Vous vous souvenez des mésaventures de Marie-Christine Levaillant, première adjointe privée de ses délégations par le petit roi d'Yvetot.
Comme cela ne suffisait pas, le conseil municipal de la capitale du pays de Caux devait hier soir délibérer sur le maintien ou non du "titre" de première adjointe.
Après avoir laissé la parole aux oppositions (prises de paroles spontanées en sa faveur) une personne de la majorité a lu un texte préparé par la chef de cabinet mettant en cause son honnêteté, loyauté, moralité etc. Marie-Christine Levaillant a ensuite pris la parole pour finir avec le texte que je vous retranscris ici (et donné à la presse et à l’assemblée) :
« En ce moment, comme vous le savez, chers collègues, c’est une Maire adjointe sans délégation qui prend la parole puisque Monsieur le Maire a procédé par arrêté au retrait des délégations que vous m’aviez consenti (sans concertation de ses adjoints).
Je me permets d’intervenir solennellement sur cette dernière délibération n° 16 inscrite à l’ordre du jour d’un conseil municipal ordinaire. Comme si de rien n’était, Monsieur le Maire, vous voulez tourner une page de la vie démocratique. Par dignité et honnêteté cette question aurait pu être un préalable.
Ainsi, à l’issue de ce conseil, c’est une conseillère municipale qui quittera la mairie. Je vous remets d’emblée ma démission d’adjointe. Ainsi je vous épargne une délibération supplémentaire, et vous restitue mes clés.
En tant qu’adjointe j’ai au sein de l’exécutif municipal et dans mes délégations, travaillé avec assiduité avec la seule volonté de service pour la ville et les yvetotaises et yvetotais. C’est ce qui m’a motivé pendant ces six années ainsi que durant le premier mandat. Je vous répète que l’action n’a pas été menée pour me mettre en avant comme vous le dites mais pour l’intérêt général. Et, m’adressant aussi à mes collègues adjointes et adjoints, ce ne sont pas des mobiles électoralistes qui nous ont fait avancer dans nos projets, mais seulement la volonté de mettre nos compétences et notre énergie au service de l’intérêt communal.
Je n’ai jamais failli à la solidarité, au groupe, et j’ai voté toutes les délibérations proposées en conseil municipal ou siégé dans les organismes extérieurs en représentant les intérêts de la ville sans aucune ambiguïté et en toute transparence.
Je ne crois pas avoir démérité dans mes fonctions.
Elue sans étiquette politique à l’origine, personnellement, je n’ai jamais confondu les positionnements qui découlent de mon appartenance et de mes engagements à un parti, l’UDF, dont vous étiez membre, de ceux liés à mes engagements municipaux.
Ce n’est pas parce que j’ai été candidate suppléante UDF MoDem aux législatives que je suis contre vous. Le parcours que j’ai effectué vers cette candidature suppléante l’a été dans la clarté, au sein de l’UDF devenu UDF MoDem ainsi que vis-à-vis des personnes concernées.
Ne mélangeons pas les fonctions. Nous sommes ici investis d’un mandat local. Vous savez mieux que moi que même si un député est élu dans une circonscription, il est investi d’un mandat national. Il s’agit d’un engagement sur un projet d’idées et d’enjeu national, que vous avez soutenu d’ailleurs de façon paradoxale.
Nous avons partagé des valeurs centristes dans diverses occasions, et nous avons affiché antérieurement notre volonté d’exister et de faire progresser l’UDF localement ou régionalement. Et cela passe par des candidatures et par les urnes. Les législatives sont une échéance propice pour faire entendre sa voix.
Assidue aux réunions UDF de la fédération, j’ai dans un premier temps, avec votre accord, accepté de coordonner l’animation de la 10° circonscription pour les présidentielles et législatives.
Dans un deuxième temps, j’ai annoncé ma probable candidature suppléante aux élections législatives aux côtés de Jacques Rollet, investis tous deux par la fédération pour le compte d’un « parti libre ».
Je vais vous rappeler pourquoi j’ai choisi d’être libre et décidé d’apporter ma contribution au débat électoral.
- Votre choix de vous concentrer sur vos mandats locaux, annoncé dans la presse en 2006, rappelé il y a quelques mois.
- Le fait que vous avez décliné la proposition de l’UDF départementale à l’automne dernier car vous avez été sollicité et invité à vous prononcer alors. Je vous ai loyalement informé en temps voulu et vous m’avez demandé de renoncer. J’ai choisi de résister à l’intimidation.
Votre décision, Mr Décultot, de me neutraliser par le retrait des délégations, n’a pas d’autre motivation que de légitimer votre candidature aux législatives en fonction des résultats aux présidentielles et me sanctionner. Ma candidature n’était pas de nature à gêner la politique municipale ou à entraver les projets municipaux à quelques mois de la fin d’un mandat car vous dites vous-même que tout est bouclé et finalisé.
J’ose espérer que les décisions que vous avez prises à mon encontre, ne sont pas motivées par la volonté de me réduire au silence et de m’humilier.
J’ose espérer qu’il ne s’agit pas non plus d’une forme d’absolutisme local. Cela serait grave pour la démocratie, parce que c’est dans la diversité et le débat, que l’on s’enrichit.
En m’évinçant, fort d’un vote de mes pairs me retirant le titre de maire-adjoint, vous allez m’affranchir du pacte d’union avec votre groupe et votre équipe.
Je redeviens moi-même, indépendante et libre de mes votes, et je suis déterminée à aller de l’avant.
Car notez bien, c’est un conseil ordinaire qui nous réunit ce soir, avec une délibération placée en dernier comme la « cerise sur le gâteau » mais c’est un conseil dont la décision grave que vous avez voulue prendre laissera des traces profondes.
Aujourd’hui n’est pas pour moi une fin. Que les électeurs d’Yvetot sachent que je porterai à son terme mon mandat de conseillère municipale d’Yvetot ainsi que les représentations qui en découlent : bien sûr au Centre Communal d’Action Social où j’ai été élue vice-présidente, au Conseil d’administration de l’Hôpital et à la présidence de la MissionLocale.
Je suis élue au suffrage universel direct comme vous tous ici et je suis disposée à œuvrer en faveur des citoyens que je représente en particulier dans le domaine de la santé, des actions sociales, de l’insertion et de l’emploi qui occupait tout mon temps jusqu’à ces semaines dernières. J’y poursuivrai un rôle, même privée de délégations et des indemnités assorties.
Mesdames et messieurs, je n’ose pas envisager un prochain conseil municipal où vous aurez à vous prononcer sur d’autres exclusions dans une période cruciale où le CCAS, la Mission Locale et l’Hôpital concrétisent des actions que j’ai menées en votre nom, ensemble par conséquent.
Je suis fière du travail que j’ai effectué pendant 12 ans, à plein temps. Grâce à ma disponibilité dans ces fonctions politiques au sens noble du terme, j’ai contribué à lutter contre l’exclusion, aux côtés de nos concitoyens, au sein de services sociaux où j’ai pu constater la grande compétence des agents et fonctionnaires. Yvetot peut se féliciter de l’efficacité de tels services. Je les remercie et les encourage à poursuivre dans cet esprit qui les anime. Le lien social n’est pas spectaculaire mais vital. (…)
Cela donne à réfléchir à tout le monde. Je vous remercie de votre attention. »
L"opposition qui ne voulait pas prendre part au vote ni aux discussions et partait, s'est rassise !
Soulagement, réconfort et fierté pour Marie-Christine du résultat à chaud. Une fraction de la majorité se désolidarise du Maire pour combien de temps? Il fallait marquer le coup et couper court aux humiliations et insinuations.
Bravo Marie-Christine et rendez-vous aux yvetotais pour les prochaines municipales !
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