Chers lectrices et lecteurs de ce blog,
Vous avez été si nombreux à vous manifester sur mon
dernier post, faisant même crever le plafond des fréquentations de ce blog
(mieux que les municipales dites !), que je vous dois d’aller un peu plus
avant dans l’explication des raisons qui me poussent à m’éloigner de ce
mouvement qui vous tient tant à cœur.
Alors une fois n’est pas coutume, je vais tenter de me
déboutonner un peu, je ne vais pas me cacher derrière l’ironie et l’humour, mes
armures préférées, et je vais tenter d’ôter la cuirasse quelques instants.
Parce que oui, faire de la politique, avec un mandat d’élue ou comme candidate
à un scrutin uninominal, ça durcit le cuir. Et bien malgré soi, on finit par
endosser un habit de femme publique. Et aussi, peut-être on s’oublie un peu, en
tout cas, on a tendance à remiser l’essentiel, nos proches, enfants, parents,
fratrie, amis. On va jusqu’à s’oublier soi-même. Tenez, un exemple anodin, mais
assez significatif pour moi. L’année dernière, pour la fête des mères, pleine période
de campagne législative, mes enfants m’offrent un « modelage à la poudre d’or » dans un institut de beauté. Depuis
juin dernier ce bon pour un soin de
sultane trônait sur mon bureau. J’ai enfin pris rendez-vous aujourd’hui.
Détail idiot mais que les filles comprendront sans doute plus aisément que les
messieurs, il était plus que temps que je recommence à m’occuper de mes fesses…
Et pour tout dire, il n’y a pas que mes fesses pour
lesquelles l’état d’urgence soit décrété. J’ai plutôt intérêt à me dégotter
rapidement un job. Je fais partie de ces femmes « génération parité »
qui, pour exercer leur mandat local, ont cessé leur activité professionnelle.
J’ai démarré un bilan de compétences en janvier, auquel j’ai décidé
d’attribuer, outre la mise à plat de mes savoirs faire, une vertu d’analyse. Un
accompagnement plus que nécessaire. On ne dira jamais assez la violence inouïe
que représente l’arrêt d’un mandat électoral. La semaine qui précédait les
municipales, j’ai fait des cauchemars abominables. Et pourtant, j’avais démarré
le « deuil » dès l’été, en faisant en conscience le choix de ne pas
repartir, y compris sur la liste que je savais gagnante. Voilà, c’est fini, une
page s’est tournée, et je peux enfin penser sereinement.
L’un des intérêts d'un tel bilan, c’est qu’il vous en
apprend toujours un peu plus sur vous-même. Votre relation à l’autre dans le
cadre professionnel vous révèle aussi votre façon de fonctionner. Et en ce qui
me concerne, j’ai d’abord besoin des autres, de leur reconnaissance, le besoin
de leur faire plaisir. Alors le travail d’équipe, la construction commune et
partagée d’un projet, le « si tous les petits gars du monde pouvaient se
donner la main », c’est mon carburant, ma drogue dure. Aussi vos
témoignages de sympathie, vos appels à rester dans votre communauté sont autant
de pièges délicieux dans lesquels j’aurais eu tendance, avec moins de sagesse
et de recul, à me vautrer.
Mais ma décision est ferme et mûrement réfléchie. Je
comprends que cela pose question à beaucoup d’entre vous et je ne cherche pas à
vous décourager. Je considère simplement que nous sommes loin de la feuille de
route ébauchée en mai dernier, que les histoires de patience (attendons
Seignosse, puis attendons le congrès, puis attendons les élections au conseil
national, puis maintenant allons jusqu’aux élections des fédérations) ont eu
raison de la mienne de patience, et surtout je crois que la donne est faussée
depuis le départ, ce qui explique ce retard à l’allumage que je ne vois pas
s’arranger dans les semaines et les mois qui viennent. Et puis comme il est
beaucoup question de foi, moi, là, Bayrou président en 2012, je n’y crois plus.
Errare humanum est, perseverare
diabolicum.
Des démocrates il y en a ailleurs aussi savez vous, à
droite comme à gauche. Je reconnais que je me suis livrée à un raccourci un peu
hâtif en écrivant « je sais que je
suis un esprit libre, bref je sais que je suis à gauche », des esprits
libres il y en a partout, mais moi je suis à gauche. Je continue de
m’intéresser à la politique, ce n’est pas pour autant que je vais aller
m’encarter au PS. En revanche, il me semble que le débat passionnant qui
s’annonce, c’est chez les socialistes avant leur congrès que cela se passe. Au
centre, tant que ce mouvement sera englué dans ses querelles internes, son
refus de positionnement clair, les avantages acquis de ses cadres à préserver
et l’ambition de son chef, il ne se passera pas grand-chose.
Evidemment, je ne vais pas me taire et fermer ce blog pour
autant. Impossible, ceux qui me connaissent savent que je suis bien trop
bavarde. Et puis j’ai promis à Bertrand, faut que je m’occupe un peu de Cap 21
ici en Haute Normandie. Eh oui, déjà à l’automne je m’étais réfugiée au Grodem,
et au lendemain du congrès, j’ai demandé l’asile politique à Cap 21. Ils
m’ont très gentiment accueillie. Tout comme l’UDF, Cap 21 a conservé son autonomie
financière et juridique. Certes, financièrement, cela n’a rien à voir avec le
magot de l’UDF qui est, j’espère que vous en êtes tous conscients, le nœud du
problème depuis le départ de cette aventure (et pour vous rafraîchir la
mémoire, téléchargez ça : Téléchargement statuts_et_financement.doc
). A Cap 21, ils ne sont pas très nombreux, mais ils
sont vachement calés et puis il me semble qu’ils parlent des vrais enjeux de ce
siècle. Voilà, j’ai envie de faire de la politique, pas la course au pouvoir.
I’m free !
Merci à vous tous qui êtes venus ici me témoigner votre
amitié et votre sympathie. On ne se perd pas de vue mais j’espère que vous
aurez compris que pour moi, le Modem, qui fut une belle aventure humaine, c’est
fini.
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