Hier soir, à la tombée de la nuit, je suis
allée regarder les derniers essais du spectacle lumière qui démarre ce soir à
Rouen. « De Monet aux pixels » laisse la place aux « Nuits
impressionnistes ». C’est une bonne chose de renouveler ce spectacle qui
avait plus que vécu, c’est également heureux d’en avoir confié la direction
artistique et la création à Hélène Richard et Jean-Michel Quesne, alias
Skertzo, qui avaient réalisé le précédent spectacle. Je n’avais aucun doute
quant à la qualité, j’étais à priori plus réservée sur la commande qui leur fut
faite. Commande initialement passée à la fin du précédent mandat qui
envisageait un parcours dans la ville qui allait s’égarer dans des lieux comme
l’intérieur de l’abbatiale Saint-Ouen ou l’aître Saint-Maclou. Oui mais voilà,
depuis Lolo est arrivé, avec ses gros sous et son projet tarte à la crème d’une
grrrraaaannnnde expo sur l’impressionnisme en 2010 au Musée des Beaux-Arts de
Rouen. Alors l’ambition fut revue à la baisse. De Monet à money… Adieu les
pixels !
Donc je résume : deux lieux de
projection, la façade de la cathédrale comme précédemment et la façade du musée
des Beaux-Arts pour faire la promo de l’expo prévue l’année prochaine. Entre
les deux, rien, aucun parcours balisé et un lien ténu, cette fameuse tarte à la
crème, que l’on retrouve sur la façade du palais des Congrès : Monet et l’impressionnisme,
ça c’est de l’art !
Sur la façade de la cathédrale, le principe
est resté le même, les douze images ont changé, la bande son aussi. Cela fonctionne
toujours. On garde cette vision hallucinogène, toujours le sentiment d’être
sous trip. J’aime bien le nouveau son, je ne suis pas sûre qu’il plaira à tout
le monde… Je garde en mémoire deux ou trois visions de l’édifice
particulièrement excitantes, une cathédrale à tendance wharholienne, une autre
où le bâtiment semble se disloquer, s’étirer puis se rassembler, les niches et
les statues se démultipliant. J’oublie en revanche volontiers certaines qui me
semblent des resucées de la précédente édition et je demande à revoir celle des
coquelicots, mais j’en garde un souvenir comment dire…. pffff….
Après la première projection, je dirige mes
pas vers le musée des Beaux-Arts et m’assied sur un banc devant la façade. La contemplation
de l’architecture dans l’obscurité avant même le démarrage de la projection, m’impose
une évidence : comment tirer d’un édifice aussi convenu les mêmes
sensations que d’une cathédrale gothique ? Je suis bien en face d’un
temple de la culture bourgeoise tel qu’il avait été conçu à la fin du XIXe siècle,
sans génie, sans audace, bien référencé comme il faut. Le début du spectacle
vient conforter cette sensation puisque les fenêtres du musée deviennent de
gros cadres dorés dans lesquels se projettent des « évidences » de l’impressionnisme.
On a aussi droit à Van Gogh, très prisé pour les boîtes de chocolat et les
calendriers de fin d’année. Quelle relation avec les collections du musée ?
Certes, le travail est bien fait, la technique est de qualité, mais je m’ennuie.
Je bâille à voir défiler toutes ces images que même le dernier des cuistres a
entraperçu un jour sur les pages glacées d’un livre d’art bien en évidence sur
la table basse du salon.
Les seuls moments fugaces où je sors de ma langueur c’est
quand la référence à la tarte à la crème disparaît, que le bâtiment s’habille
de traits, de points, à son tour se rassemble et se disloque. Où quand (enfin
une référence à l’intérieur du musée !) La
rue Saint-Denis en fête apparaît et que les petits drapeaux se détachent du tableau et viennent danser
sur les murs. La bande son va bien avec la tendance générale, elle plaira aux
bourgeois rouennais et à ceux des alentours, ceux-là même qui se précipitèrent
en masse pour s’extasier sur l’exposition Frechon, petit maître local qui orne
les murs de leurs habitations. Et puis cela devrait séduire aussi les cars de
japonais septuagénaires.
Pendant ce temps-là, petit chéri de sa mère
dansait sur les quais aux sons d’ Etienne de Crécy, concert financé aussi par le
fils de l’antiquaire. Elle est là la jeunesse Lolo, elle kiffera nettement
moins les peintres exposés il y a plus de 150 ans. Non, parce que si j’ai bien
compris, le Magnifique il veut qu’on cause de lui dans la presse, en 2010 de
préférence, si vous voyez l’échéance à laquelle je pense… Et pourquoi ses
petits camarades socialistes ne lui ont pas dit que pour le même prix (je vous
fais un lot entre 8 à 10 millions d’Euros), on peut faire une biennale
contemporaine dans l’estuaire de Nantes plutôt qu’une Armada de l’Impressionnisme ?
Je n’étais pas la seule à traîner dans les
rues de Rouen hier soir puisque le Major a capturé quelques images du spectacle
à aller voir sur son blog.
C'est qui "les bourgeois" au XXIème siècle ? Ceux qui critiquent les expositions impressionistes par trop populaires et l'architecture du XIXème siècle ? ;-)
Au moins les bourgeois à l'époque, ils affichaient la couleur. Aujourd'hui, tout le monde se fait passer pour des bohémiens.
Je l'aime moi, l'architecture de notre musée ! Au moins, c'est un temple de la République !
Pour le choix des tableaux, si ce ne sont pas ceux qui se trouvent à Rouen, ça n'a en effet pas beaucoup d'intérêt...
On sent l'influence perdrialesque...par contre "fils de l'antiquaire"...c'est pas génial comme rappel.
Rédigé par : Monsieur Julien | 26 juin 2009 à 20:16
Monsieur J, c'est peut-être justement de l'ironie: quand on veut feindre de l'aigreur , on fait du perdriel, on reprend ses tournures surranées, c'est logique.
Au demeurant, on peut comprendre Laure, à l'origine de ce projet, et en mon sens pas assez honorée de la chose (à cause des illuminations de noël?) Et puis comme moi et tant de Rouennais, elle voudrait surtout que Valérie ne soit pas tant femme sous influence. C'est agaçant de donner raison à la sous-droite.
Et puis les surréalistes, tant mieux si ça rapporte du fric à Rouen, faut bien qu'ils servent à quelque chose, a défaut d'être intéressants.
Rédigé par : Ghost | 26 juin 2009 à 20:58
@ Monsieur Julien ; bon, ben on n'a pas les mêmes goûts en architecture alors ! :-) Aucun souci de ma part pour assumer le côté perdrialesque, j'ai pensé à lui en écrivant ce post, j'ai aussi pensé à Félix Pheillon quand j'ai parlé du fils de l'antiquaire.
@ Ghost : ce qui m'agace le plus, c'est cette absence d'ambition culturelle dans le projet d'expo. C'est un one shot où il suffit de dégainer son chéquier, sans prendre de risques, juste pour récupérer de la bonne com. Ce qui se passe à Nantes ou à Lille ça a une autre gueule...
Quant à Valérie, vous savez que je l'aime bien mais vraiment, l'autre là, le seul encore à croire qu'il pourrait être président de la République, qui n'en a rien à cirer d'ici, qui se révèle pire président d'agglo que Zimeray, oui, lui qui se croit en terrain conquis, il m'énerve.
Rédigé par : Laure | 26 juin 2009 à 22:41
Oui c'est bien ce que je voulais dire, et nous sommes légion, hélas, à prendre conscience de ce qui se trame.
La sous-droite va se chier dessus avec leur rire de hyènes mais bon je les emmerde.
Rédigé par : Ghost | 26 juin 2009 à 23:05
j'avais bien aimé quand j'étais venu l'an dernier et j'ai hâte de revoir !
Rédigé par : LCDM | 26 juin 2009 à 23:38
@ Mon crapaud : tu sais que tu es le bienvenu quand tu veux, je peux t'héberger. J'organise une grosse fête le 4 juillet mais là c'est peut-être un peu court pour toi. Bises
Rédigé par : Laure | 27 juin 2009 à 06:50
lolo, il a rien payé sur le concert : la mairie a juste demandé au 106 de signer la prog. tu te trompes laulau !!!
Rédigé par : lisette | 27 juin 2009 à 09:38
Monet aux pixels et Hénin Beaumont au FN.
Bloguons, twittons et restons derriere nos communautés, nos écrans et vive la culture !
Rédigé par : Fredquillet | 29 juin 2009 à 09:43
Je partage àpeu près ta vision... Le temps d'aller faire des clichés et j'en recause :)
Rédigé par : Franpi | 05 juillet 2009 à 11:37