Près de
vingt après sa chute, le mur de Berlin est enfin franchi. Pendant des années, l’UDF
n’était qu’un supplétif du RPR devenu UMP, et quoiqu’il en dise un parti de
droite. Après un premier pas de deux entre les deux tours des présidentielles,
débouchant sur un flirt sans conséquences avec le PS, l’un des deux partenaires
refusant de consommer, l’accouplement pourrait bien se produire avec ces
élections municipales. Pour l’instant on parle de « partenariat » même
si Bertrand Delanoë dénonce à juste titre selon moi, une trop grande habileté
tactique. Comment peut-on soutenir et s’allier avec tantôt l’UMP, tantôt le PS ?
Je ne suis sans doute pas une assez bonne disciple de la secte du Modem
pour gober sans barguigner cette navigation opportuniste, cette stratégie à
géométrie variable. Parce que ça risque de faire un peu désordre pour l’électeur
tout cela :
La stratégie à
géométrie variable adoptée pour les élections municipales des 9 et 16 mars
démontre les limites de l'autonomie revendiquée. Dans un certain nombre de
villes importantes comme Bordeaux, Saint-Brieuc, Arras, Biarritz ou
Epinay-sur-Seine, les centristes font alliance avec la droite. Dans d'autres,
comme Dijon, Grenoble, Montpellier ou Roubaix, ils ont passé des accords avec
les maires de gauche sortants. Ailleurs, comme à Paris, ils ont constitué des
listes autonomes et attendent l'entre-deux tours pour négocier un éventuel
ralliement, si leur score le leur permet.
J’apprécie l’analyse de Patrick Roger dans le Monde, assez
fin observateur des pratiques et de l’évolution de ce que l’on appelait le
centre. Vous savez, il y a longtemps, très longtemps, avant mai 2007 et l’arrivée
au pouvoir d’un certain président qui a mis cul par-dessus tête notre paysage
électoral. Donc Patrick Roger, un temps vilipendé par certains membres de la
secte du Modem pour avoir osé donner la parole à tous ceux qui s’étaient fâchés
avec le gourou François Bayrou nous dit ceci :
On est encore dans
une phase de déconstruction, je pense. On n'a pas encore atteint la période de
reconstruction d'un nouveau paysage politique. Mais ces élections municipales
constituent un peu la dernière phase de la période que l'on a vécue depuis 2007
: présidentielle, législatives et maintenant municipales. On voit les
frontières politiques en train de se déplacer. Le désordre n'est pas
qu'au MoDem, il existe également à l'UMP, et au PS. On voit le nombre de listes
dissidentes, de ralliements d'un côté ou de l'autre. Ces municipales sont la
poursuite de ces phénomènes de décomposition. Les recompositions vont venir
plus tard.
Et d’en conclure :
Les municipales
marquent un peu la dernière étape du chapitre de l'UDF.
Et de redessiner ce qui s’annonce à l’horizon :
Oui, il est normal
qu'il y ait grosso modo une droite traditionnelle, une gauche social-démocrate,
qui peut occuper l'espace avec un centre social-démocrate, et une gauche
radicale. Tous ces processus-là sont en cours.
Je partage cette idée qu’aujourd’hui le centrisme n’est
plus à droite et c’est en partie à cause du sarkozisme mais aussi par l’apport
de tous ces nouveaux adhérents à qui il faudra donner une place et des
perspectives claires dans les mois qui suivront les élections municipales. Il faudra
tirer les leçons de certaines stratégies hasardeuses (dont souvent le but n’était
que de sauver des sièges) en faisant l’état des lieux et en comptant ce qu’il
restera comme élus au sein du Modem département par département et ne pas se
contenter de se glorifier de quelques expériences réussies dans une poignée de
grandes villes. Il faudra se débarrasser de ce discours lénifiant « Nous
partageons les mêmes valeurs » et vérifier que nous marchons tous dans la
même direction à propos de l’Europe, de la justice, de l’environnement, du
social, etc. Parce qu’aujourd’hui, à lire certaines opinions émises sur des
blogs qui se réclament du Mouvement Démocrate, je me pose parfois la question
de savoir si ces personnes ne se sentiraient pas plus à l’aise à l’UMP ou au Nouveau
Centre. Ou alors peut-être est-ce moi qui me suis trompée de parti, qui n’ai
pas bien compris les discours de François Bayrou ? Peut-être… Mais dans ce
cas là, je risquerais bien de faire partie de ceux à qui François Bayrou aura
su donner ou redonner l’envie de l’engagement militant et qui tourneront leurs
regards vers d’autres partis où le flou, l’absence d’arbitrage et de démocratie
ne sont pas les principales lignes directrices. Enfin, s’il en existe…
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