La punaise du net (semaine 7)

Pandémie

Alerte de niveau 6 ! Il semblerait qu’un virus particulièrement actif, vicieux et mutant frappe les élus socialistes qui, à l’instar de leur candidate aux dernières élections présidentielles, s’excusent dès que l’occasion se présente. Ainsi, à Evreux, vendredi soir à la maison de quartier  de la Madeleine, la visite de Rama Yade et Bruno Le Maire touche à sa fin. Présente dans la salle, la conseillère générale PS, Anne Mansouret. Elle prend le micro et s'engage sur la voie "Royal"... pour demander pardon.

A voir sur Caméra diagonale.

L’excuse à deux balles

Interrogé sur son absence lors du premier vote de l’Assemblée sur la loi Hadopi par Bakchich, le député UMP du Havre, Jean-Yyves Besselat, invoque le jeudi saint ! A voir à partir de 2’15. Et pendant que vous y êtes, allez voir la première vidéo où Bakchich interroge les députés sur le P2P. Affligeant !

Hadopi assemblée
envoyé par bakchichinfo

Beauf party

On le savait déjà, les Verts n’aiment pas les 24 heures motonautiques de Rouen, et moi non plus d’ailleurs. Nous ne sommes pas seuls, selon un sondage dans Paris-Normandie ce week-end, 75% des lecteurs n’en ont rien à carrer de ce truc qui pue, qui pollue et qui fait un boucan ahurissant. Pour Denis, ces courses sont devenues des espaces marchands comme les autres dont l’objet principal est de mettre en avant des marques, des logos, des signes. Leur message symbolique est toujours le même : consommer plus.

Il y a une info débile qui m’est passée sous le nez, comme quoi cette année, la manifestation serait écologiquement responsable : Les efforts déployés par les responsables pour lutter contre les émissions polluantes (bac de récupération d'huile et tapis absorbant pour tous les bateaux), la mise à disposition des pilotes d'un carburant vert de deuxième génération faite à partir de produits non alimentaire, la lutte contre le bruit, l'utilisation de véhicules électriques pour tous les déplacements ont séduit nos responsables politiques qui soutiennent ces initiatives.

C’est moi ou on nous prend vraiment pour des cons ?

Et puis, mais je le soupçonne de s’énerver le dimanche rien que pour pouvoir passer dans la punaise, il y a le mélomane éclairé, le free râleur vent debout contre la pub et la connerie, qui pousse une impériale gueulante en rappelant à la mémoire défaillante d’une bibliothécaire désespérée le sens du mot barbeau. Cette diatribe inspirée s’intitule Giratoire à Barbeau. Pour les non-rouennais, il est bon de préciser que pendant la course des 24 heures motonautiques les bateaux tournent sans fin autour d’une île au milieu de la Seine en plein centre ville.

Rouen fait subir depuis des années des tortures à son fleuve, de la déambulation forcée sur ses berges faméliques de hordes de gogos portant fièrement des chapeaux de pirates publicitaires aux armes du suzerain mutualiste des lieux pour reluquer des gréements exhibés comme des animaux sauvages en passant la foire qui s'y trouve cantonnée, comme punie.

Mais le pire reste certainement cette course débile qui consiste à faire tourner des "bateaux" autour d'une île au mitan de la Seine pendant 24H dans un bruit métallique, histoire de faire caguer les tanches en surplus des riverains et de faire venir dans ma ville de prestigieuses vedettes comme Jordy ou Laurent Jalabert (de quoi faire de l'ombre à Corneille ou Marcel Duchamp !).

(…) C'est cependant ainsi : Nantes a ses Folles Journées où l'on peut repartir avec le concert que l'on vient d'entendre sur une clé USB pendant toute une semaine et Rouen a Jordy qui vient pétarader en rond sur 3 kilomètres pendant toute une journée.
On fait ce qu'on peut.

 

Ambition culturelle

Restons dans la culture et le grand public. On se félicite, ici ou là, d’une future grande exposition impressionniste à Rouen l’année prochaine. Faut dire qu’à Rouen, on n’aime que les gloires mortes. Et encore ! Marcel Duchamp, c’est déjà too much pour le prince qui nous gouverne (mais non, ballot ! Ici c’est pas NS, c’est LF…)

Après le kaiser de la gueulante, place au prince de la mélancolie acerbe :

Quelle ambition, quel courage y a-t-il à exposer Monet, Pissarro, Boudin ou Guillaumin devenus des peintres pour calendriers et objets dérivés ? On fait du culturel à bon compte, irréprochable et consensuel, sans se fatiguer les méninges, juste à se fouler le poignet en signant les chèques. Tout ça histoire d’illustrer le règne de Laurent le Magnifique, prince d’Agglo, depuis peu protecteur des arts. Si ça l’amuse…

Dans le dossier de presse constitué pour l’occasion, j’apprends que cette Armada (sic) de l’Impressionnisme, outre une expo qui coûte un bras, essaimera sur tout le duché : Les peintres amateurs pourront être invités à venir réaliser une œuvre en direct, des « happenings » sur un site Impressionniste. Des guinguettes, des déjeuners sur l’herbe ou des feux d’artifice impressionnistes seront également organisés.

‘tain ! C’est moderne et couillu ça ! Il y a même un appel à projets, ça lui file un peu les jetons à Félix Pheillon :

Car pour la centaine de toiles (mettons quatre-vingts) au Musée, combien de reproductions, tous formats et tous supports ! Car il faudra contenter Fontaine sous Préaux et Montigny, les convaincre qu’ils sont parties prenantes, et que si Impression soleil levant à la salle Boby-Lapointe c’est pas possible, en revanche ils auront les Nymphéas en projections lumineuses sur le mur du Shopi. Cette rétrospective trouvera là sa vraie modernité : dans le simulacre et le faire-savoir.

Toujours dans le dossier de presse, je découvre que mon beauf (j’y parle plus, il a largué ma sœur), commissaire-priseur de son état, est membre du comité scientifique. Comme quoi, il a vraiment raison Félix :

Aujourd’hui, des impressionnistes, seuls les lourds cadres dorés impressionnent. Ça fait riche, sérieux, arrivé. C’est comme de l’investissement, de la peinture à placer comme on place ses économies. La peinture, la vraie, la neuve, c’est autre chose ; la culture, la vraie, la seule, c’est aussi autre chose.

Ainsi, ce jour, dans Le Fanal de Rouen (toujours en revenir à Flaubert et à ses bourgeois) daté du 29 avril 2009, cette phrase magnifique dudit Laurent : « L’ensemble de ces tableaux [ceux qui seront exposés] représente une valeur cumulée de plus d’un milliard d’euros ». Que voulez-vous, fils d’antiquaire, on ne se refait pas.

Comments

[Rédigé par : Didier Goux]

Je vous le confirme : on nous prend pour des cons. Le plus triste est que, bien souvent, on a parfaitement raison de le faire...

(Je parle "en général", il va de soi !)

[Rédigé par : Franpi]

Le free râleur j'aime bien :)
Je garde ! Merci Laure

[Rédigé par : narvic]

Bravo la punaise !

Si y en a d'aucuns qui "s’énerve[nt] le dimanche rien que pour pouvoir passer dans la punaise", c'est que la partie est gagnée et que la punaise est un rendez-vous ! :-))

Bise

[Rédigé par : Fredquillet]

Amis (es) lecteurs (tices) du Paris-Normandie vous êtes bons!

Quand vous répondez comme il le faut à un sondage de votre quotidien si décrié par l'intelligncia autoproclamée de la blogosphère.....et ben vous avez le droit au projecteur....

Punaise! ca c'est de l'info piquante !!!!

[Rédigé par : Jacques Hobbes-Marlet]

L'impressionisme c'est de la peinture de feignasse intellectuelle, c'est beau, c'est joli, ya pas à réfléchir. Ya donc pas à initier (trop cher initier), à inviter (trop cher inviter), à faire découvrir (perte de temps, trop gros effort): La popularité réside, croient-ils, à simplement montrer et à faire dire "c'est beau".
Et pour mieux y parvenir laisser dire aux imbéciles qu'un bidet c'est un bidet ce sera jamais de l'art.

[Rédigé par : Denis]

Bravo à toi pour cette tirade relative à la beauf party !

[Rédigé par : Sessyl]

-100% d'accord concernant les 24 h motonautiques: pouââh, hoûûû, beûûrk

- moins d'accord concernant le point de vue de F Phellion s/ la Gde Manif impressionniste en gestation ; en tout cas pas d'accord avec plusieurs de ses arguments, et lui ai dit pourquoi sur son blog. En +, n'en aurai jamais la preuve, évidemment, mais si on n'avait rien imaginé concernant les impressionnistes, y aurait eu aussi des gens pour râler (même chose pour les Armadas ??). Je connais en tout cas pas mal d'initiatives originales - périphériques ou non, classiques ou décalées- que cela déclenche déjà

- détail, mais ce n'est pas Patrick Gelard mais J-Yves Besselat qui, sur la video en tout cas, évoque le Jeudi saint comme raison possible d'une absence à l'Assemblée

[Rédigé par : Laure]

@ Sessyl : rrrhhhho, la honte, c'est corrigé ! Merci de me lire avec attention.
Je suis allée sur Rouen chronicle, c'est vrai que vous avez été prolixe. Perso, je n'ai pas la nostalgie du passé, mais je regrette de voir la puissance publique investir autant dans ce qui n'est qu'un "coup" et à aucun moment ne dessine l'ambition d'une politique culturelle. Et là-dessus, la critique de Pheillon met le doigt où ça fait mal.