Désarroi ? Dégoût ? Découragement ? Déception ?
Nombreux sont ceux qui, l’un après l’autre, referment la porte du Modem. Des blogueurs
qui n’ont pas la langue dans leur poche, dont les billets ne se sont jamais
contentés d’être le relais fade d’annonces presse, ni d’odes à la gloire de
leur chef. Des hommes et des femmes qui ont mis toute leur intelligence et leur
énergie au service d’un nouveau parti dans lequel ils voulaient croire car il
représentait une alternative à la hauteur de leurs espérances. Daniel Riot dans
son expérience strasbourgeoise parle de Modem consumé sans modération. Damien Roets s’en va au lendemain du
congrès de Villepinte, prédisant que la stratégie d’alliances « à géométrie
variable » du MoDem pour les municipales est à la fois indéfendable et
suicidaire. Depuis quelques semaines on assiste à une nouvelle vague de portes refermées.
Qu’en disent ceux qui restent ? Il y a plusieurs
réactions possibles.
Le mépris : Votre liberté de
pensée… la résistance vous ne devez pas savoir ce que cela veut dire, c'est
pourtant grâce à elle que nous sommes libres aujourd'hui… Dommage pour vous et
aussi pour nous mais nous on continue...
Je lis, et je vous
dis, triste, triste, continuez à vous coucher et à oublier votre éthique et ce
"moi je" qui résonne très fort en vous lisant, et votre entrée en
politique ressemble fort à une démarche de "consommatrice".
Genre « t’es qu’une moule ! », faire de la politique, ce n'est pas prendre
la carte d'une salle de sport, faire deux mois d'abdos-fessiers avec toutes les
bonnes intentions du monde puis passer à autre chose à la première occasion
venue. Ou alors « t’es qu’un vendu », celle-là on ne me l’a
pas servie, mais on l’a servie à d’autres : De grâce, épargnez-nous votre
mauvaise foi. Dites : “j’ai besoin d’aller à la soupe”, mais pas autre chose.
La satisfaction voire le soulagement : En fait cela fait du bien que des militants
comme vous s’éloignent car ils ont en eux les prémisses du totalitarisme
intellectuel et la non acceptation du vote de la majorité du parti auquel on a
adhéré.
Mais la plupart du temps, c’est une désolation amicale et
un encouragement sincère à rester dedans,
à rester avec ceux qui partagent le même projet d’espoir :
Il n'y a qu'une
façon d'être un citoyen : c'est d'entrer dans le combat pour imposer la liberté
à tous les échelons de la société, la démocratie, la république, et leur
cortège de transparence, de vérité, de dignité, d'espérance.
Mais nous devons
tenir bon, ensemble, dans la tempête.
Nous sommes
différents, ce qui fait notre richesse, mais parfois crée des tensions et
génère des comportements opposés. Mais nous partageons une vision commune, et
elle ne se trouve pas ailleurs.
Parce que ceux là même croient encore qu’avec leur volonté
militante les lignes vont bouger, que c’est juste une question de temps :
Le découragement est
compréhensible, mais ce qui réunit les adhérents les plus sincères, n'est-ce
pas ce que prône Bayrou au début de "Projet d'espoir", à savoir la RESISTANCE ? Un peu de patience,
nous allons forcément gagner en crédibilité avec le temps, et forcer notre
"hiérarchie" parisienne à nous écouter.
Pour donner une
dernière chance à François Bayrou de mettre les actes en conformité avec les
mots.
Oui, donner une dernière chance :
Aujourd'hui nous
avons cette chance de pouvoir en tirer les leçons, de remettre tout à plat et de
faire changer les choses au Modem... je ne pense pas que ce soit le moment de
quitter le navire. il est clair, que comme vous, je m'en irai si nous
continuons dans cette voie, mais donnons nous tout de même le temps d'une
dernière chance.
Parfois j’hésite entre naîveté et calcul pour qualifier ce
type d’arguments qui visent à garder le plus de monde possible :
Ces élections auront
été une formidable occasion de nous tester et de servir de base
pour avancer dans notre construction. Désormais tous les éléments
sont entre nos mains. Nous pouvons alors enfin nous mettre au travail.
J’aurais bien envie de répondre ça : En l'état, je ne me sens pas capable de
réparer des tympans délibérément mutilés par celles et ceux qui ne sont sourds
que parce qu'elles et ils ne veulent pas entendre. Si l'autosatisfaction sert
de consolation, tant mieux...
Parce qu’une fois sorti, on
écoute avec amitié mais un peu d’effarement tous ces arguments, sans doute avons-nous
perdu la foi et nous n’arrivons plus à accepter les dogmes.
Nick Carraway alias Julien Rivet parle déjà de secte en
novembre dernier quand il observe un café démocrate :
Toutefois, je me doutais bien qu'il se trouverait, sur le
lieu du prêche, une foule d'ouailles attentives, venant de loin, de Paris
hors-les-murs, voire des vertes contrées des lointains évêchés de Rouen ou
d'Orléans. (…) Déjà, voilà un mois, le prêche prémâché de la Papesse avait rameuté les foules et pourtant, la Papesse
est loin d'être en odeur de sainteté...
Foule il y avait,
dans un silence de cathédrale, l'oreille aux aguets, écoutant là un prêche
replâtré cent fois, mâtiné de sermons péremptoires, d'exégèse de la Bible du parti, de son
histoire biblique. Une sorte de discours paré de mots mais vide de sens, une
occasion manquée, ou plutôt un coup de maître : celui d'emballer une
foule, de la ragaillardir en lui promettant les délices de l'Orient, le luxe de la Terre Sainte.
Car c'est bien cela que le Pape et la Papesse nous mandent d'aller quérir, nous, la
foule jeune, piaffante et impétueuse. (…)
Il y a deux écueils
à la religiosité. Pour l'homme politique, prêcher sans l'appliquer à
soi-même ; pour le fidèle, la bigoterie. Et à cette rencontre, il y avait,
par malheur, de la bigoterie.
Ce n’est pas exagéré quand on peut lire ce type d’informations
sur e-soutiens :
Il semble se
murmurer que François BAYROU va bientôt venir voir ses ouailles. Il est évident que nous devons l'accueillir dignement et
organiser, à cette occasion, une grande réunion des adhérents locaux. Chacun
doit pouvoir s'exprimer, poliment, courtoisement mais sincèrement et
franchement. Les adhérents ne doivent pas être empêchés.
Il ne doit pas y
avoir un cordon de sécurité autour de François qui l'empêche de nous rencontrer
personnellement. Il ne doit pas s'agir uniquement pour lui de venir voir les
cadres mais surtout de rencontrer les troupes, les fourmis anonymes.
On appellerait ça une dérive sectaire : Le groupe développe une idéologie alternative radicale, exclusive et
intolérante. Sa structure est autoritaire et autocratique, sous la forme d'un
gourou vivant ou d'une organisation bureaucratique héritière du message. (…) Il
récupère à son profit les forces vives, I'initiative, la créativité, l'énergie
des adeptes, réalisant ainsi une instrumentalisation
des individus au seul service du groupe et de ses chefs.
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