Blog de Laure Leforestier

Le noyé à deux têtes

Pas de chronique du marché d’hier, rien de spécial à en dire si ce n’est que d’y voir si tôt les vendeurs de jonquilles m’a rappelé que le réchauffement climatique est à l’œuvre. Non, aujourd’hui je me lance dans une entreprise qui demande de longues heures de lecture et de réflexion, la comparaison des programmes de Valérie Fourneyron et de Pierre Albertini.

Arrêtons nous d’abord sur la méthode, car il en existe plusieurs. Il y a la méthode de frère Bailly, qui retranscrit patiemment, thème après thème, les propositions des deux candidats. Il a ainsi déjà abordé les questions concernant Internet, la démocratie participative, le logement, les transports, l’économie et l’emploi et l’école. Sur les transports, il y eut un vrai débat entre les commentateurs. Sur la question de l’économie et l’emploi, qui a ce jour comptabilise le plus de commentaires, on y trouve malheureusement beaucoup d’interventions fâcheuses. La palme en la matière revient à un dénommé Fred, dont le souci principal est d’éplucher à la virgule la retranscription de Grandrouen pour en débusquer tous procédés (qui) visent simplement à masquer la faiblesse des propositions de Mme Fourneyron dans le domaine économique. Ils révèlent plus largement la manipulation, commencée avec le thème des Transports…

Autre manière de faire partir le débat en vrille, c’est de le détourner. Les marottes des aficionados de Confiance en Rouen, la semaine dernière, tournaient autour de la réunification de  la Normandie et la nomination de François Zimeray, ambassadeur pour les Droits de l’Homme par le gouvernement. Vous trouvez que pour un programme municipal, nous débattons là de sujets bien éloignés du pouvoir d’un maire et de son équipe ? Moi aussi…

Je salue le patient travail de bénédictin de Sébastien. Et comme il le fait, je n’aurai pas besoin de le faire, et je l’en remercie.

Il y a une autre possibilité qui vous est offerte pour comparer les programmes et vous aider à décider de la couleur de votre bulletin de vote, le 9 mars, c’est le site votons.infos/élections municipales. On y trouve Rouen. Vous bénéficiez d’un comparateur des programmes (je serai curieuse de savoir de qu’en pense le troll Fred), vous pouvez noter votre ville, débattre (aucun à ce jour, c’est plutôt sur Grandrouen que ça se passe), vous avez la possibilité de voter pour seulement deux candidats (à l’heure où j’écris Valérie Fourneyron l’emporte à 83,3 % à 5 voix contre une) ou tenter le quiz.

Et c’est là où cela devient marrant. Imaginez un instant : supposez que vous faites partie de l’équipe de campagne de l’un ou l’autre candidat et que vous faites ce quiz. Vous avez à choisir entre deux propositions et vous êtes naturellement persuadé que c’est celle de votre candidat(e) la meilleure. Eh bien je vous mets au défi d’obtenir 100 % d’adhésion aux propositions de votre champion(nne). Et je le prouve !

Sur le thème "Eau, énergie", avec quelle(s) proposition(s) êtes-vous en accord ?

•  Un bilan carbone, dans sa version la plus récente, sera réalisé sur l’ensemble des bâtiments municipaux dès le printemps prochain

• Un diagnostic carbone de tous les bâtiments publics sera effectué pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre

Alors ? On fait moins les malins maintenant ! Je me suis livrée à un petit jeu. J’ai répondu une première fois en favorisant toujours les options du programme Confiance en Rouen, puis j’ai refait le quiz en favorisant les options Rouen motivée. Impossible d’arriver à 100 %...

Ceci me rappelle un test paru dans Pourrie Normandie pendant la campagne municipale de 2001, à une époque où le journal satyrique existait sous formule papier. Il fallait reconnaître si la promesse électorale émanait du programme d’Yvon Robert (le maire sortant) ou de celui de Pierre Albertini (son challenger). Alors que fortement impliquée dans la campagne d’alors, j’eus bien du mal parfois à m’y retrouver.

Autrement dit, il y a, à l’évidence, beaucoup de points communs dans les programmes municipaux. C’est dû à la fois à la réalité des pouvoirs d’un maire et aux thèmes porteurs auxquels tout le monde se raccroche (le crû 2008 sera marqué par le développement durable et la démocratie participative).

J’en arrive à ma méthode pour aborder la comparaison de ces programmes. Déjà, mon présupposé est ambitieux ! Je pars du postulat qu’il existerait parmi mes lecteurs des citoyens rouennais qui ne seraient pas partie prenante dans l’équipe de l’un ou l’autre candidat, qui seraient assez éloignés des affaires publiques, de ceux qu’on appellerait des électeurs lambda. Oui, je sais, c’est gonflé…

C’est donc pour ces lecteurs absolument hypothétiques que je me suis plongée ce week-end dans les deux programmes et ai réfléchi à la manière dont je vous les présenterai prochainement. J’ai joué surtout au jeu des 7 différences : qu’est ce qui distingue l’un de l’autre, quelle est la marque « imprimée » par le(la) candidat(e) ?  J’ai fait le tri de ce qui ne relève pas du programme mais plus du bilan ou de l’héritage (selon le vainqueur). J’ai dégagé également ce qui ne dépend que peu ou prou de la Ville pour me concentrer sur les  questions où cette dernière a un rôle décisif à jouer. 

A suivre…

Ce n’est pas un choix, c’est de l’ordre de la malédiction

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’un sujet qui ne va pas me faire que des copains. Abordons cette affaire de la place de cathédrale et de que l’on pourrait y trouver après les élections (enfin patientez encore quelque années tout de même pour avoir le résultat du catalogue programme).

Petit retour en arrière : depuis un peu plus de trente ans, s’élève sur la place de la cathédrale un bâtiment que l’on doit à l’architecte Dussaux dont la silhouette n’est pas si disgracieuse et n’offense pas tant l’édifice gothique qu’il côtoie, si ce n’est qu’abandonné depuis plus de dix ans, sans entretien, conçu dans un matériau qui a mal supporté les outrages du temps, il est à présent dans un état de décrépitude avancé.

Pendant la campagne municipale de 2001, Pierre Albertini fait de la réhabilitation de ce lieu un des fers de lance de sa campagne et l’on peut lire dans ses 40 projets : Un concours d’architecture doit être lancé très rapidement pour repenser les lieux, rénover les façades et mettre en valeur la cathédrale.

L’idée d’un concours d’architecture était tout à fait intéressante, permettant à la fois l’expression de différents talents et pourquoi pas, il est permis de rêver, l’occasion de tenir de grands débats publics à cette occasion.

En fait et place d’un concours d’architecture, la ville laissera au promoteur acquéreur du bâtiment, l’entière liberté du choix de l’architecte. Ce sera donc Jean-Paul Viguier car l’homme a ses entrées à  la Commission Nationale Supérieure des Monuments Historiques, étape incontournable dans le parcours d’obstacles que représente la construction d’une architecture contemporaine en secteur sauvegardé.

Lors d’une seule réunion publique, Jean-Paul Viguier présentera un premier projet, un vrai foutage de gueule assez sommaire dans son approche du contexte dans lequel il devait insérer sa construction. Je n’ai pas trouvé trace de ce premier projet dont l’auteur lui-même reconnaît la médiocrité : C’est une synthèse entre ce qui obsède les Rouennais, le pan de bois et l’admiration que je porte à Marcel Lods. […] Une version largement rejetée par les Rouennais qui n’ont pas la même image de Lods que moi. […] Les Rouennais souhaitent plutôt, au rez-de-chaussée, un café Flaubert, comme il y a un café Mozart à Vienne.

Et voici l’analyse d’un monsieur, Félix Pheillon, dont je ne saurai que trop vous recommander la lecture attentive de ses billets que je guette et dévore avec délices dans Rouen chronicle : Jean-Paul Viguier est un habile artisan qui sait monter ses dossiers ; c’est le spécialiste de la construction en secteur patrimonial, à ce titre il œuvre dans le moderne consensuel, flairant ce qui ne déplaira pas. A Prague, Séville, Nîmes ou Reims, sans plus de personnalité, il se coule dans le moule qui rallie les goûts du meunier, du fils et de l’âne.
Comme tel, il a vite saisi ici le climat. C’est acquis : ce que Dussaux fit en béton, il le fera en verre, tout en planchant sur des contraintes qui rendent impossible un projet novateur : un bâtiment composé de logements, de commerces, de salles de réunion, d’une mise en valeur de la façade Romé, d’un passage entre les rues des Carmes et St-Romain, et d’un coût qui ne saurait dépasser… etc. Tout ça sous l’œil d’investisseurs sans état d’âme, d’une municipalité impuissante mais déterminée, et d’une opinion publique vindicative mais sans véritable avis.

Jugement sévère mais tellement juste ! Il y eu moult péripéties durant ce mandat, le projet fut vivement contesté par l’opposition socialiste, le dessin fut remanié, mais au final cela donne l’illustration que vous pouvez voir.

Bon, ça c’est l’hypothèse de droite. Passons à l’hypothèse de gauche. En juin 2006, Valérie Fourneyron s’exprime sur le sujet et ce qu’elle en dit va plutôt dans le bon sens :  Il faudrait commencer par négocier avec le propriétaire actuel du Palais des Congrès pour que la ville récupère le bâtiment puis arrêter un cahier des charges précis, qui comprendrait la mise en valeur de l’Hôtel Romé, la possibilité d’un volume moins important et une circulation plus lisible entre la rue Saint-Romain et la rue du Gros-Horloge afin de lancer un concours d’architecte digne de ce nom où l’on ferait jouer la concurrence. Bref que la ville impose sa vision, plutôt que les promoteurs leur souci de rentabilité.

Las ! A-t-elle trop écouté les sirènes pleurnichardes du jardin à tout prix ? Certes, il y a un manque d’espaces verts dans la ville mais le petit jardin de la cour d’Albane pourrait très bien remplir cet office et cesser d’être un ignoble parking à proximité de la cathédrale. Parce qu’on ne peut pas se targuer d’être à la fois une des villes françaises qui a gardé un parcellaire médiéval d’une surface importante, et ce malgré les balafres de la seconde guerre mondiale, et vouloir bouleverser cet ordre urbain avec comme raison principale, le refus de la confrontation entre l’architecture contemporaine et l’architecture gothique. Regardez à quoi ressemblait cette place à  la Renaissance dans le livre des Fontaines. Elle a toujours été bâtie.

Et je regrette le choix de la candidate socialiste de remplacer le palais des congrès par un jardin. Voici encore une fois, ce qu’en dit dans sa grande sagesse attristée Félix Pheillon :

Car ce qui prévaut aujourd’hui, du côté des « contre », c’est surtout la non-construction. L’espace vide, l’espace vert. Le rien plutôt que quelque chose, bref le non-choix et l’avantageuse posture du sans souci donneur de leçon.

Et d’en conclure amèrement :

Au final, d’un côté, comme de l’autre, ce sont les manques de réflexion et d’audace qui président à ce qui se fera là.

A Rouen aurions toujours peur de notre ombre ?

Ce qui a été fait ici en matière d’architecture ces dernières décennies indique le chemin qui sera suivi. Ce n’est pas un choix, c’est de l’ordre de la malédiction. Tout ce qui se fait se place sous le signe de l’atonie et de l’indifférence, attitude autant célébrée que revendiquée par des Rouennais satisfaits de leur isolement raisonneur.

 Hélas, j’ai bien peur qu’il ait mille fois raison… Et pourtant je veux encore croire que cette ville figée existe surtout par la persistance d’un grand nombre de lobbies et que  si nos édiles étaient capables de briser cet isolement en allant regarder ailleurs avec curiosité, intérêt et imagination ce qui s’y passe, s’ils étaient assez courageux pour oser déranger quelques vieilles badernes établies dans leurs certitudes et leurs rites sociaux, s’ils étaient suffisamment inspirés pour ressentir le génie de ces lieux…

Tous des monstres (part two)

Deuxième dimanche à vous narrer la campagne sur le Clos (s’il y en a encore qui ne savent pas ce qu’est le Clos, j’en conclus 1) qu’ils ne sont pas rouennais 2) qu’ils ne me lisent pas assez souvent et leur conseille donc pour leur bonne information d’aller consulter le premier post du même nom.

Il fait un temps génial, à partir au bord de la mer. J’arrive sur la place, il y a foule et naturellement, tous les militants sont de sortie. Je remarque que ce dimanche les deux têtes de liste sont présentes. Ma curiosité me pousse ensuite à me diriger vers cette petite carriole, nouveau gadget de campagne, qui fait jaser la blogosphère rouennaise.

Au pied de ce nouvel engin de propagande, j’avise un co-listier de Pierre Albertini, mais surtout prof d’éducation physique de mon petit dernier trop gâté, chéri de sa mère. Or justement, l’intéressé, mon ado à moi qui fout rien à l’école, s’est plaint amèrement d’une injustice flagrante à son égard survenue lors du dernier cours de gym. Et il m’a fait le rebelle, « non, je n’irai pas à ces deux heures de colle, j’ai rien fait » et de se lancer dans une explication embrouillée que même une mère aimante a du mal à gober. L’aubaine est trop belle, je profite donc de la présence de l’enseignant pour lui demander sa version que j’imagine déjà assez contradictoire. J’en tire rapidement la conclusion que le lascar ira bien passer deux heures un mercredi après-midi en retenue. Quand, rentrée à la maison, je lui ferai part de cette conversation et de ma décision, ferme et irréversible, le petit fourbe tentera un «Oui mais enfin, ce mec est à l’UMP…» Et il croit qu’il va manipuler Maman avec des ficelles aussi grosses !

Mais revenons au marché. La foule est dense. En plus avec tous ces militants et leurs stands de campagne plus les bagnoles qu’à mon sens on devrait interdire sur la place le dimanche, on a du mal à avancer. J’entends une dame fort gracieuse lancer à son amie : « Mais qu’est ce qu’ils nous font chier avec leurs conneries d’élections, la droite et la gauche ! » On ne dira jamais assez la somme d’abnégation qu’il faut pour militer…

Le temps d’aller acheter le chèvre frais et quand je reviens, le maire a disparu. Je salue en bécotant dans le plus grand oecuménisme mes collègues UMP et UDF Modem, Verts et Socialistes. Désolée, aujourd’hui pas de potin à vous raconter.

La dernière que je saluerai sera Valérie Fourneyron que je trouve très en forme ces temps ci (merci Le Major pour la photo). La campagne la fait rajeunir. Ensuite avec un vieux pote qui est au moins aussi LDP* que moi, nous partons boire un café rue Armand Carrel car toutes les terrasses de la place sont déjà blindées. Dommage car nous quittons un poste d’observation avec une vue imprenable sur l’ensemble des impétrants.

 

*LDP : langue de pute et croyez moi, dans cette discipline je suis 1^ère dan.

Le point G

Connaissez vous le point Godwin (oui, j’ai mis point G en titre pour inciter au clic). Il découle de la loi de Godwin qui s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une discussion Usenet qui dure dans le temps amène peu à peu les esprits à s'échauffer et à remplacer les arguments par des insultes, ou à utiliser des arguments ou des analogies extrêmes. Le nazisme étant souvent considéré comme la pire des idéologies, toute comparaison du sujet ou d'un intervenant avec un mouvement de ce genre est considérée comme le signe de l'échec de la discussion, du moins si le sujet de départ était très éloigné. On estime alors qu'il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent, pour repartir sur des bases saines. On dit alors qu'on a atteint le « point Godwin » de la discussion.

En cette période d’agitation sur les blogs rouennais liée à la campagne municipale, je vous en ai dégotté un magnifique exemple. Sur Grandrouen, Sébastien Bailly publie la liste de Valérie Fourneyron. Arrivé au commentaire 53, nous touchons au point Godwin :

53. Alexis dit:

Mon Cher Laurent,

Je serai aussi choqué que toi si je savais que la liste de M. Albertini était soutenue par un mouvement politique équivalent. Je rappelle par exemple que le P.C.F. a été interdit en 1939 pour son attitude suite au Pacte germano-soviétique, qu’il s’est refait une “virginité” en juin 1941 dans  la Résistance (dont l’acte fondateur est l’appel du 18 juin mais en 1940!). Et pas la moindre petite excuse. Rien ! Pareil pour son soutien fidèle au bloc de l’Est, “eldorado” ou modèle à suivre de la démocratie et du progrès en tout genre. Certains PC européens ont eu au moins la décence de changer de nom…
Et si ces militants du PCF sont attachés aux valeurs de gauche, je comprendrais qu’ils militent alors au P.S. … Et ce n’est pas faire preuve d’ignorance politique au contraire. Je suis attaché au devoir de mémoire et certains de nos concitoyens ignorent ces faits…

Il en remet une couche avec le commentaire 56 :

56. Alexis dit:

Les Allemands ne sont plus des Nazis (sauf pour une minuscule partie d’entre eux, hélas il en reste) car ils ont compris leurs erreurs et que le nazisme était une idéologie dangereuse tout comme le marxisme mais au P.C.F. on ne l’a toujours pas compris ! Et pourtant l’autocritique était si chère à Lénine

Voilà comment, essoufflé, à court d’arguments, on tente de se sortir d’une discussion oiseuse. Notre blogosphère rouennaise grouille de trolls. Cliquez sur la définition si vous ne savez pas à quoi cela correspond. Mon profond amour du genre humain m’interdit de citer des exemples, j’espère que les intéressés se reconnaîtront.

Ce n’est pas tous les jours quand même qu’on atteint le point G à Rouen mais pourtant, ces temps ci, les débats dérapent au quotidien dans notre blogosphère. A l’issue d’une étude menée avec la grande rigueur scientifique dont vous me savez capable, je suis en mesure de vous livrer le résultat de mes recherches sur cette grande question : A quel moment, dans le débat politique municipal, les arguments des tenants de l’un ou l’autre candidat partent définitivement en vrille, se disqualifient à la fois par leur absurdité et leur à-côté-de-la-plaque des questions qui préoccupent les administrés rouennais ?

Du côté des partisans de Pierre Albertini, l’ultime recours tourne autour d’arguments du type : la mise en tutelle de la ville par Laurent Fabius dont Valérie Fourneyron serait la marionnette, soutenue par la gauche bobo (ou gauche caviar c’est selon) et aidée par une armée de collaborateurs de cabinet socialistes, plus leurs assistants parlementaires et les militants professionnels de la rue d'Elbeuf.

Que les partisans de Valérie Fourneyron ne ricanent pas trop vite, c’est maintenant leur tour d’en prendre pour leur grade. Pour eux, Pierre Albertini c’est un super ringard homophobe, qui eut des amours de jeunesse avec l'extrême droite, entouré d’une belle brochette de fayots, des gens qui en ont rien à fiche de  la Ville , rien que des gens qui ont trouvé là l’occasion d’asseoir un peu de pouvoir personnel en cas de victoire, tout ça pour faire les intéressants dans les dîners. Vous avez bien compris que tous les termes en italique ne sont pas de mon fait mais piochés au hasard des commentaires.

Il nous reste 4 semaines pour mettre le débat au niveau où il doit être : celui du projet et des idées au service de Rouen et des rouennais. Alors parlons transports, logement, jeunesse, culture, sport, vie associative, urbanisme, etc. et confrontons les arguments.

Et sinon, pour régler les conflits, il y a toujours la méthode des bonobos…

Le secret de la salamandre

Mercredi 6 février, réunion de campagne de l’équipe Rouen motivée dans mon quartier. Vous vous souvenez, lecteurs attentifs de ces chroniques, que j’irai à la même mais version Confiance en Rouen. Il faudra pour cela patienter jusqu’au 25 février.

Un mot sur le quartier Jouvenet : c’est par essence celui que la droite appelle quartier de bobos. Ben oui, voilà un quartier de nantis, où l’immobilier s’arrache, on y achète sa maison par cooptation, où plus le temps passe, plus ça vote à gauche. Et pour couronner le tout, c’est celui où habite la candidate socialiste. C’est dire…

Hier soir à  la Baraque - c’est notre salle de quartier à nous les bobos ingrats -, il y avait à peu près une centaine de personnes. Des militants, des co-listiers, pas mal de personnes d’un certain âge (dans mon vocabulaire ça veut dire au moins dix ans de plus que moi), des curieux, des espions de l’autre liste, etc.

Valérie Fourneyron déroule son programme. Elle insiste à nouveau sur l’aspect collectif du travail, s’engage sur une fiscalité qui ne connaîtra pas d’augmentation. Je ne vais pas tout vous raconter, cela serait trop long, juste m’attarder sur son projet phare, celui avec lequel elle souhaite donner un souffle à Rouen : les Jeux Olympiques de  la Jeunesse en 2014. Il semblerait que ce projet soit critiqué par les partisans de la liste adverse, enfin, d’après ce que je peux en lire sur les blogs. Elle raconte bien l’intérêt qu’il y aurait à organiser la deuxième édition de cette manifestation, la première devant se dérouler en 2010. Il s’agirait d’accueillir 3 200 athlètes âgés de 14 à 18 ans évoluant dans 28 disciplines dont certaines tout à fait dans le goût de nos gamins genre skate machin ou BMX truc, moi j’y connais pas grand-chose, mais je sais que le petit dernier, il en raffole. En écoutant Valérie expliquer son projet avec flamme, je me fais la réflexion que cela lui ressemble bien, à cette fille qui a toujours eu la passion du sport (d’ailleurs c’était toujours elle la chouchou des profs de gym).

Après la présentation, on passe aux questions de la salle. Avec bien sûr cette question qu’agitent nombre de ses détracteurs : « Et le cumul des mandats ? Laisserez vous votre mandat de député si vous êtes élue maire ». Voilà sa réponse :

Je conserverai évidemment mon mandat de députée. Je ne veux pas devenir maire de Rouen pour abandonner mes convictions et l'influence nationale que je peux avoir. Au contraire, je veux mettre cette influence au service de la ville et de mes concitoyens. J'ai défendu une loi générale de non-cumul, elle n'a pas été choisie par les Français. Il faut donc que Rouen ait un maire (comme elle en a eu un avec Jean Lecanuet pendant 24 ans) qui soit connu et si possible respecté et entendu partout. Dans la compétition entre villes, c'est un grand atout.

Oups ! Mais comme je suis distraite ! Je viens de vous livrer la réponse de François Bayrou à la même question qui lui a été posée dans un chat…

A aucun moment il n’est fait par la candidate un bilan critique de la mandature qui vient de s’écouler, elle considère que chaque électeur a tous les moyens pour juger s’il est satisfait ou non du bilan du maire sortant.

Pour avoir été aux affaires municipales pendant ce mandat, je suis fascinée par le décalage entre la perception qu’ont les habitants de l’action municipale et la réalité des faits. Allez, je vous fait un lot des questions posées : l’Europe, l’aéroport (en a-t-on vraiment besoin ?), le palais des Congrès (mais ça, on en recausera), les camions sur les quais, le 6^e pont (personne ne dit pont Flaubert…), la présidence de l’Agglo (ouh ! le vilain Fabius en embuscade !), l’aménagement de la rue Beauvoisine et last but not least : « Les trottoirs sont sales, il y a tellement de crottes qu’on ne peut plus marcher et en plus maintenant il a les vélos qui roulent sur les trottoirs ! »

Fin de la réunion, je rentre chez moi à deux pas. J’en profite pour dire que je vends ma charmante maison, installée dans ce sympathique quartier, à proximité des commerces, petit jardinet, véranda, 3 chambres, parking dans box fermé, et tout et tout. On ne sait jamais, s’il y a des lecteurs intéressés, qu’ils n’hésitent pas à me contacter.

La foire aux immortels

Je suis dans un trip BD on dirait. Je n’abandonne pas les chroniques d’Adèle mais aujourd’hui la presse nationale, en l’occurrence Le Figaro, s’intéresse à Rouen. Et comme je ne recule devant aucun sacrifice, chers lecteurs, pour vous porter toutes les lumières sur notre vie locale, j’ai acheté ce quotidien de droite ce matin. Vous pouvez le lire en ligne mais vous n’aurez pas accès à la deuxième moitié de la page qui annonce en titre : « Laurent Fabius en embuscade pour présider l’agglomération » avec cette histoire à dormir debout qui revient : l’UMP serait prêt à soutenir François Zimeray pour qu’il puisse garder son fauteuil de président après les municipales.

Extrait :
Pour l’UMP en quête d’ouverture, il (François Zimeray NDLR) représente une cible parfaite. Parmi les élus de la droite rouennaise, on explique avec assurance que François Zimeray serait en contact avec l’UMP et « prêt à bouger » pour appeler à voter Pierre Albertini. Des signaux envoyés à l’intéressé qui « dément » avec insistance et réitère « son soutien » à la candidate PS.

 

On avait déjà lu ça quelque part. Je ne sais pas quel psychotrope ils consomment à l’UMP mais je ne crois pas que François Zimeray soit suicidaire… Ceci dit, c’est toujours le Figaro qui nous sort ce faux vrai scoop.

Revenons à la partie proprement rouennaise signée par Nicolas Barotte que j’ai rencontré la semaine dernière et qui a passé deux jours à Rouen en suivant les candidats dans leurs réunions de campagne. Il démarre son article comme ça :

Sa phrase trahit de l'inquiétude. À la fin du dernier conseil municipal de son mandat, Pierre Albertini, fier de son bilan, livre un ultime commentaire, à quelques semaines des municipales : «Le scrutin démocratique ne dit pas qui a raison et qui a tort.»

Tiens, ça me rappelle quelque chose que je n’ai pas lu dans Paris-Normandie !

Bon, si vous n’êtes pas trop flemmards vous êtes assez grands pour lire tous seuls le reste de l’article sans que je vous fasse une analyse de texte.

Juste ça, moi aussi j’en rigole :

L'ombre portée de Laurent Fabius, élu de Grand- Quevilly dans la banlieue de Rouen, pèse sur le scrutin. Dans ce département, peu de socialistes peuvent exister en dehors de son influence. À l'égard de Valérie Fourneyron, il ne manque pas de compliments : «C'est une femme très solide et sympathique», dit-il. Mais de ce soutien, l'équipe de Pierre Albertini voudrait faire une faiblesse : «La ville sera mise sous sa tutelle», prévient-on. «L'implicite dans cette accusation, c'est qu'il serait terrible que j'aie de l'influence. Ce n'est pas ce que disent les électeurs», sourit l'ancien premier ministre, élu et réélu depuis des années.

Et quant aux débats de la campagne, je n’ai pas l’impression que nous soyons encore entrés dans le vif du sujet. J’y reviendrai mais même si les partisans des deux candidats s’écharpent à plaisir sur les blogs, je pense que l’enjeu du scrutin se jouera sur autre chose que les jeux olympiques de la jeunesse ou la soi-disante soumission fabiusienne de Valérie Fourneyron.

Tous des monstres

C’est bien gentil de vouloir faire la maligne et l’originale en déclinant la campagne municipale avec les chroniques d’Adèle. Seulement, si vous connaissez les titres des albums de la série de Tardi, vous m’attendez au tournant en vous demandant comment je vais réussir à faire coller cela à notre actualité électorale. Parce que utiliser Le démon de la tour Eiffel pour illustrer la venue de Bertrand Delanoë, c’était assez évident, mais maintenant ?

Par exemple aujourd’hui, je vais vous raconter les échos du Clos. Petit préambule pour mes lecteurs non rouennais sur le dimanche matin au Clos saint Marc : sur cette grande place se déroule un énorme marché qui le dimanche matin est aussi un rendez-vous rouennais. On vient chiner chez les brocs ou acheter son pain chez Osmont (notre Poilâne à nous), son chèvre frais et son poulet cuit quand on a la flemme de se mettre aux fourneaux mais surtout on y croise toute la ville. L’apéro en terrasse est inévitable. Autant dire qu’en période électorale, on n’échappe pas aux tractages sur le Clos.

J’arrive sur la place à une heure décente, vers onze heures du matin. Le soleil brille mais le blizzard souffle sur les militants gelés qui vous tendent leur prose. Les partisans de la liste Rouen motivée sont les plus nombreux. Ils distribuent le programme paru une semaine plus tôt. Je salue et discute avec un certain nombre d’entre eux, dont Valérie Fourneyron entourée de quelques co-listiers.

Pour Confiance en Rouen, la liste de Pierre Albertini, le maire sortant, je vois en arrivant une seule collègue conseillère municipale et d’autres militants distribuant le Carnet de route n° 4. Je discute avec deux d’entre eux. Ils se sentent un peu abandonnés par les principaux protagonistes de la liste. Vers midi toutefois, je verrai arriver deux de mes collègues adjoints.

Sur le marché aussi, on entend plein de potins. Je vous livre ma récolte d’hier : une de mes collègues adjointes, furieuse de n’être pas reprise aurait écrit une lettre assassine à Pierre Albertini. Parmi les adjoints qui repartent avec lui, ils sont nombreux à se regarder en chiens de faïence, chacun voulant la place de numéro deux sur la liste. Pour le moment, aucun ne savait à quelle place il repartait ni pour quelle mission. Ils devaient tous être contactés individuellement hier au téléphone par le Maire pour être fixés sur leur sort. Quand confiance rime avec ambiance…

Alors qui sont les monstres et pourquoi ? Eh bien quand hier, après avoir fait mes emplettes dans les allées, papoté longuement et pris un pot en terrasse, en repartant sur ce qui me semblait être deux moignons congelés, je me suis interrogée sur la dose d’abnégation que nécessitait le militantisme qui vous incite à vous geler les miches en distribuant des papiers dont presque tout le monde se fout. Et cela, n’est ce pas monstrueux ?

Le démon de la tour Eiffel

Pour ce premier billet des chroniques d’Adèle, je suis allée assister hier soir au meeting de Valérie Fourneyron qui accueillait le maire de Paris venu la soutenir pendant sa campagne.

La salle sainte Croix des Pelletiers est pleine. On y croise toute la gauche rouennaise, le président du Conseil Général, deux députés maires de l’agglomération, des maires, les candidats aux cantonales, des militants… et aussi un public nombreux qui lui, n’est pas forcément encarté.

Bertrand Delanoë et Valérie Fourneyron entrent ensemble. C’est Valérie Fourneyron qui démarre avec un discours construit en trois parties : l’accueil du maire de Paris puis un propos très politique sur le nécessaire rassemblement de la gauche dans le contexte national et enfin la déclinaison de son programme. Elle insiste sur la construction collective démarrée très en amont, sur le fait que les projets qu’elle présente ont été également discutés avec les autres partenaires de la ville que sont l’Agglomération, le Conseil Général et le Conseil Régional.

C’est ensuite le tour de Bertrand Delanoë. Vous pouvez écouter l’intégralité de son discours sur Grandrouen. Je dois dire que c’est un vrai tribun, son discours est fluide, sans aucune note, en impro totale. Et on comprend bien en quoi il a l’étoffe d’un présidentiable. Je me fais cette réflexion que ce n’est pas si courant d’entendre une grosse pointure politique en live. Jusque là j’ai bien sûr apprécié les qualités d’orateur de François Bayrou et je me souviens aussi d’un discours tenu par Nicolas Sarkozy au Parc Expo. Cela devait être vers 2003, une grande messe autour de la décentralisation. J’étais revenue impressionnée par l’animal politique et pendant des mois mes enfants m’avaient accusée des pires turpitudes pour avoir osé reconnaître que l’homme était brillant.

Mais revenons au maire de Paris. Dans son discours traitant de la politique nationale, il a des envolées lyriques sur les valeurs bafouées de  la France, il insiste sur les fondements de la laïcité. Lisez le blog du petit docteur, à l’évidence je n’étais pas la seule à être séduite par le bonhomme.

Quand Bertrand Delanoë parle de Paris, on le sent habité par sa fonction de maire et imprégné de la nécessité du vivre ensemble. Il insiste sur trois axes pour lui essentiels de son dernier mandat : le logement, l’environnement et l’économie.

Son discours est virevoltant, entrecoupé en permanence d’anecdotes et de digressions avec une dose d’humour très appréciable. Je terminerai avec cette petite boutade qu’il lance à Valérie Fourneyron : « Lorsque tu dis, Valérie, que tu prends tes exemples aussi chez des amis, ça me fait sourire parce que lorsque j’étais candidat à la mairie de Paris, j’allais prendre mes exemples, notamment à Nantes et Rennes. Donc, je me dis si tu fais comme ça, à mon avis tu vas gagner… »

A paraître très prochainement : les chroniques d’Adèle

Si j’ai bien compté, nous sommes à 36 jours du premier tour des élections municipales. Autant dire que l’on rentre dans le vif du sujet, le dur des débats, etc. Les programmes des deux candidats sont parus. Les réunions publiques et autres cafés débats sont annoncés. D’ici peu de temps, nous connaîtrons la composition des listes.

J’ai très envie de faire une chronique de ces quelques semaines qui s’annoncent. Alors pour vous, lectrices et lecteurs tant aimés, je vais assister aux réunions, éplucher les programmes et les listes et puis je reviendrai vous raconter.

Et je commence dès ce soir en allant écouter Bertrand Delanoé, le maire de Paris, qui vient soutenir Valérie Fourneyron à la salle sainte Croix des Pelletiers. Mais j’irai aussi aux réunions organisées par l’un et l’autre candidat dans mon quartier, à un café de campagne de Pierre Albertini, aux grands meetings de fin de campagne, à tout je vous dis. Et puis on jouera au jeu des 7 différences sur les programmes, on s’attardera sur les trombinoscopes des listes, on tâtera l’ambiance sur les marchés.

Et pourquoi Adèle ? Ben, à cause d’Adèle Blanc Sec, feuilletoniste libertaire et fumeuse. Et puis j’adoooore Tardi.

Chiffon rouge

Occupée par une recherche iconographique cet après-midi et plongée dans les volumes du Rouen en images de Guy Pessiot, je tombe sur une photo de l’équipe de rédaction de l’Enragé : le journal des 8000 étudiants rouennais en grève à la fac de Lettres en mai 68.

« Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes »

Cette maxime est le sous-titre du premier numéro. Quand je lis certains commentaires sur les blogs, je me dis que 40 ans plus tard cette phrase est toujours d’actualité.