J’ai écrit cet article pour France Démocrate. Il a depuis été repris sur des blogs strasbourgeois et sur MoDem 76. J’ai
choisi de le publier également ici pour mes lecteurs rouennais qui ne sont pas
tous familiers de la navigation dans la blogosphère MoDem.
Comment impliquer les électeurs dans le débat
citoyen ? Quelle "marque de fabrique" pour la démocratie locale
et le développement durable des territoires ? Menons des campagnes
exemplaires, au plus près des attentes des habitants.
Ces temps-ci, blogs et forums Modem sont agités par la question des candidats qui mèneront
les listes Modem aux municipales et cantonales, les 9 et 16 mars 2008.
Les revendications des adhérents sont légitimes : être impliqués dans les choix des investitures,
obtenir du futur parti un fonctionnement transparent et démocratique
respectueux des principes qu’il souhaiterait appliquer aux institutions
républicaines.
Mais ces querelles internes ne doivent pas nous faire
perdre de vue quelques enjeux essentiels.
1. Comment impliquer les électeurs dans le débat
citoyen ?
La récente élection présidentielle a su passionner les
Français et la participation massive aux votes en fut l’éclatante
démonstration. Cette première satisfaction citoyenne fut quelque peu assombrie
par la faible participation au scrutin législatif. Saturation ? Impression
que tout était joué d’avance ? Prise de conscience du pouvoir relatif de
l’Assemblée Nationale ? On peut aussi se poser la question de savoir
comment les débats furent exposés dans les médias.
Dans ma propre expérience, j’ai été assez globalement ignorée par les médias locaux trop empressés à évoquer les duels du second tour
UMP-PS. La seule fois où la télévision régionale m’a donné la parole fut au
lendemain du premier tour pour savoir ce qu’il allait advenir de mes
9,36 % !
Nous risquons de rencontrer ce même problème aux
municipales. A nous de mettre le débat citoyen à la portée des électeurs et
d’imaginer, en plus des actions communément utilisées lors des campagnes
(tractages sur les marchés, boîtages, porte-à-porte, débats et réunions) des
actions résolument originales et innovantes.
L’apparition d’Internet dans le débat politique et son
audience croissante, quoique encore limitée, m’incite à citer l’initiative de Chantal Cutajar, candidate à l’investiture Mouvement Démocrate à Strasbourg.
Très présente sur la toile avec de nombreux blogs, elle vient de créer un forum Et si j'étais maire ? : une boîte aux lettres qui propose aux citoyens
d’envoyer leur contribution pour "changer la ville". Ces
contributions seront regroupées dans un livre blanc qui sera remis à la
prochaine équipe municipale, quelle qu’elle soit.
2. Quelle « marque de fabrique » pour les listes
Modem ?
Lorsque nous avons fait campagne pour François Bayrou aux
présidentielles, nous nous sommes appuyés sur un programme qui avait été construit à l’issue de nombreux colloques et débats au
sein de l’UDF. Un programme clair qui défendait des valeurs autour desquelles
les électeurs, et a fortiori les nouveaux adhérents, se sont reconnus : la
construction de l’Europe, la garantie d’un fonctionnement démocratique dans nos
institutions, la réduction de la dette publique, le dialogue social soucieux de
la réalité de l’économie de marché. C’est sur ces mêmes valeurs et sur une
déclinaison adaptée du programme présidentiel que les candidats aux
législatives se sont présentés.
Comment se développent alors ces valeurs dans une
problématique locale ?
Deux pivots se dégagent au vu de la construction de notre
mouvement : la démocratie et les préoccupations environnementales venues
enrichir notre vision politique grâce à l’adhésion de Cap 21.
Je me suis d’ailleurs fortement inspirée du « projet
de charte pour des territoires et des communes durables » de Cap 21 (Téléchargement charte_territoires.pdf) pour
proposer 4 thématiques qui pourraient être systématiquement déclinées dans les
programmes des listes Mouvement Démocrate.
La démocratie locale et la citoyenneté
Comment associer la population de manière plus
importante, plus vivante et surtout de manière plus réactive, au processus
de prise de décisions, sans remettre en cause le rôle fondamental des
élus ? L’implication des citoyens ne peut se contenter de la simple
application de la loi relative à la démocratie locale et aux conseils de quartier.
Quelques pistes : le renforcement du rôle des
conseils de quartier, des référendums sur les projets engageant la municipalité
dans le temps au-delà d’un simple mandat, la consultation et l’implication
systématique des riverains et usagers sur les aménagements de proximité, les
conseils municipaux des jeunes élargis aux collèges et aux lycées, le soutien
aux associations…
Valoriser les richesses propres à chaque espace
Il n’existe pas de mode d’emploi ni de recettes de cuisine
à appliquer pour garantir la réussite d’un territoire. Chaque territoire
possède des atouts, naturels ou façonnés par l’homme qui participent de son
attractivité : paysages, patrimoine naturel ou bâti, histoire… C’est dans
cette perspective que doivent s’articuler toutes nos réflexions autour de la
culture, de l’aménagement des espaces publics soucieux de respecter les
pratiques des usagers tout en ménageant "l’esprit du lieu".
Le développement durable affirmé et appliqué dans toutes
les politiques municipales
Aujourd’hui, toutes les politiques d’aménagement du
territoire doivent veiller à réduire la vulnérabilité du territoire face aux
évolutions énergétiques et climatiques à venir.
Les territoires dépendant des énergies fossiles ou
accueillant des industries fortement émettrices de CO2 connaîtront une
évolution nettement moins favorable que les territoires qui agiront par
anticipation sur l’efficacité énergétique, le soutien aux énergies
renouvelables, l’utilisation de matériaux locaux de construction. La recherche
et l’innovation technologique sont créatrices de richesses et d’emplois.
Urbanisme, transports, logement relèvent partiellement ou totalement des
compétences d’un maire.
Voici quelques exemples qui peuvent s’appliquer à une
politique des transports : plans de déplacements d’entreprises, taxis
collectifs, qualité et régularité des transports en commun, facilitation des
modes de déplacements doux, place de l’automobile dans la ville...
Lié directement à la problématique des transports,
l’urbanisme veillera dans les années qui viennent à stopper l’étalement urbain,
à redensifier les cœurs de villes et à assurer sans fausse hypocrisie la mixité
sociale. Enfin il faudra veiller à garantir en priorité aux populations les
plus défavorisées des logements sociaux à faible consommation énergétique, la
forte augmentation prévisible des factures énergétiques risquant de réduire
drastiquement leur pouvoir d’achat.
Articulation ville/intercommunalité
C’est la déduction du point précédent, l’interpénétration
des compétences nécessite une mise en cohérence des politiques territoriales,
capable de s’élever au-dessus du débat partisan.
Rouen, la ville où je vis en est un cruel exemple :
les enjeux électoraux viennent malheureusement trop souvent polluer la qualité
des débats, la mise en œuvre des projets et accélèrent une surenchère de
communication, chacun défendant « sa boutique » : Ville,
Agglomération, Département, Région. Et à ce jeu là, il n’y a ni victimes ni bourreaux,
il n’y a pas de gagnants, juste des perdants : mes concitoyens…
Affirmons notre originalité
Je conclurai en insistant sur l’absolue nécessité de
conduire des listes et de mener des campagnes exemplaires, qui aient à cœur de
s’intéresser au plus près aux attentes et au bien-être des habitants, qui
affirment, comme ce fut le cas pendant la campagne présidentielle, qu’il existe
une alternative aux affrontements bloc contre bloc.
Ne nous laissons pas berner par les prétendues listes
"d’ouverture" et affirmons farouchement notre indépendance et notre
originalité… d’où ma réticence face à une "alliance" dès le premier
tour avec l’un des deux partis, UMP et PS, qui rêvent de nous voir morts.
Les commentaires récents