Retour sur les résultats des élections européennes après une soirée hier passée au café de l’Epoque en compagnie de radio HDR, de quelques (rares) responsables politiques, de nombreux militants Verts présents en force et sur un nuage, de militants Modem un peu plus tard dans la nuit, et de blogueurs du collectif. Nous ne vîmes aucun représentant du PS. Une pilule bien amère à digérer sans doute, les aigreurs d’estomac n’ont peut-être pas encore fini de s’estomper.
Je ne perds pas de vue que ce scrutin était européen. Je laisse à ceux qui le souhaitent et ils sont légion, le soin de disserter et de disséquer les résultats nationaux. Je ne vous parlerai ce matin que de l’Europe et de ce qui s’est passé près de chez vous.
Qui a dit qu’il n’y avait pas d’identité européenne ? Les résultats européens ressemblent étrangement au vote français. D’abord ce chiffre désespérant de l’abstention. Presque 60% en France, 55% dans toute l’Union. Le plus inquiétant tient dans ce constat que le plus fort taux d’abstentions se situe chez les jeunes. J’entendais ce matin sur France Inter ce chiffre effarant : 80% des 18-31 ans se seraient abstenus. Qu’avons-nous fait de notre jeunesse ? Avons-nous lobotomisé nos enfants ? Les avons-nous écœurés à jamais de la politique ? Il n’y a aucune victoire dans l’abstention, il n’y a que des perdants. Tous ceux qui n’auront pas considéré utile de se déplacer pour aller accomplir leur devoir de citoyen avaient sans doute de nombreux motifs : sentiment que les résultats de ce scrutin ne changeraient pas la dure réalité de leur quotidien, défiance croissante vis-à-vis de la représentation politique, doute sur le pouvoir des politiques à agir sur la machine ultra-libérale, paresse intellectuelle ou simple légèreté égo-centrée sur la satisfaction des besoins immédiats et l’oubli total d’une conscience collective ? Cela dépend de chacun mais force est de constater que tous les scrutins voient se développer une indifférence flippante.
Est-ce le corollaire de cette désaffection de la jeunesse pour le débat, les partis de droite progressent partout en Europe. Logique quand on sait qu’une population vieillissante réclame plus de sécurité, même si cela doit se faire au détriment des libertés.
Le désespoir dans le politique se lit encore dans la progression des votes extrêmes, qui pour moi se rapprochent de l’abstention quand ces partis n’ont rien d’autre à proposer qu’une révolution dont l’idéologie n’a rien de novateur ou un repli frileux nationaliste et xénophobe. Je ne crois pas un instant à l’avènement du grand soir mais je vois les éléments s’assemblant inexorablement pour aboutir à un gigantesque chaos sonnant le glas de la démocratie.
Partout en Europe les socialistes ont régressé, les Verts ont gagné des sièges. Alors, il était si franco-français ce débat ?
Je n’ai jusqu’à présent simplement examiné que quelques résultats partiels sur notre région. On comprend bien pourquoi les socialistes n’ont pas montré le bout de leur nez hier soir au café de l’Epoque, ils ont essuyé un énorme camouflet, sur Rouen et les plateaux Nord ou sur Le Havre où ils arrivent seconds, devançant le PS. Et je me réjouis de cette claque pour les cadres de ce parti particulièrement faisandé dans le département, perpétuellement dans le mépris, le cynisme et la défiance. Bien fait pour ces politiques moisis qui n’ont su présenter que des « professionnels » de la politique en position éligible. Le pire finalement, c’est qu’ils réussissent à en envoyer deux au Parlement et que le seul candidat authentique, Jean-Louis Cottigny, euro-député sortant au bilan honorable, reste sur le carreau. Mais les cumulards que sont Gilles Pargneaux et Estelle Grelier, feront semblant de s’occuper d’Europe quand on sait pertinemment que leurs fonctions et leurs ambitions locales ne leur en laisseront pas le loisir.
L’autre baffe, elle est pour le Modem qui paye la mauvaise campagne de son président. Ce matin, dans la blogosphère orange, des voix s’élèvent pour déplorer cette stratégie folle, centrée sur une ambition personnelle et une détestation de Nicolas Sarkozy. C’est d’autant plus navrant qu’ils avaient bossé ces militants, mais ce ne sont pas eux qui ont été entendus. Bah ! François Bayrou finira par être lâché par tout le monde et ce n’est pas si grave en soi, c’est son destin. Ce qui est grave, c’est qu’il ait pu décevoir, depuis le lendemain des présidentielles, tant de citoyens qui avaient voulu croire à la sincérité de sa démarche.
Pour les Verts et les défenseurs de l’environnement, la victoire est belle. On sait bien sûr qu’un scrutin local diffère d’un scrutin européen et je me garderai bien de projeter ces résultats à l’identique sur le futur scrutin régional. Mais le message est fort. Comment à Rouen, la majorité socialiste va-t-elle gérer cette nouvelle donne ? La réponse ne saurait tarder, le débat sur les cantines bio en régie municipale proposées par les Verts est d’actualité. Espérons que les résultats du vote rouennais feront prendre conscience aux technocrates socialistes qu’il est enfin temps d’écouter et d’encourager les initiatives créatrices de leurs turbulents alliés écologistes.
On en reparlera, mais cette poussée de l’écologie va obliger tous les partis à se repeindre en vert. Tant mieux si cela permet de remettre en cause des projets aussi dangereux que l’EPR à Penly. Le parti du président, selon les choix qu’il fera sur ce sujet, nous renseignera rapidement quant à sa réelle volonté de prendre en compte la dimension environnementale.
Merci Laure,
J'espère aussi que les partis prendront davantage en compte le message écologique et comprendront que ses militants sont loin d'être les "bobos,hippies qui bouffent du soja" que l'on voudrait nous faire croire. Il s'agit ainsi, non pas de juste mettre un coup de peinture verte pour faire joli et cacher les murs d'une société qui trouve ces limites aujourd'hui, mais bien d'inclure dans les fondations les notions éssentielles et les idéaux d'un monde basé sur d'autres valeurs...
Rédigé par : LN | 08 juin 2009 à 12:35
Au bal des commentaires "décalés", celui, ce midi sur une antenne nationale, de Jean-François Kahn, regrettant que la campagne de son leader F. Bayrou ait été trop ciblée contre le Président de la République. Remarquable, de la part de celui dont le journal développe depuis des mois et des mois la pire paranoïa anti-Sarko!
Noté aussi la remarque de l'incomparable J. M. Apathie, indiquant ce matin que l'on avait oublié, en cette campagne, le volet "régularisation de tous les clandestins" du programme de Dany le Vert et ses amis. Il en avait beaucoup parlé, "sa référence Apathie"?
Enfin... Si au moins le résultat rouennais, en particulier, nous amène des écolos souriant, respectueux de ceux qui ne sont pas systématiquement d'accord avec tous leurs a priori, des cyclistes non cascadeurs agressifs et des fêtards verts sachant cohabiter avec ceux qui n'ont pas les mêmes horaires qu'eux dans les vieux quartiers rouennais... la vie sera belle.
Rédigé par : François de Rouen | 08 juin 2009 à 13:50
Les sages romains disaient (en gros) : pour profiter du mieux il faut se préparer au pire.
Je suis très curieux de voir la suite. Et je ne demande qu'à être surpris.
Rédigé par : Claudio Pirrone | 08 juin 2009 à 14:58
C'est qui François Bayrou ?
Sinon un personnage encensé par les médias un jour et "autotorpillé" par une image anti sarko.
Je ne comprends pas comment il se fait que les militants modem ne se soient pas révolté an amont. Au moment de la dernière désignation de l'appareil,par exemple, je me souviens que des voix s'élevaient contre le systhème "antidémocratique " de Bayrou (au niveau des désignations pour "tenir" l'appareil) sans pour autant prendre des risques car beaucoup de militants misaient sur la dynamique des présidentielles.
Mais voila, le Modem a fonctionné comme un parti de la cinquième. Une UDF bis.
Il a éloigné les nouveaux adhérents venus par internet. Il finira par éloigner les cadres fantome de ce parti.
Je pense que si le modem veut reprendre en main l'esprit si atypique qu'il pu développer pendant les présidentilles, il doit changer de président. Mais bon, les conseillers......
En tous les cas cette débacle Modémique aura le mérite de montrer que le "ni droite, ni gauche" n'a jamais fonctionné en France.
qui sait un jour......
Rédigé par : fredquillet | 08 juin 2009 à 16:32
... on aura de la politique autrement
(ok je sors mais je n'ai pas pu me retenir :-)
Rédigé par : Claudio Pirrone | 08 juin 2009 à 22:42
A propos. ON se souvient vers qui s'était tourné Bayrou, à Rouen, aux dernières municipales. On se souvient en faveur de qui il a trahi ses plus sincères partisans. Et bien devinez qui a écrit ça:
"Le Modem en Seine- Maritime, quant à lui, arrive derrière le Front National, révélant par la même les contradictions de son leader François Bayrou. On ne peut pas à la fois revendiquer les valeurs européennes de l'UDF tout en ayant liquidé le parti en 2007 et voulu se débarrasser de tous ses élus. Le Modem, qui n’est en rien l’héritier de l’UDF, de ce fait ne peut pas retrouver les bons scores qu'avait fait la liste conduite par Jean-Louis Bourlanges en 2004, 11,92 % en Seine-Maritime et 15,86 % à Rouen. "
Ce genre de trahison, ça donne envie de vomir.
http://catherinemorindesailly.typepad.fr/cmd/2009/06/elections-europ%C3%A9ennes.html
Rédigé par : Ghost | 08 juin 2009 à 22:44
APPEL DU 8 JUIN
Adhérent du P.S. à Rouen je trouve que la déculottée socialiste a du bon : celle de faire comprendre, comme l'a lâché Montebourg sur le plateau de France2, que la question de la 'rénovation' du P.S. était caduque...
Bref, que la S.F.I.O. (pardon: le PS né à Epinay en 1971) est morte ! Le P.S. ne doit plus chercher à survivre à lui-même (comme l'a essayé le feu le P.C.F. accroché à ses fiefs locaux).
Il doit bien plutôt:
1) Accepter de traiter à égalité avec les Verts (ce qui implique la mise à la retraite des grands et vieux féodaux locaux, engoncés dans leur morgue nombriliste).
2) Engager la réflexion avec les Verts, le Front de Gauche et peut-être une fraction en révolte qui monte au MoDem pour bâtir UN NOUVEAU PARTI de gauche progressiste et intellectuellement audacieux.
La préparation d'une plate-forme commune pour les régionales de 2010 sera un premier test. Puis la mise en place d'une procédure de désignation d'un candidat unique pour la présidentielle de 2012. Enfin, le nouveau parti, ouvert à la société civile, aux intellectuels ; sans les cumulards et les apparatchiks traditionnels.
Allez, chers camarades socialistes, ne vous lamentez pas ... et osez ouvrir vos gueules pour faire comprendre aux dirigeants départementaux, régionaux et nationaux que qu'il est temps d'enterrer le passé !
Et tant pis pour ceux qui ne voudront rien comprendre : "Laissez les morts enterrer leurs morts" (j'offre un café au premier qui sait me retrouver l'origine de cette citation).
Thomas MARCY
[email protected]
Thomas MARCY
Rédigé par : Thomas MARCY | 08 juin 2009 à 23:07
@ Ghost : oui, cela ne m'avait pas échappé. Bah !
@ Thomas : euh, le Christ dans l'évangile selon saint Luc ? Sinon, demain je réhausse ton commentaire au niveau d'un post. Mode paresseuse ON
Rédigé par : Laure | 08 juin 2009 à 23:25
"Laissez les morts enterrer les morts...."
Je croyais que c'était de michel Rocard. J'ai perdu un café !
Rédigé par : fred Quillet | 09 juin 2009 à 06:47