Blog de Laure Leforestier

Question pour le bac philo

Un pays qui a peur de sa jeunesse a-t-il encore un avenir ?

Un pays de vioques qu’a pas su élever ses gosses, qui leur a volé leur futur en hypothéquant toutes les ressources de la planète, qui plébiscite le flicage des mômes, qui colle les mineurs en tôle ?

Et un président qui joue sur les peurs à 10 jours d’un scrutin électoral, qui annonce des chiffres de délinquance en hausse selon lui alors que voilà sept ans qu’il nous bassine avec sa super efficacité et sa culture du résultat est-il crédible ?

Réactions à chaud en écoutant l’allocution de Nicolas Sarkozy

Avec ma gueule

Nouveau thème cette semaine chez les Femmes Engagées qui ont déménagé. Nicolas a lancé une chaine. Voilà le sujet tel qu'il le pose : « Bon, Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, on parle beaucoup de l’anonymat dans les blogs mais au fond de nous-mêmes est-ce qu’on ne devrait pas s’en foutre royalement dans la mesure où la plupart des gens ne savent même pas ce qu’un blog ? Ne serait-on pas un peu trop centrés sur nous-mêmes ? »

Je vous vois venir, je ne suis pas anonyme. Ben justement, c’est de ça que cause.

J’ai démarré mon blog à visage découvert, forcément, il valait mieux pour un blog de campagne.  C’était il y a longtemps de cela, avant l’avènement du règne de Nicolas Ier. Le blog n’avait pas l’allure qu’il a maintenant, il y avait cette photo, très « candidate en campagne » et plein d’orange autour.

Quand la campagne s’est arrêtée, j’ai continué. Je n’allais pas passer dans l’ombre, alors que j’étais encore une femme publique. Donc je ne me suis jamais vraiment posé cette question de l’anonymat.

Ecrire à visage découvert impose peut-être plus de contraintes, de retenue en tout cas. J’ai l’impression aussi que lorsqu’un commentaire critique arrive, on se le prend direct comme un crochet au foie. On se sent attaqué personnellement, ce qui est le cas.

J’ai lu que pour la plupart des blogueurs anonymes, leur angoisse c’est d’être référencé par Google. J’ai vu que Dagrouik proposait un système pour se déréférencer. Je crois que pour moi c’est raté !

Oh, certes, parfois la tentation d’écrire sans que l’on sache que c’est moi me titille ! Mais quel boulot, créer un nouveau blog, lui donner de l’audience, se faire référencer… Non, ma paresse naturelle reprend le dessus et tant pis, tant que je bloguerai, ce sera avec ma gueule !

La punaise et les européennes (semaine 10)

Je continue mon investigation des listes européennes vues du net. Cette semaine, place aux damnés de la terre, aux petits, aux sans-grades, dont vous n’avez peut-être, pour certains, jamais entendu parler. Je vous rappelle la règle du jeu : une requête Google avec le nom du parti suivi du mot « européennes ». Et les petits robots de nous afficher les liens les plus pertinents.

 

Bon, ceux-là, normalement, vous connaissez…

NPA, tête de liste Christine Poupin

En premier sur la page Google, on trouve le site avec les photos des têtes de listes. Un clic et voilà la page Nord-Ouest. Leur actualité ? Une provoc organisée chez Leclerc au centre Saint-Sever samedi dernier. Regardez les deux vidéos, dans le supermarché et à la sortie du commissariat de police et faites vous votre opinion. Je constate que le NPA se met au-dessus des lois pour organiser des « piques-niques » gratuits mais qu’ils sont prêts à demander l’autorité de ces lois pour porter plainte. Et l’Europe là-dedans ? Le premier qui trouve me fait signe…

On trouve aussi des articles par Le Figaro, Le Matin et le Nouvel Obs.

Debout la République, tête de liste Thierry Grégoire

Si je vous dis Nicolas Dupont-Aignan, ça y est, vous remettez ? Le premier lien oriente vers le site du parti qui renvoie sur le site de campagne lui-même en deuxième position. On ne trouve pas de page spécifique à la circonscription nord-ouest, juste une incitation à s’adresser aux responsables de la campagne. Tout est misé sur la personnalité de Nicolas Dupont-Aignan et son petit livre mauve. En 6^e place, un chat avec la tête de liste du Sud-Ouest et en 8^e place, deux minutes de reportage sur TF1 le 23 mai.

Lutte ouvrière, tête de liste Thierry Pecqueur

Le parti d’Arlette qu’a pris sa retraite mais je n’arrive pas encore à me souvenir du nom de son clone de la petite nouvelle. Ça commence mal ! Premier lien, je tombe sur ça :

Votre demande a provoqué une erreur

Le chemin que vous avez choisi ne semble pas valide. Veuillez retourner à la page précédente et vérifier les informations fournies.

Que choisissez-vous ?

En 2, je trouve un article militant. En 3, un article du Monde daté du 16 février Lutte ouvrière fait cavalier seul aux européennes. En 4, deux vidéos dont une de France 3 Alsace. Encore un article du Télégramme pour la liste Ouest, un de la Dépêche pour le Sud-Ouest. Bon, je reviens à ma page d’erreur, on me propose d’aller à la page d’accueil, de là je trouve l’onglet européennes qui me mène sur la liste Nord-Ouest. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, je cherche le programme en vain.

 

Ceux-là vous les connaissez peut-être sans le savoir…

Parti de France, tête de liste Karl Lang, Député Européen sortant.

Voyons, vous connaissez... Karl s’est fâché avec Jean-Marie à cause de Marine. Même pas peur, il présente sa liste à lui, contre la fille de qui vous savez. Pas très bien référencé à l’évidence…  En 1 des informations générales sur les élections, pas sur le parti, en 2… le site du PS ! Différents sites ensuite très loin de ma requête quand tout en bas de page je tombe enfin sur le site de Carl Lang qui est également le site officiel de la campagne. Quelqu’un sait comment on doit orthographier son prénom ? Dans le doute, j’ai mis une fois Karl, une fois Carl…

Alliance écologiste indépendante (MEI, Génération écologie, France en action), tête de liste Bernard Frau.

Mais si, vous savez, c’est le parti pour lequel Francis Lalanne est tête de liste ! Mais pas dans le Nord-Ouest. Ici, la tête de liste, c’est Bernard Frau, grand spécialiste du recyclage politique. Là où tout s’embrouille, c’est quand on constate que les adhérents de Génération Ecologie refusent de le soutenir…

 

Bon là, ça devient plus exotique !

Europe Démocratie Esperanto, tête de liste Jacques Borie

En 1 le site.  On imprime ses bulletins parce qu’il n’y en aura peut-être pas pour tout le monde. De là on trouve la page  Nord-Ouest. La tête de liste est un candidat aux présidentielles de 2007 qui n’a pas pu réunir les signatures nécessaires pour pouvoir se présenter à ce scrutin. Son engagement dans cette élection ? J'ai accepté d'être tête de  liste pour les élections européennes dans le Nord-Ouest afin de défendre la démocratie linguistique et au sein de l'Union Européenne, grâce entre autre à l’esperanto, langue équitable.

L’une des particularités d’Europe Esperanto Démocratie est de présenter trois têtes de listes qui furent candidats aux présidentielles.

Newropeans, tête de liste Michel Gobillon

En 1, leur magazine. En 4 la page en français du site de campagne. Deux clics pour tomber sur le site de campagne Ile-de-France. Je repars sans avoir trouvé la liste Nord-Ouest et sans avoir vu un seul article de presse dans les dix premiers liens.

Union des Gens, tête de liste Martine Audo

Le premier site trouvé est celui de la campagne dans notre circonscription. Les bulletins de vote seront à imprimer par les électeurs. Le site est très artisanal, avec des surlignages multicolores. Aucune presse trouvée dans les dix premiers sites.

 

Restent les listes pour lesquelles je n’ai même pas trouvé le nom de la tête de liste.

Communistes

A ne pas confondre avec le Front de gauche. Sinon, je n’ai rien trouvé.

Rassemblement d'initiative citoyenne

A ne pas confondre avec le RIC qui interpelle les candidats à propos du nucléaire. La seule trace que je trouve de l’existence sur la toile de ce  parti est un wiki sociétal.

CNI

Gentiment, Google me propose d’essayer plutôt avec l’orthographe CNIL. Je découvre que les initiales correspondent à Centre National des Indépendants et paysans. Je relance la recherche et déniche leur site. Attention, droite rebelle !

Europe Décroissance 

D’emblée je trouve leur site en trois langues. Enfin site, c’est un bien grand mot, je trouve un communiqué daté du 14 avril. Je seras bien en peine de vous en dire plus.

 

18 listes se présenteront à vos suffrages le 7 juin. Il me restera à explorer la semaine prochaine la présence sur la toile du Modem, des Verts et de Libertas.

On n’arrête pas le progrès…

Il y a une bonne dizaine d’années de cela maintenant, je visitais une ferme installée dans un cadre idyllique près de Lisieux. Une ferme qui avait acquis toutes les dernières merveilles de la technologie pour l’appliquer à l’élevage laitier. Et de fait, les bestioles étaient assez décontractées du pis. Elles étaient libres de leurs allées et venues dans l’étable et la cour attenante. Equipées d’un collier électronique, les vaches se dirigeaient tranquillement vers un distributeur d’aliments qui, grâce à un système de reconnaissance, distribuait la dose de nourriture répondant aux besoins individuels de la bête (programme alimentaire mis au point j’imagine par une sorte de vétérinaire diététicien). Une tension désagréable au niveau des mamelles ? Hop ! La laitière se faisait soulager par un appareil entièrement automatisé, nul besoin d’intervention humaine pour se faire traire. En quelque sorte, « la traite quand je veux, si je veux ! ». Le revers de la médaille de ce paradis bovin, est qu’il valait mieux répondre à des critères standards, des pis trop longs ou trop courts ou toute autre malformation les chassant irrémédiablement de l’Eden vers l’Enfer, en l’occurrence, l’abattoir.

Ce que l’on appliquait à nos vaches, on peut désormais l’appliquer à nos vieux. Ce matin, je découvre sur le blog de Skalpa ce lien vers un communiqué de l’AFP :

LILLE (AFP) — Les fugues répétées de résidents atteints de la maladie d'Alzheimer ont amené une maison de retraite lilloise à s'équiper de bracelets-montres électroniques, un dispositif de surveillance et de suivi médical pionnier en France.

"C'est très sécurisant pour le personnel et pour les résidents", explique, enthousiaste, Mireille Wascat, infirmière référente et responsable de l'établissement Gilbert Forestier, à Lomme, commune associée à Lille.

Le bracelet-montre gris, désormais porté par la quasi-totalité des 55 résidents après avoir été introduit en 2003, déclenche le verrouillage de la porte de l'établissement dès qu'un pensionnaire s'en approche. Il comporte également des capteurs qui alertent les personnels médicaux sur certaines anomalies de santé.

Si un bouton permet aux patients d'appeler les infirmières, la montre prévient automatiquement le personnel en cas d'inactivité totale (perte de connaissance, malaise), d'hypothermie ou lorsque le bracelet est retiré, selon Olivier Bessieres, directeur commercial de Vivago, l'entreprise finlandaise qui a mis au point le dispositif.

Le bracelet envoie, via une demi-douzaine de bornes électroniques, un signal vers un ordinateur qui renseigne le personnel soignant par téléphone. Il déclenche également une alarme lorsque l'état de son détenteur se dégrade par rapport aux deux semaines précédentes.

"L'analyse des données est importante pour le médecin", selon Mireille Wascat, selon laquelle le bracelet permet par exemple d'évaluer la qualité du sommeil, lors d'une nouvelle prescription de somnifères.

"C'est surtout une aide pour éviter que les gens ne se mettent en danger", estime Claude Tailleur, médecin coordonnateur de la maison de retraite, qui retient "la possibilité d'intervenir immédiatement en cas de chute".

Les résidents, eux, "ne sont pas du tout réticents, mais ne comprennent pas tous", reconnaît Annick Lapierre, directrice du centre communal d'action sociale, à l'origine du projet.

L'établissement Gilbert Forrestier compte en effet 80% de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, 10% atteints de démence psychiatrique, et seulement 10% de personnes autonomes.

D'où le risque qu'encouraient les pensionnaires de se retrouver dans la rue, désorientés, "un stress permanent pour les équipes, car nous avions peur qu'elles ne se fassent écraser par une voiture ou ne retrouvent pas leur chemin", explique Mireille Wascat, mentionnant "au moins une fugue par jour" dans le passé.

Malgré le coût d'installation du dispositif, qui avoisine les 40.000 euros pour un établissement complet, un autre centre d'hébergement lillois pour personnes âgées dépendantes doit être entièrement équipé à la rentrée 2009.

Sophistication technologique et déshumanisation, on vit une époque formidable !

photo Skalpa

La contradiction décomplexée

Lundi après-midi, troisième rencontre de notre collectif, cette fois-ci avec Estelle Grelier, numéro deux de la liste PS. Même si ces jours-cil les sondages sont en berne pour les socialistes, la candidate a peu de souci à se faire, son fauteuil pour Bruxelles est assuré.

Une femme jeune, sympathique et dynamique, voilà de quoi rendre notre échange ouvert et sans langue de bois, teinté de cordialité malgré la malice de certain de mes camarades… Retenus par ses activités professionnelles, Denis avait publié le matin même toute une batterie de questions que notre interlocutrice avait potassées pour y apporter ses réponses. Mais comme nous sommes tous un peu taquins, et que les absents ont toujours tort, nous avons inventé d’autres questions. Après tout, Estelle Grelier pourra y répondre sur son blog puisqu’elle est une des rares candidates - avec Corinne Lepage - à en tenir un écrit de sa main. A condition qu’elle ne le ferme pas au lendemain de la campagne, ce qu’elle fit après sa défaite aux législatives de 2007.

Quand on conduit un parcours politique aussi brillant et rapide que notre candidate au sein du parti socialiste en Haute-Normandie, il faut faire allégeance à Laurent Fabius. Ce qu’Estelle Grelier fera en soutenant le non au traité constitutionnel européen puis la candidature du maître des lieux aux primaires socialistes de 2007. Premier malaise et première incompréhension de ma part. J’ai beau savoir que je parle ici dans une terre fortement euro-sceptique, je ne percute toujours pas en quoi, le non de 2005 a apporté une amélioration au fonctionnement de l’Union européenne. Et je persiste à y voir du côté de certains socialistes, un calcul politicien qui nous a bien plombé l’Europe. Estelle Grelier s’affirme sans regrets par rapport au non, n’aurait pas voté le traité de Lisbonne, solution bricolée j’en conviens faute de mieux, mais s’apprête à siéger sur les bancs du PSE avec les  socialistes espagnols et les travaillistes anglais, partis au pouvoir dans leur pays qui ont ratifié ce fameux traité.

Lorsque j’évoque avec Estelle Grelier le cumul des mandats, un sujet qui me tient à cœur car je suis persuadée qu’il vérole la classe politique française, la réponse qui m’est faite est loin de me satisfaire. Elle abandonnera son mandat de vice-présidente à la région au lendemain du 7 juin et estime qu’elle sera en capacité d’assumer pleinement ses fonctions de première adjointe à Fécamp, de présidente de la communauté de communes et de députée européenne. Lors d’un débat samedi dernier, Jean-Paul Gauzès avait affirmé consacrer quatre jours par semaine à son activité d’euro-député. Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour le local. Lorsque je lui rappelle gentiment que le non-cumul des mandats faisait partie du programme de la candidate socialiste à l’Elysée en 2007, son sourire me laisse comprendre que les programmes n’engagent que les imbéciles qui veulent y croire. Arnaud a déjà évoqué dans son billet le fait qu’Estelle Grelier entend se représenter aux législatives de 2012. Législatives qu’elle avait perdu en 2007 face à Daniel Fidelin qui l’avait battu avec 53,16% des suffrages.  Mauvaise perdante, la candidate n’avait pas hésité à saisir le Conseil constitutionnel pour demander l’annulation du vote. Sa requête fut rejetée. Une éventuelle victoire en 2012, l’obligerait à laisser le mandat qu’elle brigue actuellement. Est-ce bien sérieux ? Et surtout, quel respect témoigne-t-on aux électeurs ?

La réunion s’achève et la candidate part pour Vernon où l’attend un meeting de campagne. En en lisant le compte-rendu qu’en fait José Alcala, j’ai la surprise de lire : La candidate socialiste est arrivée avec quarante minutes de retard par rapport à l'horaire prévu. Embrassades sur l'estrade avant de lancer "Excusez-moi, mais j'étais à Rouen avec des blogueurs de droite, qui ne m'ont pas lâché".

Sans complexes, je vous dis !

La punaise et les européennes (semaine 9)

La punaise entame un cycle de quatre semaines qui sera entièrement consacré aux européennes vues du net. Nous retrouverons l’actualité locale le 15 juin. Et puis c’est une aussi une manière de rentabiliser la chronique que j’ai faite samedi lors d’un débat d’Epoque sur les européennes, retransmis par radio HDR. Le café de l’Epoque accueillait quatre candidats : Jean-Paul Gauzès, n° 3 de la liste UMP, Estelle Grelier, n° 2 de la liste PS, Wallerand de Saint-Just, n°2 de la liste FN et Michèle Ernis, n°2 de la liste Front de Gauche.

Dans moins de 3 semaines les élections européennes et une campagne qui, dit-on, peine à mobiliser. C’est sûr que si votre seule source d’information est TF1, vous avez eu du mal à vous en apercevoir. Faut dire que la chaîne de Martin Bouygues n’a pas consacré plus d’un pour cent de ses actualités à ce sujet dans les trente derniers jours. Normal ! Me direz vous, leur truc à TF1 ce n’est pas la politique mais des sujets qui ont le mérite de vous laisser du temps de cerveau disponible. Enfin, ça dépend des enjeux. A la même période en 2007, 4 semaines avant l’élection, TF1 consacrait 18% de ses sujets à la présidentielle (+17 points par rapport aux européennes). Faut dire, la présidentielle, ça avait son petit côté Star Ac, tapez 1 pour Nicolas, 2 pour Ségolène…

Bon, mais y’a pas que TF1 dans la vie vous allez me dire, et j’acquiesce bien volontiers.  C’est là où ça commence à faire vraiment mal. Si l’on fait une comparaison avec 2004, date du dernier scrutin européen et avec des medias dits plus sérieux, le constat est attristant. La rédaction du Monde y consacre moins de 5% de ses articles quand elle y dédiait plus de 9% il y a cinq ans. C’est vrai, ce n’est pas simple l’Europe, faut expliquer les mécanismes, quels sont les enjeux, pourquoi c’est important… C’est tellement plus simple de parler de la grippe !

S’il y a un espace où ces élections européennes sont débattues, analysées, disséquées, les candidats et leurs programmes passés au crible, c’est sur le net ! Il y a bien sûr des sites de référence entièrement consacrés à l’Europe, riches en informations et qui vous aident à comprendre les enjeux. Je citerai dans le désordre Euractiv ou Toute l’Europe, le Taurillon aussi, le magazine européen publié par les Jeunes européens. Je recommanderai Les coulisses de Bruxelles, l’excellent blog de Jean Quatremer, qui, au quotidien nous parle d’Europe. Un autre blog qui nous laisse l’impression d’être plus intelligents après l’avoir lu, c’est l’Europe à deux voix, à quoi sert l’union européenne face à la crise, écrit à quatre mains et deux claviers par les économistes Pierre Laroutourou et Christian Saint-Etienne, un socialiste et un centriste qui débattent ensemble, c’est au niveau de l’Europe que ça se passe, à l’échelon national, je crois qu’il faudra patienter encore un peu…

La campagne avance, les journaux s’y mettent, qui parfois invitent des blogueurs politiques comme à Libération. Et bien sûr, le blog de Paris-Normandie dédié aux Européennes qui réunit neuf blogueurs de sensibilités politiques variées de l’UMP au Front de Gauche. Partout sur le web, les blogs politiques depuis un mois s’intéressent aux élections. Alors, internet l’un des rares espaces de débat pendant cette campagne ? En tout cas beaucoup plus que dans les medias traditionnels…

Et nos candidats au fait ? Comment leurs partis mènent-ils campagne sur la toile ? Je me suis livrée à un petit exercice que j’ai trouvé assez riche d’enseignements. J’ai commencé par cette simple recherche Google : le nom du parti suivi du mot européennes et j’ai noté et exploré les liens que l’on trouvait sur la première page de Google. Le résultat est très variable. Je rappelle pour ceux qui l’ignoreraient que les petits robots de Google, qui sont très actifs, vous affichent toujours en premier les sites qu’ils considèrent comme les plus pertinents. Précision, cette recherche a été effectuée le samedi 16 mai, les pages Google peuvent avoir évolué depuis.

Commençons avec l’UMP : en premier, le site des députés européens. Bon, ok ! En 2, une info du site TF1 LCI. Tiens tiens… Ce n’est qu’en 6^e position que l’on trouve le site dédié aux élections. Un site un peu privé, où il faut s’inscrire pour avoir accès à toutes les informations. Un site qui affiche en une un article sur François Fillon, un autre sur Frédéric Lefèbvre. Ah bon ! Je ne savais pas qu’ils étaient candidats aux européennes… Je clique sur l’onglet Nord-Ouest pour trouver la liste qui nous concerne. Un agenda de campagne confidentiel, il faut être membre inscrit pour avoir des détails.  En 9^e position de la page Google, j’ai trouvé un anti-site, un fake, qui démonte le programme UMP. Entre samedi et aujourd’hui en fait, ce site est passé en tête de la page Google.

Passons au PS : En premier, le site du parti  socialiste dont la une renvoie immédiatement sur le site des européennes. En deuxième place un article du Post, en troisième le site de campagne des européennes. Il est plus vivant, plus animé, plus djeun… Avec le sentiment là encore, qu’il s’adresse d’abord aux militants. Deux clics sur nos listes puis sur Nord-Ouest pour aller sur le site de la circonscription. Samedi dernier,  on n’y annonçait que les évènements de campagne sur Lille. Aujourd’hui, totalement décalée, une vidéo de la candidate de l’Ouest. Comme sur le site UMP, il faut être déjà inscrit pour accéder à plus de contenu. Sur la page Google en 4^e position, un lien vers TF1LCI, mais pour un truc qui fâche « le centre dit non à Aubry » qui nous rappelle la délicate question du vote des militants à propos des investitures. En fait, ensuite, on ne trouve que des liens vers des trucs qui fâchent,  « le PS n’a pas les moyens de sa stratégie européenne » sur un blog le Monde qui se nomme Puzzle socialiste, « le PS cherche son souffle » sur le JDD, « le PS tente de relancer sa campagne » sur le Monde.

 Qu’en est-il du FN ? En 1^e place, le site de campagne du Front National, avec une carte de France découpée en  régions qui permet de cliquer sur la circonscription et qui renvoie sur le site de la tête de liste Marine le Pen. Avec le titre de la une, « la Picardie,  couloir de l’immigration », le slogan « sauvons les français d’abord », on sait tout de suite  où l’on est, d’autant plus que le troisième article parle d’une terrible agression en Picardie toujours, l’histoire d’une vieille dame attaquée chez elle.  En 2 un papier à propos d’un dérapage de Jean-Marie le Pen en campagne sur le site du Progrès.  On trouve encore un article du Figaro ou un du  Point, mais rien de  TF1LCI ! Sinon, que des sites frontistes.

Terminons avec le Front de gauche : en 1^e place,  le site de campagne. Un clic pour aller sur la page Nord-Ouest. Pas très à jour la page qui mobilise pour le 1^er mai et parle de la manifestation des syndicats à Hanovre avec les salariés de Continental Clairvoix. Toujours sur la première page Google, on trouve des liens vers le Nouvel obs, le journal Le Monde qui signale que le Front de gauche tape autant sur le PS que sur l’UMP, je confirme, la une du site de campagne tacle le Manifesto, le programme du Parti Socialiste Européen. Encore d’autres liens vers L’humanité, Le Figaro, le site du PCF, mais toujours rien de TF1. Ca vous étonne ? Moi pas trop…

Si vous vous intéressez aux européennes, ne regardez TF1 que dans l’hypothèse où vous songez accorder votre suffrage à une liste UMP, dans ce cas cette chaîne est totalement compatible avec vos idées. Sinon, gardez votre temps de cerveau disponible pour aller vous balader sur la toile, c’est là que ça se passe.

La semaine prochaine, la punaise se penchera sur les « petites listes » apparemment peu susceptibles d’atteindre le seuil des 5% des suffrages.

Grosse flemme

Billet demain : la punaise et les européennes

La charge de la brigade lourdingue

Détresse face aux sondages peu encourageants ? Le PS utilise de drôles de techniques pour convaincre les électeurs d’accorder leurs suffrages à ses candidats. La dernière en date : la désinformation ou plutôt le mensonge par omission. En début de semaine, Solférino publie un communiqué de presse qui sera benoîtement repris par quelques blogueurs, militants zélés peu soucieux de vérifier leurs sources. Le scoop ? François Bayrou est un menteur, le Modem un vilain parti de droite, la preuve : Le 16 février 2006, dans le cadre de la discussion relative à la directive « services dans le marché intérieur » (dite « Bolkestein »), le Modem vote avec l’UMP contre l’adoption d’une directive cadre sur les services d’intérêt général garantissant la pérennité de leur mission.

Flashback ! Bolkenstein, ça vous rappelle des mauvais souvenirs, cette sombre histoire de plombier polonais et de déréglementation des services. Une petite précision s’avère nécessaire : Le « plombier polonais », cet épouvantail agité par les tenants du non lors de la campagne référendaire de 2005 sur le traité constitutionnel européen, ne débarquera pas en France à des tarifs polonais : la directive « services », totalement réécrite par le Parlement européen en 2006, a clairement écarté cette possibilité. En supprimant le contesté «principe du pays d’origine» ou PPO, qui aurait permis au prestataire de services se rendant dans un pays tiers pour une mission de courte durée et sans intention de s’y installer de rester soumis à la loi du pays dans lequel il est établi, la loi polonaise dans cet exemple, le Parlement affirme clairement qu’il devra respecter le salaire minimum et toutes les lois sociales du pays d’accueil.

En 2006, la directive qui repasse devant le Parlement européen a donc été largement amendée. Ce qu’omet de signaler le communiqué du PS. Tout comme il oublie de signaler que les députés PSE (groupe où siègent les députés PS français) ont aussi voté cette directive. Je ne vous demande pas de me croire sur parole mais vous invite à aller vérifier ce que j’avance ici. A ce petit jeu, on pourrait aussi s’amuser à dire que ce jour là, les socialistes français n’ont pas voté comme leurs collègues du PSE mais qu’ils ont voté comme le Front National et Philippe de Villiers… Juste pour le plaisir de la démonstration par l’absurde !

Dans Libération Gilles Savary, eurodéputé socialiste sortant (mais pas reconduit sur les listes) et spécialiste des services publics, reconnaît que la critique relève de la caricature : «Le Modem n’a pas toujours défendu les positions du PS sur les services publics, mais il n’a pas pour autant voté avec les libéraux. Le Modem a beaucoup évolué sur ces questions en dix ans. Depuis la dernière mandature, ils ont régulièrement aligné leurs positions sur celles du PSE, qui sont souvent moins radicales que celles des socialistes français. Pour être conséquentes, les critiques portées par Aubry sur le Modem devraient aussi l’être contre une partie du PSE.» Lors du vote de la directive Bolkestein, le Modem avait ainsi voté nombre d’amendements contre l’ELDR, et aux côtés des socialistes. Et, pour le vote final, les eurodéputés du parti centriste avaient finalement voté pour l’adoption du texte. Contre le PS français. Mais avec le reste du PSE. (…)

Preuve d’une réelle inquiétude, le PS est prêt, pour dégonfler la «tentation Bayrou» de l’électorat de gauche, à certains raccourcis, voire contre-vérités.

Dans ma boule de cristal

Spéciale dédicace à Denis, qui adore décortiquer les sondages. Je me suis à mon tour livrée à cet exercice en compilant deux sources d’informations :

• Les résultats du vote aux Européennes 2004 en comparant les résultats nationaux et ceux de la circonscription Nord-Ouest.

• Le baromètre Opinionway Fiducial réalisé du 7 au 10 mai 2009 pour TF1, LCI, le Figaro et RTL. Etude assez complète effectuée à partir d’un échantillon de 5079 personnes sur les 7 circonscriptions, chaque circonscription étant ramenée à son poids réel sur la base du nombre d’électeurs inscrits. Sur la circonscription Nord-Ouest qui représente 15,5% des électeurs, 739 personnes ont été interrogées. L’intégralité de ce baromètre est téléchargeable ici : Téléchargement OpinionWay_europ_2

Les intentions de vote ne sont malheureusement pas ventilées par circonscription, le tableau ci-dessous prend donc en compte l’échelon national. J’ai trouvé intéressant de faire figurer sur un même tableau les résultats de 2004, les intentions de votes actuelles et leur évolution par rapport à la précédente étude réalisée un mois plus tôt. J’ai choisi de ne faire figurer que les listes susceptibles d’atteindre au minimum 5 % des suffrages, les autres n’étant pas prises en compte pour le calcul des sièges. Dans les listes vous trouverez le nom des actuels partis, entre parenthèses ceux de 2004. Pour les résultats de la circonscription en 2004, l’écart par rapport au score national est noté entre parenthèses également. Tous les chiffres sont exprimés en pourcentages.

 

Liste	2004 National	2004 Nord-Ouest	Sondage mai 2009	Evolution
LO	2,56 (LO + LCR)	2,90 (+0,34)	2
NPA			7	=
Front de Gauche (PC)	5,88	6,80 (+0,92)	5	=
PS	28,90	29,98 (+1,08)	22	-1
Europe Ecologie	7,41	6,83 (-0,58)	9	-1
Modem (UDF)	11,96	11,34 (-0,62)	13	+1
UMP	16,64	13,33 (-3,31)	27	-1
Libertas(MPF + CNPT)	6,67 + 1,73 = 8,40	2,95 + 5,95 = 8,90 (+0,5)	5	=
FN	9,81	12,86 (+3,05)	7	+1

 

En 2004, le score de l’UMP dans notre circonscription présente l’écart négatif le plus important, très nettement en dessous de la moyenne nationale. L’étude Opinionway révèle également (page 9) que les électeurs du nord-ouest sont ceux qui voteront le plus en fonction des enjeux nationaux, à 60% quand la moyenne française est à 55%. C’est également dans notre circonscription (page 13) que les électeurs entendent le plus sanctionner l’action du président de la république à 44% contre 39% au national.

En 2004, l’écart positif le plus important était celui réalisé par le Front National. De manière générale, les partis euro-sceptiques réalisaient un bon score. Euro-scepticisme confirmé lors du référendum sur le traité constitutionnel en 2005 où la circonscription votera non à plus de 63%, soit 10 points de plus que la nation ! On retrouve ce manque d’enthousiasme européen dans l’étude Opininonway. A la question : l’Europe est-elle une bonne ou une mauvaise chose pour la France ? (page 18), la réponse nationale est oui à 51 %. Dans la circonscription Nord-Ouest, le oui tombe à 41 %, conservant toujours  l’écart de 10 points de 2005.

Ceci explique sans doute aussi le score légèrement en recul sur la moyenne nationale de partis comme les Verts ou l’UDF en 2004, traditionnellement européens.

Il existe bien sûr des différences par rapport à 2004. Le Modem n’est plus exactement l’UDF, d’autres partis ont fusionné. J’attends aussi avec impatience un sondage réalisé sur notre seule circonscription. Mais je verrais bien un vote confortant les extrêmes, un Modem capable malgré tout d’un bon score grâce à la personnalité de Corinne Lepage, l’une des rares figures nationales. Je pense que le vote UMP sera à nouveau inférieur à la moyenne nationale et que les deux partis hégémoniques, au vu des actuels sondages et des particularités locales, risquent de faire jeu égal.

C’étaient les prédictions de madame Irma pour la circonscription Nord-Ouest !

Si y’en a que ça les intéresse…

Deuxième débat du collectif des blogueurs avec une tête de liste aux européennes. Hier soir, c’était au tour d’Edgar d’être un peu anxieux car c’est « son » candidat qui passait sur le grill. Et comme le rapport de force est au mieux de deux sympathisants pour sept opposants, autant dire que les débatteurs ont été aussi coriaces que lors du précédent entretien.

Face à nous, Jean-Paul Gauzès, euro député UMP sortant, conseiller régional de Haute-Normandie et maire de Sainte Agathe d’Aliermont. Commençons par les fleurs. Ce fut un plaisir d’échanger avec un parlementaire qui s’est véritablement investi dans son mandat, honnête dans ses propos privilégiant le pragmatisme à l’idéologie.

Après le miel, passons au vinaigre. Je soulignerai quelques points abordés qui pour moi, rendent impossibles l’adhésion aux promesses de la liste du président.

Tiens d’ailleurs, du président mais de quel président parle-t-on ? Du président de la République française en appelant à voter UMP pour le soutenir ? Du président du Conseil européen de juillet à décembre 2008 en arguant que sa présidence fut une réussite ? Ce que Claude conteste… Mais attendez une minute, le 7 juin, ce sont bien des députés que l’on élit… Alors pourquoi maintenir une confusion des genres, le Parlement européen ne sera pas présidé par Nicolas Sarkozy ? Vous lecteurs, je ne sais pas, mais moi je n’aime pas trop que l’on m’enfume…

Restons deux minutes encore sur cette histoire de présidence, mais cette fois-ci celle de la Commission européenne. -Avertissement pour tous ceux qui ne connaissent pas bien les mécanismes de décision de l’Europe, allez vous instruire sur ce billet du professore qui a le mérite d’être concis et clair. – Donc, aujourd’hui, ce machin le moins démocratique de la co-décision européenne est présidé par José Manuel Barroso. Beaucoup s’accordent à dire qu’il a été l’un des plus mauvais présidents de Commission européenne. Dominique réclame sa peau. Jean-Paul Gauzès a convenu qu’il a manqué de dynamisme et d’idées, tout en se constituant une majorité avec les commissaires des nouveaux pays entrants au détriment des grands partenaires historiques comme la France ou l’Allemagne, privilégiant ainsi la libéralisation et la déréglementation à outrance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat n’a pas été brillant ! Malgré tout, le candidat de l’UMP considère qu’il n’y a pas d’alternative ce qui implique que le PPE (groupe dans lequel siègent les euro-députés UMP) reconduira Monsieur Barroso dans ses fonctions. Il existe pourtant d’autres solutions. Le PPE n’étant pas majoritaire au Parlement, il est bien possible qu’une coalition anti-Barroso voit le jour quand il sera question de sa reconduction. A suivre donc...

En conclusion, j’ai apprécié la franchise de Jean-Paul Gauzès. A la question : que ferez-vous pour la région Haute-Normandie ? Il a eu l’honnêteté de répondre « Rien, car ce n’est pas dans les compétences d’un parlementaire européen ». Corinne Lepage avait fait la même réponse à Edgar Menguy qui avait feint de s’étonner. Je ne voterai pas pour la liste UMP parce ce qu’ils défendent est très éloigné de mes valeurs. Pour citer quelques exemples, j’ai en travers de la gorge la politique du tout nucléaire, la traque des sans-papiers qui met les bébés en centre de rétention ou le flicage d’internet, vous pouvez compléter la liste… Je reconnais toutefois avoir rencontré hier un candidat compétent. Maintenant, pour paraphraser le chef de l’Etat, si y’en a que ça les intéresse…