« Si c’était à refaire, je ne ferais qu’une
seule Normandie. (…) Ma seule erreur a été de croire que je mettais en place un
système évolutif. J’étais convaincu, naïvement, que l’on assisterait peu à peu
à des fusions de régions. Hélas, j’attends encore. » Serge Antoine, le « découpeur » des régions dans une interview
accordée à l’Express en mars 2004.
Alors nous nous
sommes mis à chercher les difficultés de cette constitution d’une seule
Normandie. Sans aucun doute, le premier obstacle est politique. L’annonce du
Président de la République n’est pas innocente, dans une France majoritairement
dominée par des Régions socialistes. Comme la vérole sur le bas-clergé, les
politiques de droite, Hervé Morin en tête, suivi de près par le FN, se sont
rués sur cette actualité. En roi de l’improvisation et de l’opportunisme, le président
du Nouveau Centre n’a pas manqué de se répandre en annonces sensationnalistes
et populistes, comme d’exiger un référendum sur la question dès juin prochain. Si
l’on n’a pas envie de se louper sur ce sujet essentiel pour le développement de
notre territoire, il est apparu nécessaire à l’ensemble des intervenants de
poser clairement cette question dans le débat public, au sein des assemblées
politiques des deux régions et dans la société civile.
La nécessité d’une
pédagogie aussi, pour éviter la crispation du débat autour du choix de la
capitale administrative au risque de provoquer un rejet global arc-bouté sur
des querelles de clocher.
Aujourd’hui la Normandie
n’a plus de projet, elle est la grande oubliée des ministères, le parent pauvre
du monde culturel. Voilà plus de 20 ans qu’elle manque de souffle. Alors oui à
une seule Normandie, mais avec un véritable projet politique avec un nouveau
mode de fonctionnement innovant puisque tout est à écrire…
L’autre obstacle
politique majeur, est la force d’inertie des actuels présidents de régions socialistes.
Pour Alain le Vern, il est urgent d’attendre. Voilà plus de 5 ans que les
rapports et études s’accumulent mais il préfère développer de gentilles petites
coopérations inter-régionales. Pourtant, la dernière étude qu’il a commandée,
et sur laquelle j’aurai l’occasion de revenir dans un prochain billet, est
assez claire sur les avantages d’une fusion des deux régions. Si vous ne voulez
pas mourir idiots, chers lecteurs, je vous invite à en prendre connaissance.
Une petite
explication sur le découpage opéré en 1956 : quoi de plus pratique en
effet pour Paris et l’Ile de France que de bénéficier d'une région croupion dans la vallée de Seine,
d’un réservoir énergétique avec une industrie basée principalement sur la
pétro-chimie ? A l’heure où les industries basées sur l’exploitation des
énergies fossiles périclitent, n’est-il pas plus qu’urgent de passer à autre
chose ? Et quand je dis autre chose, ce n’est évidemment pas le nucléaire,
sur lequel, la plupart des membres de la classe politique normande, font preuve
d’une mortelle unanimité… UMP, Nouveau Centre, PS, PC, ces partis sont
toxiques, enfouissons-les !
"comme d’exiger un référendum sur la question dès juin prochain"
Et bien ce n'est pas un référendum mais une consultation. Article 72-1 Constitution du 4 octobre 1958:
"Lorsqu'il est envisagé de créer une collectivité territoriale dotée d'un statut particulier ou de modifier son organisation, il peut être décidé par la loi de consulter les électeurs inscrits dans les collectivités intéressées. La modification des limites des collectivités territoriales peut également donner lieu à la consultation des électeurs dans les conditions prévues par la loi."
Un référendum est décisionnel, une consultation est en droit une demande d'avis. Bien sûr, dans les faits, la consultation lie politiquement celui qui l'a organisée.
Oouf, je viens de laisser un commentaire intelligent (normal, c'est mon sujet de thèse). Ca me change ! ;-)
Rédigé par : LCDM | 12 décembre 2008 à 13:05
Bon, je vois que n'ai plus qu'à t'embaucher sur le groupe de travail fusion des Normandies...
Rédigé par : Laure | 12 décembre 2008 à 16:57
Qqes mots un peu en marge de ce post très intéressant, ainsi que les débats autour de l'unification de la Normandie.
En ce qui me concerne, ce qui m'a toujours surprise et même (presque douloureusement) fascinée depuis que je suis installée en Normandie, c'est la faiblesse des lieux économiques, administratifs, culturels et humains avec l'Angleterre, pourtant si proche.
Développer de tels liens serait une force et une originalité de la Normandie, face à la puissance de la région parisienne. Ce "créneau" est sous-exploité : ex : combien d'écoles bilingues à Rouen (ce serait un atout pour faire venir travailler en Normandie de jeunes parents qui - dans leurs critères de choix au moment d'opter pour une éventuelle mutation professionnelle - regardent notamment attentivement les possibilités scolaires locales- ???
Soyons même plus terre à terre : combien de commerçants et de responsables divers parlant correctement l'anglais ? A Rouen il n'y a même pas - quasiment- d'inscriptions bilingues....
Donc je fais partie de ceux qui préféreraient une seule Normandie ; mais à celle-ci, = 2e rêve - il faudra des projets forts ; et des liens resserrés avec le Royaume-Uni me paraissent logiques, compte-tenu de l'histoire, mais surtout, justement, de la géographie
Rédigé par : Sessyl | 13 décembre 2008 à 08:48
taguée ... après tout la réunification de la normandie peut se faire sur la toile, non ?
Rédigé par : Mirabelle | 13 décembre 2008 à 10:30
Taguée !!!! c'est la réunification de la normandie sur la toile !
Rédigé par : Mirabelle | 13 décembre 2008 à 10:34
La question de la réunification des deux régions normandes ne saurait se résumer à un clivage gauche-droite.
Il s'agit pour moi avant tout d'une nécessité. Le processus de décentralisation est indispensable pour éviter l'asphyxie de Paris. Il est en effet absurde qu'on ait de la saturation sur Paris et de la désertification ailleurs, pourquoi exiler Rouennais et Caennais sur Paris alors que leurs villes natales ont de la place et leur ville d'accueil n'en a pas?
Pour cela, il faut un pouvoir décentralisé fort. Cela passe par une réorganisation du mille-feuilles administratif avec notamment une spécialisation des collectivités territoriales pour mieux savoir qu fait quoi, mais aussi par un regroupement de celles-ci.
D'autant plus que les liens entre ces deux régions sont indéniables. Comme il a été dit jeudi soir, il existe des institutions communes, et des équipements communs. Un rouennais qui dit qu'il n'a aucun rapport avec les bas-normands est un rouennais qui oublie que le port (ou le "peurt" comme on dit en bas-seinois) de sa ville comporte des terminaux en Basse-Normandie.
Ce point pose d'ailleurs la question de la fusion des ports de Rouen, le Havre et Caen (ça serait pas plus dipersé que le port d'Anvers) qui nous propulserait à la première place dans le domaine, et donnerait concrètement corps à la métropole normande, qui est toujours restée un peu floue dans mon esprit.
Rédigé par : RC Honningsvåg | 13 décembre 2008 à 11:25
Cause obsolète et ringarde.
Rédigé par : Ghost of Election Past | 13 décembre 2008 à 11:27
@ Cécile et RC : Vous soulevez des pistes évidemment, ce sujet est passionnant, j'aurais l'occasion d'y revenir
@ Mirabelle : Aïe, aïe ! Les chaînes de bloggeurs comment dire, j'aime pas trop... Je ne promets donc rien pour celle-là...
@ Ghost : voilà une argumentation un peu courte, vous m'avez habituée à mieux ! de toute façon, je vous rassure, je vais continuer à développer, on aura l'occasion d'en recauser.
Rédigé par : Laure | 13 décembre 2008 à 17:08
@ Laure : c'est un sujet inépuisable, il y a toujours de quoi dire
@ Sessyl : au niveau universitaire, la Normandie exploite assez bien ses filons linguistiques. Que ce soit à Caen avec l'excellent département de langues nordiques ou à Rouen qui a l'un des meilleurs niveaux en anglais. Même si on pourrait toujours faire mieux.
Quant au niveau des rouennais dans la langue de Shakespeare, il n'est pas si terrible pour dire qu'on est français. J'ai constaté lors de mon expérience amoureuse avec une avranchine que le niveau d'anglais moyen de l'autochthone de ce secteur était proche du zéro absolu alors que cette région est autant voire plus fréquentée que Rouen par nos amis d'outre-Manche.
Sinon, il me semble que vous êtes de la fac vous aussi... on s'est donc forcément déjà croisé?!
Rédigé par : RC Honningsvåg | 14 décembre 2008 à 10:56
(Honnigsvâg) : probablement croisés ! ms la Fac, c'est grand
Je ne parlais pas de l'anglais à l'Université (encore que...)
J'évoquais plutôt l'anglais usuel, banal, pê sommaire, mais qui se pratique si couramment ds pas mal de parties du monde, sans pour autant que les habitants renoncent à leur langue maternelle.
Je n'ai pas énormémt voyagé, mais c'est tout de même en Normandie jusqu'ici que j'ai repéré le moins de familiariré avec cet anglais-là. Un peu paradoxal tout de même ?
Rédigé par : Sessyl | 14 décembre 2008 à 12:33
@ Laure > Je ne m'étends pas pour ne vexer personne, conscient de la vexatilité hautement volatile des corniauds qui s'enflamment sur ce sujet.
De plus, j'imagine sans mal que je ne convaincrais jamais les gras fachos (*) que ce thème exalte, et qui, tout porte à le croire, quand le grand jour de la réunification sanctifiée arrivera, feront enfin de leur femme une princesse. Tudieu! De l'effet prozacoïde sur les crises d'identité délétères.
(*) http://www.mouvement-normand.com/
Rédigé par : Ghost of Election Past | 14 décembre 2008 à 20:30
@ Sessyl : la fac c'est grand, mais le monde est petit!
Quant à l'anglophonie dans le monde, ce que j'ai retenu de mes voyages, c'est le fait qu'elle est extrêmement relative, y compris dans des pays dont on dit de la population qu'elle parle bien anglais (z.B. la Norvège) ou dans d'autres où elle est langue officielle (z.B. la Namibie où beaucoup de gens parlent afrikaans mais pas anglais).
Rédigé par : RC Honningsvåg | 15 décembre 2008 à 07:47
Bonjour Laure, alleeeer... un ptit topo sur ton inculture, non ? Vraiment ? Alors j'insiste !
http://exigencedemocratique.blogspot.com/2008/12/linculture-chez-les-dmocrates-mon.html
Rédigé par : pierre s | 15 décembre 2008 à 16:50
obsolete et ringard, ghost s'y connait dans ces domaines, il parle en connaissance de cause.
Rédigé par : ghost is out | 16 décembre 2008 à 09:26
Oui oui grosse Tizoute on a compris :)
Rédigé par : Ghost of Election Past | 16 décembre 2008 à 11:51
Hervé Morin est Templier ? mais version moderne alors, car l'Afghanistan, c'est plus loin que Jérusalem.
Rédigé par : marégion | 18 décembre 2008 à 19:01