« Si c’était à refaire, je ne ferais qu’une
seule Normandie. (…) Ma seule erreur a été de croire que je mettais en place un
système évolutif. J’étais convaincu, naïvement, que l’on assisterait peu à peu
à des fusions de régions. Hélas, j’attends encore. » Serge Antoine, le « découpeur » des régions dans une interview
accordée à l’Express en mars 2004.
J’ai
définitivement pris goût aux cafés géo. Celui d’hier soir, bien que programmé
de longue date, s’inscrivait dans l’actualité régionale. En déclarant au
congrès des maires, fin novembre dernier «
Il y a deux Normandie. On les aime. Mais en faut-il deux ? », Nicolas
Sarkozy réveillait le serpent de mer, le thème du débat qui nous
réunissait : La réunification de la
Normandie aura-t-elle lieu ? Pour s’exprimer sur le sujet, des
géographes, les présidents des deux associations qui militent de longue date
pour cette réunification et des politiques.
L’ensemble des
présents s’accordaient plutôt sur la nécessité de cette fusion, le terme
réunification paraissant, à juste titre, aux yeux de Michel Bussi, comme
passéiste et partiellement faux. Une belle unanimité aussi pour affirmer que ce
souhait ne se faisait pas au nom d’une volonté romantique d’un passé autrefois
prestigieux, mais s’inscrivait dans un pragmatisme lié à la faiblesse des deux
petites régions normandes.
Alors nous nous
sommes mis à chercher les difficultés de cette constitution d’une seule
Normandie. Sans aucun doute, le premier obstacle est politique. L’annonce du
Président de la République n’est pas innocente, dans une France majoritairement
dominée par des Régions socialistes. Comme la vérole sur le bas-clergé, les
politiques de droite, Hervé Morin en tête, suivi de près par le FN, se sont
rués sur cette actualité. En roi de l’improvisation et de l’opportunisme, le président
du Nouveau Centre n’a pas manqué de se répandre en annonces sensationnalistes
et populistes, comme d’exiger un référendum sur la question dès juin prochain. Si
l’on n’a pas envie de se louper sur ce sujet essentiel pour le développement de
notre territoire, il est apparu nécessaire à l’ensemble des intervenants de
poser clairement cette question dans le débat public, au sein des assemblées
politiques des deux régions et dans la société civile.
La nécessité d’une
pédagogie aussi, pour éviter la crispation du débat autour du choix de la
capitale administrative au risque de provoquer un rejet global arc-bouté sur
des querelles de clocher.
Aujourd’hui la Normandie
n’a plus de projet, elle est la grande oubliée des ministères, le parent pauvre
du monde culturel. Voilà plus de 20 ans qu’elle manque de souffle. Alors oui à
une seule Normandie, mais avec un véritable projet politique avec un nouveau
mode de fonctionnement innovant puisque tout est à écrire…
L’autre obstacle
politique majeur, est la force d’inertie des actuels présidents de régions socialistes.
Pour Alain le Vern, il est urgent d’attendre. Voilà plus de 5 ans que les
rapports et études s’accumulent mais il préfère développer de gentilles petites
coopérations inter-régionales. Pourtant, la dernière étude qu’il a commandée,
et sur laquelle j’aurai l’occasion de revenir dans un prochain billet, est
assez claire sur les avantages d’une fusion des deux régions. Si vous ne voulez
pas mourir idiots, chers lecteurs, je vous invite à en prendre connaissance.
Une petite
explication sur le découpage opéré en 1956 : quoi de plus pratique en
effet pour Paris et l’Ile de France que de bénéficier d'une région croupion dans la vallée de Seine,
d’un réservoir énergétique avec une industrie basée principalement sur la
pétro-chimie ? A l’heure où les industries basées sur l’exploitation des
énergies fossiles périclitent, n’est-il pas plus qu’urgent de passer à autre
chose ? Et quand je dis autre chose, ce n’est évidemment pas le nucléaire,
sur lequel, la plupart des membres de la classe politique normande, font preuve
d’une mortelle unanimité… UMP, Nouveau Centre, PS, PC, ces partis sont
toxiques, enfouissons-les !
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