Ultime semaine d’exploration de la toile à
sonder la présence de nos candidats sur le web. Vous vous souvenez, il y a deux
semaines, nous faisions tous ce constat d’une campagne électorale qui peinait à
démarrer et dont on trouvait l’existence moins dans les medias dits
« officiels » mais plutôt sur internet. Les choses ont un peu changé
aujourd’hui, nous entrons dans la dernière ligne droite à quelques jours du
scrutin, la campagne dite « officielle » a démarré lundi dernier,
vous n’avez pas pu y échapper si vous regardez la télé de temps en temps. Bon,
les clips officiels sont ce qu’ils sont, officiels et ça n’est pas très rigolo.
Mais si certains vous avaient échappé, vous pouvez les regarder là.
La fantaisie, l’irrévérence, la créativité,
c’est toujours sur le net que cela se passe et les dernières listes que nous
examinons peuvent s’enorgueillir de figurer sur des listes qui ont fait de vrais
efforts de ce côté-là.
Commençons avec le Modem. François Bayrou a
demandé à ses troupes d’agir comme des commandos, d’emplir la campagne de
clameurs oranges. Sa demande a été suivie d’effets. Les militants sont présents
sur la toile, au travers des blogs, de twitter ou de facebook. Et il faut voir
comme ils bataillent ces militants, répondant pied à pied aux arguments du PS
qui ces temps-ci tape à bras raccourcis sur le parti de François Bayrou en répandant aux besoins de fausses informations
pour tenter de prouver à tout prix que ce parti n’a pas de programme, qu’il
serait du côté des méchants libéraux et du grand capital. Le Modem a aussi été
créé sur la toile un outil de réseau social avec lesdémocrates.fr, l’un des plus interactifs avec ses blogs et ses
forums. Sans doute parce qu’avec
Ségolène Royal, Bayrou a été l’un des premiers politiques à saisir les
mutations de l’information et du
militantisme.
Changeons de sujet. Si je vous dis Philippe
de Villiers, vous associerez sans doute d’abord ce nom au Puy du Fou ou à des
phrases du type « non, aux mosquées
dans les sous-sols de Roissy », en tout cas, vous ne l’associerez pas
forcément à Libertas. C’est pourtant
sous ce nom que notre célèbre vicomte national se présente à ces élections
associé à Frédéric Nihous de Chasse Nature Pêche et Tradition. Le mouvement
Libertas est associé au milliardaire irlandais Declan Ganley. Libertas… Sa
présence sur la toile a démarré avec des clips de détournement, plutôt bien
faits, réutilisant des scènes archi-connues de grands succès cinématographiques
comme Starwars ou James Bond. A chaque fois, les ennemis, nommés les
bullocrates, attaquent les valeurs de notre terroir comme le vin rosé ou le
fromage de chèvre. Assez marrantes, ces vidéos ont pas mal tourné, provoquant
le « buzz ». Libertas a un temps tenté de faire croire que ces vidéos
émanaient de leurs militants. Dans la réalité, c’est la société Image et
Stratégie, agence de communication qui a
réalisé ces clips, pour provoquer ce que l’on appelle le marketing viral. Il y
a aussi la campagne téléphonique, si vous avez un fixe et n’êtes pas sur liste
rouge, vous courrez le risque de décrocher et d’entendre la voix de Philippe de
Villiers ! On peut se poser la question s’il n’y a pas un décalage énorme
entre ce type de communication et l’électorat de Philippe de Villiers
majoritairement âgé de plus de 65 ans…
Un parti dont la communication est
nettement plus en phase avec son électorat, c’est Europe Ecologie, je pourrais
dire Europe ecologeeks. C’est clairement l’une des stratégies de campagne. Leur
volonté ? «Montrer avec notre campagne, qu’on est festifs et sympas».
Et c’est plutôt réussi. Un réseau social qui a franchi le seuil des 10 000
membres. Des jeux de mots avec l’adjectif écolo qui se décline selon les
genres : les «écologeeks» donc, une soixantaine de touche-à-tout du Net,
ils ont même créé des jeux vidéos en ligne comme Clim City ou encore la
revanche de Toxic man ; les écolobulles, dessinateurs de BD,
professionnels ou BD-blogueurs qui mettent leurs planches en ligne sur un site
dédié ; l’écolozik, des musiciens qui soutiennent Europe écologie, prêtant
leurs titres pour des playlists. Des écoloclastes enfin, pour écrire et filmer
des sketchs, clips, etc. Et cela donne des vidéos humoristiques et décalées comme la remise d’un diplôme Université de Neuilly,
mention Balkany à Jean Sarkozy en pleine réunion du Rotary par le comité
Sauvons les riches. Et leur plus grand succès, un lipdub, une vidéo en
play-back diffusée sur Internet, déjà regardée plus de 50 000 fois, mettant
en scène des militants et les têtes de liste sur les paroles du groupe L’homme parle. Je conclurai avec le
refrain de cette chanson à la dérision amère et malgré tout entrainante : « Alors on danse sur le monde en morceaux, et la valse commence
toujours sur le même tempo, alors on
danse sur le monde en morceaux, après tout quelle importance pour nous c’est
pas nouveau ! »
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