La semaine dernière, mon téléphone sonne.
« Pourrais-je parler à Laure Leforestier ? »
« C'est
moi »
« Bonjour,
François Bayrou »
L'appel m'étonne quelque peu. Au bout du fil, cette question : « Avez-vous l'occasion de venir à Paris ces temps-ci ? Je souhaite vous rencontrer... »
Ma curiosité est piquée. De quoi souhaite s'entretenir avec moi le Béarnais ? Je ne suis plus au Modem, je ne suis plus élue, à quoi pense-t-il que je pourrais lui servir ? La conversation se poursuit, l'homme est charmant, très chaleureux, on dirait qu'il brûle d'envie de cet échange passionnant que nous aurons. Non sans malice, je lui réponds que j'aurais grand plaisir à lui conter la situation du Modem en Seine-Maritime et j'accepte donc le rendez-vous fixé ce mercredi. J'en profiterai ensuite pour aller claquer la bise à mon cher Narvic.
Cette rencontre arrive un peu tard à mon goût, deux ans de retard. Je me remémore cet automne 2007 où je tentais désespérément de joindre le président du Modem pour lui parler de son mouvement, le convaincre qu'une alliance avec Pierre Albertini et l'UMP aux municipales serait mortelle et sans aucun effet bénéfique à Rouen. Et de tirer toutes les sonnettes possibles, de faire le siège de son directeur de cabinet, d'envoyer des notes argumentées et analytiques sur la situation électorale à Rouen et alentours.j'avais fini par obtenir un rendez-vous début décembre 2007, où je ne comptais plaider qu'une seule cause : qu'à Rouen, le Modem s'allie avec les Verts aux municipales. Las ! La veille pour le lendemain, dans la foulée du congrès de Villepinte, le secrétariat m'appelait pour m'informer d'un empêchement de François Bayrou. J'en tirais les conclusions qui s'imposaient et laissait le Modem rouennais voguer vers son triste destin.
Quant à moi, je me suis détachée de ce parti, j'ai poursuivi ma conversation avec les Verts et on dirait bien que je ne suis pas la seule à trouver qu'Europe Ecologie, la plate-forme où pourrait s'élaborer un autre projet politique, conscient des enjeux de ce siècle...
Dans le train qui m'emmène vers Paris, je me repasse le film de cette aventure Modem, les législatives, le cercle Méthodes, les Démocrates en mouvement, les municipales, les européennes. Je pense à tous ceux qui ont claqué la porte, Marie-Laure, le toubib, le philosophe, le magistrat et tant d'autres. Ils sont venus et sont repartis pour les mêmes raisons que moi. Alors ne leur en déplaise et sans les consulter, ils m'accompagneront un peu tout à l'heure.
J'ai du temps, il fait beau, je chemine doucettement dans Paris. Un premier arrêt dans l'ambiance très feutrée du café de la place du Palais Bourbon. Une palanquée de députés provinciaux y font une pause, flanqués de leurs assistants parlementaires. C'est facile de reconnaître un député de province, il a l'air d'un plouc endimmanché et il mate comme un dératé tous les jupons qui passent à portée de regard. L'écran de télé ne diffuse pas du foot ou des clips mais la chaîne parlementaire où MAM s'agite à la tribune du Sénat.
Je pousse vers un deuxième café boulevard de la Tour-Maubourg. Je ne peux m'empêcher d'écouter la conversation de mes voisins. Je pige vite qu'il est question d'élections régionales, qu'il y a là un président d'une fédération Modem, laquelle, je l'ignore, et que ce Monsieur se rend au siège, qu'il souhaite rencontrer François Bayrou mais que ce n'est pas gagné. Je comprends aussi qu'il y a gros bordel dans cette fédération provinciale mais que Paris ne tranche pas. Un prénom glissé, Azouz, me laisse imaginer que le drame se nouerait du côté de Lyon et de la région Rhône Alpes. Tout ceci me paraît à mille lieues de mes préoccupations. Je savoure ce moment où je suis sollicitée sans avoir rien demandé, toujours interrogative de ce que je vais bien pouvoir entendre.
Entre temps mes voisins de table sont repartis ventre à terre rue de l'Université pour tenter d'apercevoir François Bayrou entre deux portes. Manquerait plus qu'ils mettent mon rendez-vous en retard !
Arrivée à destination, on m'annonce effectivement un léger retard. Je patiente dans le hall destiné à cet effet. Seule image au mur dans un coin, un plan d'évacuation incendie au nom de l'UDF. Ma mauvaiseté naturelle m'y fait voir là un symbole.
François Bayrou me reçoit finalement avec une demie-heure de retard assortie d'assaut d'amabilités et de moult excuses pour ce léger contretemps.
Il semblerait qu'il me trouve « intéressante ». Je le laisse venir, nous discutons de Rouen, des municipales passées, de Pierre Albertini, de la situation actuelle, de Valérie Fourneyron, de Laurent Fabius, de Catherine Morin-Desailly. Ses critiques sont assez vives à l'encontre de cette dernière ce qui me pousse, une fois n'est pas coutume, à prendre la défense de la sénatrice. Quelles que soient les divergences de vues que nous pouvons avoir, je n'aurai pas le mauvais goût de lui reprocher d'avoir choisi de ne pas sacrifier sa propre carrière politique pour un hypothétique grand soir présidentiel.
Le président du Modem m'interroge aussi sur ce que j'envisage désormais, si j'ai définitivement refermé la porte de son parti. Je lui réponds doucement et gentiment que j'ai décidé de faire un bout de route avec Europe Ecologie et que je m'y sens bien. Je pense qu'il aurait souhaité une autre réponse, me laissant entrevoir des espérances plus ambitieuses dans sa formation. Voilà, nous nous quitterons de manière fort courtoise. A la différence de ceux que j'ai pu croiser dans les couloirs du 133, je n'étais pas venue mendier un adoubement électoral. Je suis venue poser un point final à une aventure politique qui m'aura occupée deux bonnes années et mon ego se satisfait pleinement de cette forme de reconnaissance tardive.
Pour aller prendre le métro, je repasse devant l'Assemblée Nationale, ce quartier majoritairement squatté par des vieux mâles dominants blancs, escortés souvent d'un plus jeune mâle, aspirant dominant, blanc lui aussi.
Un bon déjeuner à la République chez un lyonnais avec Narvic et Rosselin et me voilà de retour vers ma ville maudite. Ce soir démarre le premier atelier participatif de Haute-Normandie Ecologie.
;-)
Rédigé par : narvic | 15 octobre 2009 à 02:31
you did it!
Rédigé par : claude | 15 octobre 2009 à 07:55
Tout ça pour ça !
Rédigé par : Dave | 15 octobre 2009 à 08:29
Laure, Laure, Laure... La légende se poursuit jusqu'au dernière round
Rédigé par : LCDM | 15 octobre 2009 à 09:33
merci pour la transparence de ce point de vue, avec un tour personnel lui donnant un coté lettre d'adieu plus attachant que celles de rupture incendiaire et vindicatives que l'on voit fleurir ici et là.
La traversée du désert, j'ai eu le sentiment qu'elle commençait le soir du 22 avril 2007, au moment ou, dans la rue de l'Université avec quelques amis, j'entendais avec un pincement au cœur la "bonne nouvelle". Je ne sais pas si je serai encore là à l'oasis, mais j'essaie de continuer à avancer, c'est mon pari pascalien, même si je cherche à garder un regard objectif et critique. Quelle autre alternative crédible à ce qui s'annonce comme l'inéluctable déconstruction de la France?
La création de ce Mouvement, je vois cela comme élever un enfant : ce n'est pas facile au quotidien, mais cela ne doit pas occulter la vision de long terme, et il faut l'aborder comme une course de fond ou une marche en montagne pour tenir la distance, il faut savoir prendre soin de soi aussi.
Nous nous étions croisés lors d'une réunion à Paris (la convention pour les municipales 2008 je crois) - peut-être nos pas se croiseront-ils de nouveau à l'heure du rassemblement...
Amicalement,
Nicolas Mauduit
Rédigé par : Nicolas Mauduit | 15 octobre 2009 à 12:05
he ben c'est un vraie hémorragie..
tu ne pars pas avec Cap 21 ?
Rédigé par : detoutetderiensurtoutderiendailleurs.blogspot.com | 15 octobre 2009 à 13:42
Le tracteur sonne toujours deux fois...
Rédigé par : www.facebook.com/profile.php?id=563488521 | 15 octobre 2009 à 14:59
Je suis navré de lire cet exposé. Depuis quand les entretiens et les conversations privées peuvent-elles être livrées sur un média, quel qu'il soit? Vous me semblez bien sûre de vous. Je pense qu'il s'agit d'un égo démesuré plus qu'un détachement de votre part et que vous essayez de nous faire avaler. Je pense, madame Leforestier, que ce rendez-vous avec Bayrou est l'évènement le plus important qui soit arrivé dans votre vie, sinon pourquoi cet empressement à le narrer, telle une scène de théâtre? Votre comportement est regrettable. Pourquoi n'avez-vous expliqué au président du MoDem que le président socialiste de la Région vous a déjà inscrite sur ses tablettes pour les régionales de 2010?
Merci de votre réponse, si toutefois vous osez.
Rédigé par : Henri Dell | 15 octobre 2009 à 16:52
@ Henri Dell : c'est un plaisir de vous répondre ! Depuis quand les entretiens peuvent-ils être relayés ? Depuis que la liberté d'expression existe. Je ne dis rien d'intime ou d'insultant, j'évoque une conversation, je n'en relate pas l'intégralité. Les évènements les plus importants de ma vie sont les naissances et morts de mes proches. J'ai raconté cette journée d'hier comme je raconte nombre de choses depuis que je tiens ce blog. Quant à cette sornette sur le fait que je serais une "commande publique" d'Alain Le Vern, cela sort du blog de José Alcala qui n'a pas pris la peine de me contacter pour relayer cette absurdité qu'il tient de je ne sais qui. Malin, Alcala à ce propos s'exprime au conditionnel, forcément puisqu'il n'a pas vérifié son info. Enfin, si la lecture de ma prose vous navre, rien ne vous y oblige.
@ Leroy-Morin : :-)))
@ LCDM : moi aussi je t'aime mon crapaud !
@ Gaël : j'étais déjà partie du Modem, Cap21, on verra ce qu'ils font. Perso, je fais ce que je veux n'en déplaise aux bayroulâtres
@ Nicolas : merci de ce petit mot et bon courage. Amicalement
Rédigé par : Laure | 15 octobre 2009 à 17:36
Vous êtiez vraiment obligée de prendre la défense de Morin Desailly? Votre grande âme vous honore mais que diable! Vous savez bien que nul asenceur ne vous sera renvoyé.
En tout cas, tous mes vœux de réussite pour la suite, voici une page bien noblement tournée.
Rédigé par : Ghost et les Rouennais. | 15 octobre 2009 à 19:31
@ Ghost : bon, c'esr comme dans Asterix. On se pouille entre rouennais mais face au béarnais, je me suis dit :"mais de quoi qu'il se mêle ?"
Rédigé par : Laure | 15 octobre 2009 à 20:02
Heuuuu... C'est si mal que ça de mater les jupons qui passent ?
du reste, pas besoin d'aller à Paris, je les mate partout pour ma part...
Rédigé par : KaG | 15 octobre 2009 à 21:17
Sacrée Laure ! Pour ton énième adieu au Modem, tu pars par la grande porte.
J'espère sincerement que tu trouvera ce que tu cherche.
Ton départ, qui cette fois me semble bel et bien définitif, est symptomatique de ce que nous vivons actuellement en interne. La plupart des bons partent mais tous les les médiocres restent, pour le moment .... Que ce soit au niveau national comme au local, surtout au local d'ailleurs...
Rédigé par : edouard lefevre | 15 octobre 2009 à 21:39
Si cela peut vous rassurer, en PACA la situation est plus qu'explosive puisque la bombe a explosée.
2.92 % tel est le score d'un honnete candidat modem dans le 06 qui paye les pots cassés des dirigeants PACA d'un parti qui s'est perdu dans les affres du pouvoir qu'il n'aura jamais.heureusement CAP21 depuis longtemps avait alerté et surtout travaillé sur le terrain avec les militants, beaucoup ont aujourd'hui trouvé dans l'écologie et Corinne lepage une vraie porte de sortie après les trahisons successives de Fançois Bayrou qui a laissé faire quelques "pointures" qui ont conduit le parti a sa perte absolue.
Rédigé par : maxime | 15 octobre 2009 à 23:06
Plus c'est gros et plus ça passe?
Rédigé par : Emilien lémurien | 15 octobre 2009 à 23:18
Laure,
Lorsqu'il n'y a plus rien à espérer, il faut savoir en tirer les conclusions et dire bye bye.
La chute du modem est à la hauteur des espoirs qu'il a suscités. Aujourd'hui, tu as décidé d'aller défendre l'écologie à EE.
Sais-tu que Corinne vient de créer un club de réflexion qui va probablement te plaire : Terre Démocrate.
Alors n'hésite pas de travailler avec nous afin de construire un réseau écologiste et démocrate.
dominique
Rédigé par : dominique Lemoine | 15 octobre 2009 à 23:52
Elégance du style, une certaine nostalgie et, surtout, peut être un grand roman politique en perspective ! Tout cela est beau chère Laure!
En revanche, MAM ne s'agitait pas "à la tribune du Sénat"! Au contraire, plus que jamais, Place Vendôme a besoin d'un Garde des Sceaux comme elle, qui ne se contente pas de faire de grands discours... qui essaye, dans un contexte difficile, de rendre à ce ministère sa vocation première: défendre et protéger les intérêts des individus et ceux de la société !
Rédigé par : Noureddine HAIDA | 16 octobre 2009 à 00:40
Bien, la censure!
La bourgeoise s'énerve.
Rédigé par : Henri Dell | 16 octobre 2009 à 11:56
Bonjour Laure,
Bonne chance dans tes nouveaux défis ! et le principal c'est ta sincérité et tes engagement pour faire avancer notre société
Amicalement
Rédigé par : MoDem76.com | 16 octobre 2009 à 12:09
L'étoile qui file plutôt qu'elle ne brille,
La différence entre une lumière et une star, est que la star ne s'éteint jamais.Je te laisse deviner ton destin...
J'ai le regret de te dire chère Laure que tu contribues par ce témoignage à illustrer le mépris de nos concitoyens pour l'engagement politique.
Coureuse d'écuries tu demeures : UDF, Modem, Cap 21, puis et enfin Les Verts, à quand le PS. T'épancher ainsi sans retenue et sans respect pour le Modem et pour ses militants qui ont distribué tes tracts lors de tes législatives, sans un mot d'humilité sur tes éventuelles propres erreurs ont déclenché mon envie de te dire que la supériorité et l'agilité intellectuelle qui te caractérisent ne t'autorisent nullement à te dispenser de l'effort de lutter pour des idées plutôt qu'un mandat quand bien même le capitaine du navire est irritant plus souvent qu'à son tour. La chasse au strapontin est un sport national, je ne te savais pas si sportive. Et le choix que tu fais me rappelle trop celui de notre ministre de la défense....
Vive le MODEM ! Vive l'Union des Démocrates Humanistes !
Amicalement, bien sûr...et à bientôt dans l'union.
Eric
Rédigé par : Eric Arnoux | 16 octobre 2009 à 14:43
Comme quoi FB a tout de même un certain sens des réalités. Il a compris que pour les régionales, il fallait mieux miser sur des personnes du calibre de Madame Leforestier que sur des tocards du style Marre ou Saint Martin.
Rédigé par : adhérente modem | 16 octobre 2009 à 15:59
Pardon pour l'aparté mais que je lis ce qu'écrivent ses proches politiques (Zorglub pour le faux-blog, cette adhérente modem pour le commentaire ci-dessus) je suis sidéré que Régine Marre censure les commentaires qu'elle trouve désobligeants (elle n'est pas la seule, Devaux retire ou même accomode les commentaires qui lui déplaisent, Albertini aussi; Morin Desailly, elle, ne daigne répondre à aucune question dérangeante, bravo le courage politique, bonjour le mépris de la bourgeoisie rouennaise; ils auraient 0 de Q.I ils s'appelleraient Quillet; sauf Devaux, qui s'appelle Devaux, hahaha)
Bref, avec des amis politiques pareils, Régine Marre n'a pas besoin..., allons, on ne va pas dire "d'ennemis", on va dire... de gens qui ricanent lorsqu'ils pensent à elle.
Rédigé par : Ghost et les Rouennais. | 17 octobre 2009 à 09:01
@gohst et les rouennais
"O" de Q.I ? j'accepte ce jugement et je le partage complétement.
Je vous tiens au courant lorsque j'aurai acquis un peu de quotient intellectuel...
Ce sera difficile , je le sais, car je pars de loin !!!
Mais j'ai une volonté de fer
Rédigé par : Quillet | 17 octobre 2009 à 14:09
@eric Arnoux : vous avez bon dos d'attaquer Madame Leforestier "La chasse au strapontin est un sport national, je ne te savais pas si sportive."
C'est l'hôpital qui se fout de la charité... Les quelques personnes qui sont à la tête du semblant de fédération MoDem dans le 76 ne font elles pas tout leur possible pour obtenir un strapontin? Ne sont elles pas prêtes à tout pour cela ? Ouvrez les yeux !
Rédigé par : adhérente modem | 17 octobre 2009 à 19:16
Adhérente modem, comment pouvez vous à la fois lécher les bottes de Zuili sur Rouen Invectives, tout en simulant une défense de Madame Leforestier ? Voulez vous paraître objective? C'est pitoyable. Cela dit, c'est toujours ce flou politiquement hypocrite qui m'a toujours fasciné chez la sous-droite. On comprend que Laure cherche la loyauté ailleurs.
Rédigé par : Ghost et les Rouennais. | 18 octobre 2009 à 10:38