Elle s’appelle
Yoani Sanchez, elle est licenciée de philologie et vit à La Havane. Elle a
appelé son blog Genaracion Y : blog inspiré par
des gens comme moi, dont les prénoms commencent par un Y. Nés à Cuba dans les
années 70 et 80, marqués par les écoles à la campagne, les poupées russes, les
sorties illégales et la frustration. Je pense tout spécialement à Yanisleidi,
Yoandri, Yusimi, Yuniesky et les autres qui se sont « arrachés de leur
Y » et qui me lisent et m’écrivent.
Son blog est rédigé en espagnol mais il
paraît également en anglais. Chaque post écrit par Yoani Sanchez génère en moyenne
1500 à 2000 commentaires. De quoi faire pâlir d’envie tous les blogueurs
z’influents du wikio ! Je lis chacun de ses billets et j’ai envie de vous
faire partager le dernier que j’ai traduit pour vous. En cette semaine où on va vous bassiner avec les gonzesses because la journée de la femme le 8, je
vous parlerai de quelques autres que j’aime lire.
Un discours bien
macho
Je me souviens encore de l'odeur du masque
à gaz avec lequel nous nous précipitions
vers le refuge pendant les exercices militaires à l'école primaire. Mes
camarades et moi en étions venus à redouter qu'un jour, nous aurions à nous
protéger dans le sous-sol d'un immeuble, alors que les bombes tombaient dehors.
La ville montre aujourd'hui les traces
d'une attaque, mais ce sont seulement les projectiles de la mauvaise
administration et les balles du centralisme économique qui ont façonné ce
paysage. Nous nous sommes tant préparés pour une bataille qui n'est jamais venue
que nous ne nous sommes pas rendu compte que le principal affrontement se
passait parmi nous. Un combat prolongé entre ceux qui n’en peuvent plus d’entendre
un discours belliqueux et d’un autre côté, ceux qui ont besoin "d'une place
forte en état de siège, où la dissidence est une trahison."
Ce sont plusieurs générations de Cubains qui
ont grandi, entourées par des clôtures supposées les avertir d'une éventuelle
invasion par le nord. En ritournelle de fond, des appels énergiques à la
résistance, bien que plus personne ne sache très bien à qui ou à quoi résister.
Nous devions être des sentinelles, tel le soldat qui dort d’un œil prêt à
bondir au son de l’alerte. Au lieu de cela, c’est l'indifférence qui a gagné la
bataille, et la plupart de mes amis d'enfance ont fini par partir en exil,
plutôt que de se réfugier dans la tranchée.
Voilà des décennies que l’on entend toujours la même chose, J’en ai marre du macho gainé dans son uniforme vert olive, du qualificatif «viril» associé au mot bravoure et que des poils sur la poitrine soient plus déterminants que des mains dans un évier. Toutes mes progestérones - ce fort atavisme féminin- ne rêvent que de remplacer tout cela par des mots tels que "prospérité", "réconciliation", "harmonie" et "cohabitation".
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