du Rhône qui commence
à être passablement énervé par les turbulences lyonnaises alors que lui, son
principal souci c’est « de ne pas laisser tomber tous les élus qui ont
apporté leur soutien à François Bayrou pour la présidentielle ». Une
périphrase pour dire qu’il veut sauver ses conseillers généraux, sa présidence
du département, et donc qu’il ne souhaite pas s’attirer les foudres de
Dominique Perben et de l’UMP. Et la tendance à gauche avec Azouz Begag qui
annonce déjà un ralliement à Gérard Collomb, le maire PS sortant, au deuxième
tour.
Nouveau
coup de théâtre quand mardi dernier, Azouz Begag se retire. Allez, je ne résiste pas
au plaisir de vous livrer l’analyse de Lyon Mag :
Reste un dénommé Geourjon qui va
être forcement désigné par les militants Modem puisqu’il est le seul candidat.
C’est qui ce type ? Une créature de Mercier le malin qui une fois de plus a
bien joué le coup. En faisant tout pour décourager Begag. Et on comprend qu’il
ait craqué, l’artiste, face à un pro comme Mercier. Car il en avait marre des
rumeurs, des combines, des coups tordus et des manipulations pour casser sa
candidature. Une candidature qui gênait le président du conseil général qui n’a
jamais aimé qu’on lui fasse de l’ombre. C’est comme ça que les centristes
lyonnais ont tout perdu en quelques années : le conseil régional et la mairie.
Et que logiquement ils devraient perdre le conseil général dans quelques mois
aux élections cantonales. Reste à savoir s’il y a beaucoup de logique en
politique. Surtout quand on est aussi malin que Mercier.
Quelques
observateurs attentifs pensent qu’au final, il n’y aura même pas de liste
Mouvement Démocrate à Lyon. Voici ce qu’en dit Robert Marmoz, correspondant du Nouvel Obs à Lyon et qui a
affectueusement surnommé le sénateur UDF (attention, il tient absolument à
cette appellation UDF !) le Raminagrobis
de Thizy :
Et après ? Que va-t-il se passer ?
D’abord officiellement : Christophe
Geourjon, seul candidat restant en lice après le retrait d’Azouz Begag
va être, prochainement, investi par les autorités locales et nationales du
MoDem. Ensuite, c’est ce qu’il m’a dit avoir déjà commencé, il va peaufiner un
« projet » pour la ville de Lyon. Projet qu’il devrait présenter début janvier.
A peu près en même temps que ses listes. C’est dire le handicap : il n’est pas
connu, son projet n’est pas prêt, ses listes, pas encore constituées, ne seront
mises sur le marché électoral que quelques semaines avant l’échéance, avec des
années lumière de retard sur Perben et Collomb. Quant à l’argent pour mener la
bataille, les banquiers ne vont pas le lâcher facilement pour une liste dont
Michel Mercier a dit lui-même qu’elles n’étaient pas sûres de faire un bon
résultat. D’après les projections des législatives, interprétées par les
dirigeants locaux du MoDem leur liste autonome jusqu’au bout ne rapporterait
qu’un élu ! Alors ? Alors ? Disons qu’un petit sondage judicieux montrant
qu’une liste Geourjon ferait moins de 10% des voix, combinée à l’impossibilité
de financer une campagne, tomberait à point pour « replier les gaules ».
D’après mes informations le retrait de la liste MoDem devrait
intervenir fin janvier. Et il ne
restera plus qu’à trouver des places au chaud pour les fidèles de Mercier. Et
où est ce que Mercier va les trouver ces places ? Deux possibilités (je rigole
il n’y en a qu’une en fait, vous allez comprendre vite pourquoi). Hypothèse Collomb : Mercier l’a dit à la télé :
« On aurait cinq élus à Lyon et
zéro ailleurs dans le département, et ça je ne le veux pas. Je me dois d’être
fidèle à ceux qui nous soutenus ». Ne reste plus que…. Gagné ! Perben !
Angélique Michel
Mercier ? (Oui, je sais, elle est énorme, mais j'ai pas pu résister...)
Donc
si j'ai bien compris, c'est pas de sa faute à Raminagrobis, manque de temps, manque
d'argent, et ce qui compte hein, c'est d'avoir des élus ! Marrant, j’ai
l’impression d’avoir déjà entendu tout ça au Nord de la Seine… Vous croyez qu’à la
cantoche du Sénat, en se repassant les plats, ils se refilent les bons tuyaux ?
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