J’ai été interpelée à plusieurs reprises sur ma position à propos de l’installation de 250 vélos en libre service, répartis en 20 stations sur Rouen en contrepartie du marché de mobilier urbain. Absente du conseil municipal qui délibérait à ce propos pour raisons de vacances et d’engagement familial, je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer sur ce sujet. Le récent post de Dominique Bied, membre de cap 21 et donc du MoDem, résume parfaitement mon opinion et mes réticences :
Les opérations de mise à disposition de vélos en libre service à Lyon, Paris et bientôt Rouen, font l'objet d'une campagne médiatique sans précédent dans l'univers du vélo urbain. Il ne s'agit pas dans cet article de faire la fine bouche, mais de rappeler quelques éléments historiques et techniques en matière d'urbanisme environnemental.
En effet, il convient de se démarquer des évènements d'images exploités politiquement. Ne nous faisons pas d'illusions sur les vertus environnementales de ces opérations et rappelons les véritables leviers à mettre en oeuvre pour gagner efficacement sur la qualité de l'air et sur les émissions de gaz à effet de serre.
Certes, Il y a des points positifs. Ces opérations permettent de mettre en avant la culture vélo en tant que mode de transport, de changer l'image dévalorisante qu'une partie de la population avait envers ce mode de déplacement. Elles permettent aussi de donner une visibilité au vélo sur la voirie et ainsi de changer le rapport de force sur les voies de circulation. La sécurité routière en sera gagnante de par la baisse des vitesses.
Mais attention à l'arbre qui cache la forêt. L'expérience de Lyon nous donne des enseignements. Le transfert modal de l'automobile vers ce système est extrêmement faible. Ce sont surtout des usagers des transports en commun qui l'utilisent, pour des raisons de confort, de rapidité, sur des distances courtes. Il y a aussi un pic d'usage après les heures de pointe, là où les transports en commun sont peu fréquents ou absents.
Ensuite, les stations sont placées sur les trottoirs, ce qui accentue l'inflation du mobilier urbain sur les espaces piétons. Par contre, à Paris, cette erreur n'a pas été renouvelée puisque les stations ont été construites sur les places de stationnement voitures. Rappelons qu'un des principaux leviers d'abandon de l'usage de la voiture en ville est l'impossibilité de se garer.
Le maire de Paris s'enorgueillit des impacts positifs sur la santé publique que pourrait avoir veli'b. Mais c'est une illusion. L'exemple de Lyon en est la preuve. Certes, à Lyon, 60 000 déplacements par jour d'une moyenne de 2km chacun est un beau succès, mais il faut le relativiser face aux millions de déplacements par jour en voiture d'une moyenne de 10km chacun. A Rouen, c'est 1 million de déplacements par jour en voiture, dans le périmètre de l'agglomération de Lyon, on peut imaginer le double, rapport de la démographie des deux aires urbaines.
Certes le maire de Lyon annonce en fanfare que l'année dernière le nombre de déplacements en voiture a diminué dans Lyon intra muros. Mais parallèlement, la distance domicile travail est passé de 15 à 36km en 10 ans. Ce qui compte pour évaluer scientifiquement l'efficacité des politiques publiques de transport et d'environnement au regard des résultats et objectifs que l'on attend, c'est le résultat en matière de baisse du nombre de kilomètres de "l'autosolisme", et nous sommes toujours loin du compte, à Lyon comme ailleurs. Rappelons que dans les grandes villes néerlandaises et allemandes, les déplacements vélos sur le trajet domicile travail peuvent représenter jusqu'à 1/3 des déplacements de ce type.
(…)Pendant des années, les associations de cyclistes urbains ont été ridiculisées et marginalisées par les élus de toutes tendances. Aujourd'hui, on se sert de la mode environnementale pour monter des opérations d'image très coûteuses et au résultat pour le moins discutable en matière de transfert modal et en matière de bilan carbone.
En effet, le bilan carbone de velo'v est très discutable. Les bornes et les vélos sont bourrés d'électronique, activité très émettrice de gaz à effet de serre. En sus, un camion effectue en permanence des aller retours pour équilibrer le nombre de vélos dans les stations.
Certes Velo'v et Veli'b sont utiles, mais l'urgence environnementale appelle vraiment des mesures plus efficaces et qui ont déjà fait leurs preuves.
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